Header Critique : LOUP GAROU, LE (THE WOLF MAN)

Critique du film
LE LOUP-GAROU 1941

THE WOLF MAN 

Après un séjour en Amérique, Larry Talbot retourne au pays de Galles, sa terre natale, où sa famille possède un manoir. Mais un soir, il y est attaqué et mordu par un loup. Il parvient à tuer la bête à l'aide d'une canne à pommeau d'argent...

LE LOUP-GAROU est un des célèbres films de la Universal, firme qui depuis LE FANTOME DE L'OPERA et surtout DRACULA, met en place un vrai panthéon du cinéma d'horreur : FRANKENSTEIN, L'HOMME INVISIBLE, LA MOMIE... En 1935, elle tente de lancer la carrière cinématographique du loup-garou avec LE MONSTRE DE LONDRES de Stuart Walker. Mais cet essai n'est pas convaincant. C'est donc grâce à LE LOUP-GAROU de 1941 que le personnage classique de Larry Talbot, homme victime de lycanthropie chronique, devient LE loup-garou de référence de l'âge d'or du cinéma américain. Nous le retrouverons ensuite dans d'autres productions Universal, comme FRANKENSTEIN RENCONTRE LE LOUP GAROU ou LA MAISON DE DRACULA.

Le rôle titre est tenu par Lon Chaney Jr., qui devient alors une vedette de films d'horreur et interprète pour Universal les grands rôles du répertoire, dans LE FANTOME DE LA MOMIE, LE SPECTRE DE FRANKENSTEIN ou LE FILS DE DRACULA. Comme son nom l'indique, il est le fils de Lon Chaney, mythique comédien du muet, pionnier du cinéma fantastique américain vu entre autres dans NOTRE-DAME DE PARIS et LE FANTOME DE L'OPERA.

Nous remarquons aussi Bela Lugosi en gitan, ainsi que Claude Rains dans le rôle tragique du père de Larry Talbot. Auparavant, le réalisateur George Waggner a surtout travaillé sur des westerns. Juste avant LE LOUP-GAROU, Il a déjà collaboré avec Lon Chaney Jr. pour un film fantastique Universal : L'ÉCHAPPÉ DE LA CHAISE ÉLECTRIQUE.

Avec LE LOUP-GAROU, la mythologie du loup-garou, présente dans les légendes populaires européennes depuis le moyen-âge, se met donc solidement en place dans le cinéma fantastique américain. Larry Talbot, mordu par un tel être, contracte la lycanthropie, une étrange malédiction. Les nuits de pleine lune, il se transforme en une créature mi-homme, mi-loup, terriblement violente. Seule une arme d'argent peut l'abattre. Comme dans le DOCTEUR JEKYLL ET MISTER HYDE de 1931, la dualité de la condition humaine est mise en avant. La malédiction fait rejaillir le caractère brutal et impulsif de l'homme.

La part animale de Larry Talbot finit par l'emporter sur son intelligence et sa conscience. Il devient alors, et bien malgré lui, un danger pour ses amis et sa famille. Ce personnage, victime de pulsions incontrôlables, ne peut que séduire le public américain des années quarante, féru de sujets psychanalytiques (LA MAISON DU DOCTEUR EDWARDS et LES ENCHAÎNÉS d'Alfred Hitchcock, DR JEKYLL ET MR HYDE de Victor Fleming...). Le studio RKO propose très rapidement une version féminine du loup-garou avec LA FELINE de Jacques Tourneur, en 1942.

Dans LE LOUP-GAROU, nous retrouvons les qualités des meilleures oeuvres Universal. Les magnifiques décors de studio évoquent une Europe romanesque et onirique, comme dans FRANKENSTEIN ou DRACULA. Ils sont somptueusement photographiés dans un noir et blanc fantastique. Nous nous régalons particulièrement de cette forêt étrange et très brumeuse dans laquelle résonnent les hurlements des loups affamés, ainsi que de cet extraordinaire camp de bohémiens, porteur de secrets et de légendes. Quelques éléments classiques de l'épouvante gothique sont aussi de la partie, tels le cimetière nocturne ou la crypte ombragée. Quant au maquillage du monstre, réalisé par le mythique Jack Pierce, il s'agit à nouveau d'une réussite indémodable. Enfin, comme dans LA FIANCEE DE FRANKENSTEIN ou L'HOMME INVISIBLE, le caractère pathétique, et au fond très humain, du monstre est souligné par un récit au final mélodramatique.

Comme il se doit, la narration est solide et bien rythmée. La réalisation, de son côté, sait se faire alternativement discrète ou délirante (les attaques du loup-garou), selon les exigences de l'histoire. Elle est cependant trop anonyme et moins innovante que celle de grands réalisateurs de la Universal comme James Whale ou Tod Browning. Quant à l'interprétation, si Bela Lugosi et Claude Rains sont irréprochables, Lon Chaney Jr. n'égale pas les performances de ces comédiens talentueux. Son jeu peut être souvent lourd et maladroit. Toutefois, sa sincérité suffit à rendre tout le tragique de son personnage, déchiré entre deux identités opposées et inconciliables.

Malgré quelques petits défauts, LE LOUP-GAROU parvient, et c'est bien l'essentiel, à rester fidèle à l'ambiance unique des meilleurs films Universal. C'est la dernière fois, jusqu'à L'ETRANGE CREATURE DU LAC NOIR de Jack Arnold treize ans plus tard, que cette compagnie parvient à imposer un nouveau "Grand Monstre" à l'imaginaire collectif des cinéphiles.

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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