Après que leur maison a été démolie par des forces surnaturelles, la famille Freeling se réfugie chez la mère de Diane. La vielle dame meurt et ils héritent de sa demeure. Les spectres continuent à persécuter la petite Carol Anne...
Deux ans après le succès de POLTERGEIST, MGM met en chantier sa suite. La sortie du premier métrage a donné lieu à des disputes entre la Major, le producteur Steven Spielberg et le réalisateur Tobe Hooper. Ni Hooper, ni Spielberg ne souhaitent s'investir dans un POLTERGEIST II.
Michael Grais et Mark Victor, qui ont collaboré à l'écriture de POLTERGEIST, deviennent les principales forces créatives, en tant que producteurs et scénaristes. Pour la réalisation, il est fait appel au jeune réalisateur anglais Brian Gibson. Il s'est illustré dans les clips musicaux et la publicité et vient de se faire remarquer avec BREAKING GLASS, métrage sur l'industrie de la musique Pop et Rock.
Nous retrouvons l'essentiel du casting de POLTERGEIST pour incarner la famille Freeling. Zelda Rubinstein, qui incarnait la médium pittoresque de POLTERGEIST, est de retour. Elle se trouve en concurrence avec un nouveau-venu : Will Sampson ("Chef" dans VOL AU-DESSUS D'UN NID DE COUCOU) qui est ici un homme-médecine peau-rouge versé dans la magie.
Une grande force de POLTERGEIST était ses effets spéciaux. Les producteurs de POLTERGEIST II se montrent encore ambitieux en la matière. Ils recrutent une équipe de techniciens de haut niveau, ayant notamment œuvré au sein d'ILM. Richard Edlund supervise de nouveau les effets optiques, Randal William Cook, Screaming Mad George et Steve Johnson fabriquent les monstres. H.R. Giger (ALIEN) collabore à l'élaboration des créatures de l'au-delà.
Dans le premier POLTERGEIST, les motivations des fantômes étaient opaques. Nous en déduisions qu'ils étaient des êtres malfaisants associés au terrain sur lequel est bâtie la maison. POLTERGEIST II nous explique qu'en fait ces spectres sont ceux des membres d'une secte maléfique, massacrés par les Amérindiens des années avant le début des aventures de la famille Freeling.
Les esprits-frappeurs veulent s'emparer de Carol Anne, fillette aux pouvoirs médiumniques. Et ce, où qu'elle se réfugie. Déménager ne change rien à l'affaire.
Nous retrouvons beaucoup d'éléments du premier POLTERGEIST. Nous suivons à nouveau la vie quotidienne de cette famille américaine "spielberg-ienne" (nous pensons à E.T. L'EXTRA-TERRESTRE, mais aussi à des films qu'il a produits, comme GREMLINS ou LES GOONIES). Avec les inévitables chiens et pavillons de banlieue. Le début de POLTERGEIST II se laisse suivre comme une histoire de fantômes, peu originale mais néanmoins pas trop ennuyeuse.
Les interventions de spectres ne sont pas réussies. Nous oscillons entre réminiscences du premier POLTERGEIST (les jouets qui bougent tout seul) et séquences ridicules (l'appareil dentaire hanté (!) du fils).
Pourtant, les apparitions de Julian Beck (homme de théâtre libertaire, fondateur de la troupe d'avant-garde Living Theater à New York) dans le rôle du révérend Kane sont saisissantes. Sa performance sur le pas de la porte de la maison hantée est géniale. Les autres acteurs ne font pas le poids face à sa présence. Hélas, il décède au cours du tournage, et on ne le voit que peu dans le film.
La fin de POLTERGEIST II s'avère un désastre. Nous subissons une avalanche d'effets spéciaux ratés (le monstre géant) ou hideux (le voyage dans l'au-delà), en rupture avec le début du film. Le voyage au pays des âmes est laid et démodé. Le dénouement sombre dans une niaiserie insondable. Le film insiste lourdement sur l'importance de l'amour familial pour surmonter les épreuves les plus dures. Si l'idée n'est pas mauvaise en soi, la manière dont elle est pesamment assénée lasse le spectateur le plus indulgent.
Malgré un commencement agréable, POLTERGEIST II est plombé par son final ridicule. Les amateurs de Ghost Stories y piocheront quelques idées intéressantes. Les autres se consoleront avec les séquences où Julian Beck crée en quelques minutes un des personnages les plus étonnants et mémorables du cinéma fantastique américain d'alors.
Doté d'un budget deux fois supérieur à POLTERGEIST, POLTERGEIST II ne rapporte que la moitié de ses recettes. Le gain est pourtant jugé suffisant pour lancer une seconde suite plus modeste POLTERGEIST III.
Il faut dire que nous arrivons dans une période où la mode est aux suites. Si dans les années soixante-dix, celles-ci sont plutôt cantonnées à de très gros succès hollywoodiens (LE PARRAIN, LES DENTS DE LA MER, L'EXORCISTE, LA NUIT DES MASQUES), la seconde moitié des années quatre-vingts part dans une frénésie de suites, parfois tardives (comme ALIENS ou GREMLINS 2). Il faut dire qu'entre-temps, Sylvester Stallone a triomphé avec des RAMBO II et des ROCKY IV dont les performances commerciales ont enterré celles de leurs prédécesseurs.
Le cinéma d'horreur n'est pas en reste, VENDREDI 13 ayant particulièrement montré l'exemple en enchaînant depuis le début de la décennie des suites à un rythme soutenu et sans effort de logique.