Suite à un attentat, l'avion du président des Etats-Unis s'écrase en plein New York. Le président est vivant mais à la merci d'une terrible menace. Car en 1997, la ville est devenue une gigantesque prison à ciel ouvert, où les criminels les plus dangereux vivent en autarcie. Le gouvernement dépêche alors un hors-la-loi en transit, Snake Plissken (Kurt Russell), dont la mission est de rapatrier le chef de la nation et la précieuse mallette diplomatique qu'il transporte.
Daté de 1981, NEW-YORK 1997 de John Carpenter nous propose une vision du futur qui ne vieillit décidément pas. Les thèmes soulevés par le film (des Etats-Unis au bord du gouffre car empêtrés dans des conflits internationaux, une société moderne qui abandonne ses «ratés» dans des ghettos, le nihilisme de l'individu face à un monde sans issue) sont toujours pertinents aujourd'hui, preuve d'une excellente intuition de ses auteurs il y a plus de 25 ans. Mais si NEW-YORK 1997 se forge année après année une étiquette de «classique», c'est aussi et surtout pour son sens de l'action et des péripéties. La narration réussit le paradoxe d'être à la fois posée et élégante (les vingt premières minutes d'exposition déroulent le pitch de main de maître), mais aussi tendue en permanence grâce à de solides trouvailles. Car si Snake Plissken ne retrouve pas le président à temps pour un important rendez-vous de chefs d'états, des cellules explosives synthétisées dans son organisme exploseront. Il n'y a donc pas une seconde à perdre pour le héros (et ainsi pour le spectateur) qui voyagera aux quatre coins de New York tout en traversant de nombreuses «influences» du film de genre : le film d'action (avec un combat de ring à la batte cloutée), le western (avec le profil de héros solitaire de Snake), l'horreur (voir l'apparition du peuple des égouts) et bien entendu la science-fiction (1997 était, à l'époque, l'avenir).
A l'occasion de la sortie du film en DVD, on vous avait déjà parlé en détail de son excellent casting (Kurt Russell, Ernest Borgnine, Harry Dean Stanton, Lee Van Cleef, Donald Pleasence...). Le musicien Isaac Hayes est d'ailleurs recruté pour incarner le «Duc de New York», le leader des criminels qui tentera d'obtenir la liberté en échangeant le président. Certaines répliques du Duc jouent d'ailleurs beaucoup avec le passif engagé de Isaac Hayes et ses provocations (comme lorsqu'il monta sur scène vêtu de chaînes en or). Les talents en coulisses ne sont pas en reste. La photographie de Dean Cundey est toujours aussi impressionnante, et fait aisément passer quelques pilules un peu vieillottes (comme la musique au synthé des plus vintage). Le travail sur les décors est également incroyable, d'autant plus que le film ne fut pas tourné à New York mais à St Louis. C'est Joe Alves qui relève le défi d'une direction artistique qui tient encore très bien la route, même face à des opus contemporains comme LES FILS DE L'HOMME de Alfonso Cuaron.
Il est amusant de souligner que NEW-YORK 1997 fut si marquant à son époque qu'il constitua, avec MAD MAX 2 de George Miller, la pierre angulaire de tout un cinéma d'exploitation des années 80. Les artisans italiens furent parmi les plus actifs en décochant des titres tels que 2019 APRES LA CHUTE DE NEW-YORK de Sergio Martino ou encore LES GUERRIERS DU BRONX de Enzo G. Castellari. Si cette vague de contrefaçon est désormais révolue en dehors de quelques "hommages (DOOMSDAY), ce sont à présent les nouveaux médiums qui perpétuent l'aura du film. Les blockbusters du jeu vidéo que sont la série des Metal Gear Solid mettent en scène un certain Snake, soit la copie carbone du héros de NEW-YORK 1997. Pour que la référence soit évidente, le quatrième opus de la série vidéoludique va même jusqu'à modéliser le visage de John Carpenter pour figurer une version âgée de son Snake de pixels.
Héros culte, Snake Plissken ne sera pour autant pas très bien exploité par ses auteurs. John Carpenter signe une suite en 1996, LOS ANGELES 2013, malheureusement pas à la hauteur de l'attente malgré de nombreuses qualités. Tandis qu'un hypothétique troisième volet, ESCAPE FROM EARTH, dort sur le bureau de John Carpenter (sans aucun doute pour toujours), Snake poursuit ses aventures en bande dessinée. Son retour est prévu au cinéma pour bientôt, mais dans un remake confié à Len Wiseman (UNDERWORLD) avec Gerard Butler (300) dans les guêtres de Kurt Russell. Espérons que la jeune génération aura l'initiative de ne pas oublier l'original, dont l'efficacité nous garantira toujours un excellent moment, quelque soit le nombre de visionnages.
Indémodable, NEW-YORK 1997 a donc les honneurs d'une sortie sur support haute définition. Ce Blu-ray est édité chez Studio Canal, qui avait déjà sorti le film lors d'une édition DVD que nous avions chroniqué lors de sa sortie. L'image, au format (2.35) et en 1080p, est certes plus détaillée mais aussi très granuleuse. Le film fourmille du début à la fin, et une griffure de pellicule s'invite même à deux reprises sur l'écran. Sans être honteux, le rendu ne se montre pour autant pas à la hauteur du support haute définition. Les pistes sonores s'orientent quant à elles vers du DTS multi canal, quel que soit le langage choisi. Efficace, la piste son manque parfois d'homogénéité en mélangeant nouveaux éléments et bruitages d'époque à la texture sonore bien différente.
Mais le gros bémol se situe au niveau des suppléments, totalement inexistants. Une nouvelle d'autant plus amère que l'éditeur avait donc sorti le film en DVD avec des bonus. Mais aussi que les éditions DVD américaines sont très copieuses et intègrent notamment un commentaire audio ainsi qu'une légendaire scène coupée initialement prévue en ouverture du film. Il faudra donc encore patienter pour espérer voir une édition française qui aura l'initiative d'être (enfin) complète.