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Critique du film
NECRONOMICON 1993

 

En 1932, l'écrivain Howard P. Lovecraft se rend dans un monastère pour consulter un des rares exemplaires du Livre des Noms Morts : le Necronomicon. Ce film raconte trois histoires qu'il y découvre...

En même temps que LE RETOUR DES MORTS-VIVANTS 3 de 1993, Brian Yuzna (déjà metteur en scène de RE-ANIMATOR II et producteur de RE-ANIMATOR et FROM BEYOND) s'occupe d'une nouvelle adaptation cinématographique des écrits de Lovecraft : NECRONOMICON.

Monté avec des fonds américains, japonais et français, ce métrage présente trois sketchs reliés par une histoire mettant en scène Lovecraft lui-même, interprété par Jeffrey Combs, la vedette de RE-ANIMATOR et FROM BEYOND. Ces séquences sympathiques, réalisées par Yuzna, sont dans un esprit proche des aventures d'Indiana Jones.  

Le segment «The Drowned» est le premier film professionnel tourné par le français Christophe Gans. Après des études de cinéma, celui-ci a notamment dirigé le magazine de cinéma «Starfix». Après NECRONOMICON, Yuzna produira son polar CRYING FREEMAN de 1995, adaptation réussie d'un Manga. Puis, Christophe Gans retournera en France pour réaliser LE PACTE DES LOUPS, superproduction en costumes qui connaîtra un grand succès.

«The Drowned», censé être une adaptation des «Rats dans les murs», s'éloigne beaucoup de son texte d'origine. Certes, nous retrouvons la malédiction familiale et les passages secrets. Mais l'action se situe sur une côte de Nouvelle-Angleterre, et nous y croisons aussi bien un Profond (très réussi) que Cthulhu en personne (plus discutable) !

Dans cette histoire, Christophe Gans incorpore un flash-back se déroulant au XIXème siècle et baigne l'ensemble dans une atmosphère gothique qui doit beaucoup à l'américain Roger Corman (LA CHUTE DE LA MAISON USHER, LA MALÉDICTION D'ARKHAM) et à l'italien Mario Bava (LE MASQUE DU DÉMON). Nous y voyons un manoir en ruines, de belles revenantes au teint de cendres, de poussiéreux portraits de famille cachant de lourds secrets, une pathétique passion nécrophile, des éclairages colorés.

Christophe Gans adresse aussi quelques clins d’œil à des auteurs plus récents, comme Dario Argento (le sous-terrain mouvant d'INFERNO) ou Carpenter (les spectres marins aux yeux luisants évoquent aussi bien FOG que les trucages des films de fantômes asiatiques). Le réalisateur avoue à l'époque s'être beaucoup inspiré de la vague des films de fantômes japonais des années soixante (HISTOIRE DE FANTÔMES JAPONAIS, KWAIDAN).

Comme dans LE PACTE DES LOUPS plus tard, nous regrettons que cet enchaînement démonstratif de références laisse peu de place à un récit structuré et à une ambiance homogène. Nous avons plus l'impression de voir une bande-annonce qu'un véritable film. Toutefois, la mise en scène ne manque pas de panache et «The Drowned» se suit avec intérêt.

«The Cold» est une adaptation de la nouvelle «Air froid» par le japonais Shusuke Kaneko. Il est notamment célèbre pour avoir orchestré un renouveau du film de Grands Monstres au Japon dans les années quatre-vingt-dix (grâce à la série de trois aventures de la tortue géante Gamera qu'il met en scène entre 1995 et 1999). Nous retrouvons dans cet épisode David Warner, acteur déjà apparu dans plusieurs œuvres à caractère lovecraftien (PROVIDENCE d'Alain Resnais, DÉTECTIVE PHILIP LOVECRAFT).

Ce sketch n'est vraiment pas une réussite. Le récit de la nouvelle est fidèlement restitué, mais la réalisation souffre d'une banalité consternante. L'ensemble évoque un épisode raté d'une série TV du genre « LES CONTES DE LA CRYPTE » ou « LA QUATRIÈME DIMENSION ». Il faut dire que le texte d'origine n'est pas le plus réussi de Lovecraft. Malgré une interprétation correcte et quelques effets spéciaux spectaculaires, «The Cold» déçoit.

Enfin, «Whispers» de Brian Yuzna se veut une adaptation de la fameuse nouvelle «Celui qui chuchotait dans les ténèbres», connue pour sa présentation très complète des Fungis de Yuggoth. Il s'agit d'extraterrestres malveillants venus de Pluton et effectuant des recherches impies sur Terre. Ici, le récit est placé dans la ville de Philadelphie où sévit le Boucher, un redoutable Serial Killer. En le traquant, une jeune agent de police enceinte (mais désirant avorter), découvre un terrible repaire d'Aliens.

Nous retrouvons des choses fidèles à Lovecraft : les extraterrestres séparent les cerveaux vivants des humains de leurs corps pour les préserver dans du fluide ; ils emploient une étonnante méthode de camouflage pour se fondre dans notre monde. Pourtant, il y a aussi des différences : les extraterrestres ne sont pas ici intéressés par des minerais terriens. Ils cherchent de la chair humaine pour s'en nourrir.

Nous regrettons que l'apparence des extraterrestres ne soit que moyennement réussie. Pourtant, Yuzna, grâce à une excellente réalisation et à un recours à une horreur sans concession, propose un conte à la démence grotesque et cauchemardesque, rappelant la grande réussite de FROM BEYOND. Ce très bon segment est le plus réussi de NECRONOMICON.

Comme la plupart des films à sketchs, NECRONOMICON souffre de certaines inégalités. Toutefois, «The Drowned» est plutôt intéressant et «Whispers» est une des adaptations cinématographiques les plus réussies de Lovecraft.

NECRONOMICON aurait dû avoir une suite en cas de succès. Mais les recettes furent décevantes. Les films Gore inspirés de Lovecraft, petit courant consécutif au succès de RE-ANIMATOR, ne sont plus d'actualité en 1994. D'autres réalisateurs, et non des moindres, ont néanmoins été approchés pour ce projet finalement abandonné, comme Dario Argento, Michele Soavi ou Shinya Tsukamoto.

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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