Header Critique : Jujutsu Kaisen 0 (Jujutsu Kaisen Movie 0)

Critique du film
JUJUTSU KAISEN 0 2021

JUJUTSU KAISEN MOVIE 0 

Manga en 18 volumes commencé en 2018, «Jujutsu Kaisen» de Gege Akutami connaît un grand succès au Japon, ainsi que dans des pays comme la France où la bande dessinée japonaise reste une valeur sûre des cours de récréation. Il raconte les aventures de jeunes exorcistes chargés de lutter contre les Fléaux, des démons de toutes sortes matérialisés à partir d'émotions humaines douloureuses.

Ce Manga est transposé sous la forme d'une série d'animation, produite par le studio MAPPA, fondé en 2011 par un transfuge de Madhouse. «JUJUTSU KAISEN» connaît un grand succès pour sa première saison, diffusée entre 2020 et 2021. Pour faire patienter les fans en attente d'une seconde saison, MAPPA s'allie au vénérable studio Toho pour un long-métrage de cinéma dont les événements se déroulent plusieurs années avant la série. Il s'agit de JUJUTSU KAISEN 0, réalisé par le sud-coréen Sung-Ho Park, spécialisé dans les épisodes de séries télévisées.

Yuta, un adolescent fragile, a vu sa meilleure amie Rika mourir sous ses yeux dans un accident. Depuis, il est accompagné par son fantôme, qui le protège violemment en cas de menace. Ce puissant spectre fait de Yuta un spirite hors norme. L'école des exorcistes de Tokyo le recrute. Aux côtés de combattants de son âge, Yuta lutte contre les Fléaux, des démons dangereux qui se répandent au Japon.

Le 19 mai 2021, les salles de cinéma françaises rouvrent après 200 jours de fermeture consécutives, suite à l'épidémie mondiale de COVID 19. Une interruption jamais vue au pays des frères Lumière depuis la création de cet art ! Cette semaine-là, le plus gros succès d'un tout nouveau film s'avère le dessin animé japonais DEMON SLAYER: LE TRAIN DE L'INFINI. Nous voyons ensuite le phénomène se renouveler avec MY HERO ACADEMIA: WORLD HEROES' MISSION, et puis avec JUJUTSU KAISEN 0. Même sur le marché très protégé des USA, JUJUTSU KAISEN 0 connaît un vrai succès !

Ces trois sorties sont particulières car elles ne s'adressent pas vraiment aux spectateurs habitués des salles obscures. Le public visé est avant tout celui des lecteurs français de Manga, de bandes dessinées japonaises. Le succès des séries et films animés dérivés n'est que le corollaire de celui des œuvres d'origine sur papier.

Distribués plutôt dans les salles de périphéries, attirant un public très jeune, ces films sont des bonus pour les fans, des suppléments aux mangas et aux séries d'animation. Ils visent un public déjà familiarisé avec l'univers de leurs héros préférés.

Toutefois, dans le cas de JUJUTSU KAISEN 0, l'action se déroule avant les aventures principales du Manga et de la série animée. Yuta, son personnage principal, est lui-même plongé pour la première fois dans l'univers des exorcistes et des Fléaux. Le spectateur novice ne se trouve donc pas parachuté dans une action déjà en cours comme cela est parfois le cas. Le métrage prend le temps de mettre en place correctement son héros. Par contre, il présente vite fait son univers fantastique, en particulier quand il s'agit de décrire les personnages secondaires ou les Fléaux. JUJUTSU KAISEN 0 n'échappe alors pas à une impression de précipitation.

Cet univers ne nous est pas complètement étranger. Il nous rappelle les démons nippons peu ragoutants croisés à la fin des années quatre-vingts, dans des longs-métrages signés Rin Taro (DOOMED MEGALOPOLIS) ou Kawajiri (WICKED CITY, DEMON CITY SHINJUKU). Ils mettaient en scène des entités surnaturelles très anciennes confrontées à des héros humains au sein de grandes villes sinistres. JUJUTSU KAISEN 0 propose un bestiaire de tels monstres bizarres, issus du folklore japonais, créatures gluantes et insolites aux formes innombrables qui, vaincus, explosent en des gerbes de sang violet.
 
JUJUTSU KAISEN 0 se déroule dans un univers adolescent, ses héros s'avérant de jeunes apprentis d'une école spécialisée dans l'exorcisme. Nous suivons la tradition de l'apprenti-ninja de «NARUTO», des apprentis super-héros de «MY HERO ACADEMIA» ou de l'apprenti tueur de démons de «DEMON SLAYER».

Se déroulant dans un univers intéressant, proposant des moments horrifiques et tordus étonnants dans un film pour la jeunesse (la mort de la petite Rika !), JUJUTSU KAISEN 0 offre aussi des moments d'action bondissants. Bons et mauvais exorcistes s'affrontent au moyen d'armes tranchantes et de puissances magiques. Ce qui donne lieu à des séquences au découpage énergique, dans la tradition vigoureuse de l'animation japonaise d'action.

Pourtant, la qualité de l'animation de JUJUTSU KAISEN 0 est un cran en-dessous de celle des maîtres du cinéma japonais. Nous sommes loin des récents accomplissements techniques d'un Makoto Shinkai (YOUR NAME) ou d'un Mamoru Hosoda (BELLE), aux univers et à la technique autrement plus travaillés et personnels.

Si certaines scènes monstrueuses ou d'action de JUJUTSU KAISEN 0 sont efficaces, d'autres trahissent une technique inspirée de la télévision (arrêts sur image, images immobiles glissantes), manière parfois grossière d'économiser les dessins intermédiaires. La redondance des gros plans, voire très gros plans (sur un œil, une bouche, une moitié de visage), évoquent un produit destiné au petit écran de la télévision, voire aux tous petits écrans des tablettes et des téléphones. Ce qui aboutit à un résultat assommant au cinéma.

JUJUTSU KAISEN 0 propose un monde imaginaire intéressant, entre horreur surréaliste et arts martiaux magiques. Son personnage principal et sa relation avec son démon protecteur s'avèrent réussis. Toutefois, JUJUTSU KAISEN 0 déploie une histoire classique et linéaire. Et il ne se distancie pas assez de la production télévisuelle, de sa nature de pause de luxe dans une série préexistante. JUJUTSU KAISEN 0 peine à s'incarner en une œuvre de cinéma homogène et autonome. Nous étions en droit d'attendre plus du studio MAPPA, lequel nous avait offert il y a quelques années le magnifique long-métrage DANS UN RECOIN DE CE MONDE.

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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