Header Critique : NEW YORK 1997 (ESCAPE FROM NEW YORK)

Critique du film
NEW YORK 1997 1981

ESCAPE FROM NEW YORK 

Après FOG, John Carpenter réalise en 1981 un second et dernier métrage pour le studio AVCO Embassy : NEW YORK 1997. Il se base sur un scénario de science-fiction qu'il a écrit au milieu des années soixante-dix. Nous étions alors avant LA GUERRE DES ÉTOILES et la mode était à l'anticipation pessimiste, apocalyptique, avec des titres comme SOLEIL VERT ou surtout NEW YORK NE RÉPOND PLUS de Robert Clouse qui entretient de nombreux points communs avec NEW YORK 1997. Pour remettre son script au goût des années quatre-vingts, John Carpenter rajoute des éléments de comédie et de satire de la vie new-yorkaise, avec l'aide de son complice Nick Castle.

Pour interpréter son anti-héros Snake Plissken, il choisit Kurt Russell qu'il a déjà dirigé dans le téléfilm LE ROMAN D'ELVIS. L'acteur jouera encore dans trois autres films de John Carpenter : THE THING, LES AVENTURES DE JACK BURTON DANS LES GRIFFES DU MANDARIN et LOS ANGELES 2013.

John Carpenter rend hommage aux grands noms du western en employant des acteurs du genre, comme Ernest Borgnine (VERA CRUZ de Robert Aldrich, LA HORDE SAUVAGE de Sam Peckinpah) et Lee Van Cleef (LE TRAIN SIFFLERA TROIS FOIS de Fred Zinnemann, LE BON, LA BRUTE ET LE TRUAND de Sergio Leone). Il embauche aussi de nouveau Adrienne Barbeau (FOG), Tom Atkins (FOG), ou encore Donald Pleasance (LA NUIT DES MASQUES) dans le rôle d'un président des États-Unis abject.

Pour compléter cette distribution attractive, il recrute des acteurs à la présence forte comme Harry Dean Stanton (ALIEN) ou le chanteur Isaac Hayes. C'est de nouveau John Carpenter qui signe la musique de NEW YORK 1997 tandis que Dean Cundey revient à la photographie après les réussites visuelles de LA NUIT DES MASQUES et FOG.

Dans le futur, en 1997, Manhattan est devenue une île-prison. L'avion du Président des USA s'y écrase. Sous la menace, Snake Plissken, un braqueur de banques, est chargé de le retrouver...

Dans NEW YORK 1997, John Carpenter continue d'explorer les psychoses urbaines contemporaines, les amenant à un point de non-retour. ASSAUT montrait des gangs assiéger un commissariat isolé, LA NUIT DES MASQUES lâchait un tueur en série impitoyable dans une banlieue résidentielle. Dans NEW YORK 1997, il transforme Manhattan en une zone de non-droit totale, une prison-dépotoir fortifiée.

En dépeignant les USA qui permettent un traitement aussi inhumain des prisonniers, Carpenter décrit un pays fascisant où les forces de l'ordre et les hommes politiques utilisent les moyens les plus brutaux pour arriver à leurs fins. Quant à la micro-société anarchique qui s'est mise en place à New York, elle assure le triomphe de la seule loi du plus fort.

Entre les deux, nous trouvons Snake Plissken, héros rappelant le personnage interprété par Clint Eastwood dans les films de Sergio Leone. Peu bavard, il évolue parmi des conflits auxquels il se sent étranger. Kurt Russell est idéal dans ce rôle dur et mutique. Venu des films pour enfants Disney, il a ici l'occasion de renverser son image auprès du public. Le succès de NEW YORK 1997 lance une nouvelle carrière adulte pour lui, notamment dans le cinéma d'action.

L'ambiance de New York est ici extraordinaire. Apparemment plongée dans une nuit perpétuelle, cette ville est hantée par des hommes dégénérés, cannibales ou gratuitement violents. La lutte pour la survie dans ce milieu hostile n'entraîne pas une amélioration des personnes, au contraire, elle les fait régresser au rang d'animaux.

La bande sonore est très travaillée, avec une superbe musique électronique sobre et tendue. Tout le début de l'exploration de Manhattan est une suite de scènes angoissantes et étonnantes. Pour la réalisation, nous retrouvons les caractéristiques de la "grande époque" de Carpenter : sobriété, efficacité, élégance. Il y a des séquences très impressionnantes : l'arrivée du planeur, la première apparition de la voiture du Duke, la traversée de Broadway sous les jets de pierre et les coups de barres de fer. Ce voyage dans un New York aux territoires contrôlés par divers gangs ultra-violents rappelle LES GUERRIERS DE LA NUIT, autre classique new-yorkais de l'anticipation violente, sorti en 1979.

Au milieu de cette dureté, NEW YORK 1997 dispense quelques touches de parodie, avec le personnage du chauffeur de taxi typique joué par Ernest Borgnine, ou la représentation de comédie musicale dans un théâtre décati.

Nous regrettons que l'ambiance retombe un peu une fois Snake capturé par le Duke de New York. Mais la fin est un moment d'anthologie. Le dernier geste de Snake, qui refuse d'être complice d'un système et de personnages qui le dégoûtent, est inoubliable et s'inscrit dans la tradition des grandes fins sombres du cinéma. Nous sommes plus dans l'inspiration du western cynique à la Leone ou de la science-fiction contestataire des années soixante-dix que dans la veine du nouveau blockbuster américain tel que promu alors par les succès de Steven Spielberg et George Lucas.

NEW YORK 1997 est donc une réussite pour Carpenter. Il y concilie la critique sociale et le cinéma d'action dans ce portrait d'une Amérique qui préfère la répression brutale et inhumaine à un traitement sérieux de ses problèmes sociaux. Ce beau succès commercial connaît des copies, en particulier en Italie qui y trouve l'inspiration pour une vague de nouveaux films post-apocalyptiques, comme les divertissants 2019, APRÈS LA CHUTE DE NEW YORK de Sergio Martino ou LES GUERRIERS DU BRONX d'Enzo G. Castellari.

Après ce succès, la carrière de Carpenter passe à la vitesse supérieure puisque la Major Universal le recrute pour tourner THE THING, nouvelle adaptation de «La bête d'un autre monde» de John W. Campbell Jr., déjà portée à l'écran avec LA CHOSE D'UN AUTRE MONDE, classique fondateur de la science-fiction de 1951.

Si LA NUIT DES MASQUES donne vite lieu à des suites, ce n'est pas le cas de NEW YORK 1997, lequel attend un plus de dix ans avant que John Carpenter lui-même se remette à l'ouvrage et réalise LOS ANGELES 2013, à nouveau interprété par Kurt Russell.

Durant les années 2000, alors que Hollywood s'engouffre dans la mode des remakes nostalgiques, un nouveau NEW YORK 1997 est fréquemment évoqué. Mais il n'a toujours pas abouti en 2022... Aux dernières nouvelles, Leigh Whannell, tout auréolé du succès de INVISIBLE MAN, est le dernier nom évoqué pour cet éventuel retour aux sources de Snake Plissken.

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
50 ans
1 news
663 critiques Film & Vidéo
1 critiques Livres
RECHERCHE
Mon compte
Se connecter

S'inscrire

Notes des lecteurs
Votez pour ce film
Vous n'êtes pas connecté !
7,88
26 votes
Ma note : -
Autres critiques