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Critique du film
DOWNHILL 2016

 

Présenté dans la sélection Blood Window au Marché du film de Cannes 2016, consacré aux films de genre latino-américians, le film chilien DOWNHILL a plutôt été bien vendu au public présent par le sélectionneur du festival FrightFest où il participe cette année. Sauf qu'au final, on se demande bien ce que quiconque a pu voir dans le film: on assiste à un vrai désastre.

A la mort d'un de ses potes, un champion de moutain bike nommé Joe (Bryce Draper) a tout abandonné. Sa petite amie Stéphanie (Natalie Burn) lui ménage la surprise d'un deal pour le sortir de son mutisme : une compétition internationale au Chili. Assorti de retrouvailles avec un couple d'amis, dont l'organisateur Pablo (Ariel Levy). Malgré ses hésitations, il accepte. Mais la ballade de reconnaissance en forêt dérape : ils rencontrent un homme visiblement infecté par quelque chose et une bande de locaux à l'air hargneux commence à les pourchasser.

Le lieu de l'action reste indéniablement autre. Le sujet concernent des sportifs en moutain bike…pas vraiment traité ces derniers temps. Pour le reste, DOWNHILL demeure un melting pot de scènes, séquences, personnages mille fois vus, revus, et re-revus ces vingt dernières années. C'est également un film de son temps pour les techniques utilisées. Depuis l'année dernière, un nouveau phénomène apparait : l'utilisation de plans aériens par des drônes. Symptomatique de la volonté de créer de la « production value », comme on dit. Faire « riche ». Donc ici, des interminables plans de coupes de forêts survolées de manière aérienne en contre-plongée verticale. On retrouve ce tic dans pas mal de films présents au marché, comme CRUSH THE SKULL ou encore REDISTRIBUTORS. Des plans ne servent strictement à rien. Nada. Aucun apport à la narration. Même pas pour aérer le récit. ils sont juste là. C'en devient même laid à voir, certains étant ici saccadés.

Passée la technique, on se rend compte assez rapidement que le film va tourner à vide. Les premières minutes supposées installer l'action et présenter les personnages se résument à une blague sur du caca et des plans de Go-Pro de descente de collines à vélo. Et ça dure, ça dure… cut sur un plan via Skype, puis en caméra digitale avec début de strip tease de l'héroïne, caméra vissée à l'avant du véhicule qui roule, roule, roule…Pourquoi? Pour rien, en fait. Ca n'apporte aucune substance au récit, désincarne les acteurs tous réduits à l'état de caricatures sur pattes (sauf le héros qui a de très très beaux yeux, ce que la caméra comprend. Mais là n'est pas la question). Cela assure juste d'arriver aux 85mn promises.

Ensuite, l'arrivée au Chili se fait avec les inévitables américains qui ne parlent pas un mot d'espagnol, rencontre une bande de rednecks locaux aux gueules patibulaires au fin fond d'un bar/épicerie au trou du cul du Chili. Qui évidemment saisissent les fesses de l'héroïne. On se dit, que non, ils vont pas nous faire le coup des locaux vicieux nous les resservir après? Et bien si. Ce sont les méchants du film. Des dénégénrés de tête de noeud de merde qui vont pourchasser nos amis bikers. En clair, on a une nouvelle version de « restez aux USA, les gars. les pays étrangers, ça sent la merde pour vous», déjà répandu dans les HOSTEL ou autres TURISTAS. Ca ne loupe pas, car ils vont se faire équarrir consciencieusement.

La construction du film apparait tout aussi problématique. Les premières images montrent clairement une séquence supposée se passer vers la fin du film. Avec un fatal « quelques heures auparavant » pour remonter le temps et expliquer comment on est venu à la scène (pourtant sympa) d'un créature fourrée au fond de la gorge de l'héroïne. A l'instar de HAPPY BIRTHDAY! de Casey Tebo, dont on vous parlera bientôt, il s'agit clairement d'une tentative de manipulation du spectateur, puisque cette supposée scène finale n'arrive qu'aux deux-tiers du métrage. Pourquoi? là aussi, mystère. Cela n'apporte rien au récit, qu'il s'agisse du suspense, de dynamique ou de récit cinématographique.

Après les touristes américains en goguette traqués au fond des bois, les dégénérés locaux qui chassent, pètent, pissent et rotent dans les bois tout en posant des pièges à loups qui (bien sûr) fonctionnent, les auteurs infligent… des créatures tentaculaires, une messe noire et une orgie. sur le papier, c'est excitant. A l'image, c'est l'hilarité générale. On voit brièvement les créatures, joliment animées par ailleurs. Mais alors le reste… l'orgie est positivement RIDICULE. Il n'y a pas d'autre mot. Forcée, ampoulée, mal jouée… on sent le réalisateur hurler derrière la caméra pour que ça trucule, que les seins bougent, que tout le monde grimace de plaisir satanique ta mère. plan de coupe sur des chèvres et des boucs qui passent par là. (la dernière image du film est un bouc, par ailleurs. Un message à faire passer?). On n'échappe pas à la parabole capitaliste où l'un des participants se révèle être le financier le plus important du Chili. Bref, DOWNHILL arrive à l'effet inverse de ce qu'il désire provoquer. En lieu et place de frissons, d'horreur on cède aux yeux écarquillés par tant de clichés enfilés avec une incongruité déconcertante, pour finir en éclat de rire. Ce qui la fout mal pour un film d'horreur.

Des rôles à peine écrits où les femmes sont soient des pleurnicheuses en puissance (on en a deux qui geignent à longueur de film) ou des femmes faciles un tantinet sadique. Insérez « plan de nudité gratuite » ici et là, y compris une scène de cul inutile dans des toilettes et un pipi en pleine nature. Pourquoi? Pour rien, histoire de. Parce que ça plait au public visé? Aucune explication rationnelle ou idéalisée, tout comme les créatures. qui sont là « parce que ». C'aurait été des extra-terrestres ou des mouches mutantes samouraï que le résultat eut été le même. On se croirait dans un Z allemand des années 2000 à peine plus soigné. C'est par ailleurs en Scope mais on ne comprend pas vraiment l'utilité de ce choix. Les scènes aériennes de drônes pariassent plus impactantes en format Scope, peut être?

Bref, les 85 mn virent au supplice. Pour qui connait le film de genre survival et ses règles, DOWNHILL pille à droite à gauche mais n'apporte guère de sang neuf. Aspergeant son film de quelques scènes gore, quelques bubons bien sales sur les figures des acteurs ne semble pas apporter une quelconque solution. Et certainement pas non plus en balançant un mélange de thèmes sans en assurer le service minimum. Sur un thème assez proche, le norvégien ROVDYR ne bousculait pas certes les conventions, mais en épousait les rebords, rentrait dans le lard du survival brutal avec autrement plus de talent et d'implication du récit. Avec des personnages qui avaient de la chair. Difficile de croire aux chances de sortie du film sur le territoire français. Même en video, DOWNHILL aurait extrêmement de mal à trouver un quelconque écho.

Rédacteur : Francis Barbier
Photo Francis Barbier
Dévoreur de scènes scandinaves et nordiques - sanguinolentes ou pas -, dégustateur de bisseries italiennes finement ciselées ou grossièrement lâchées sur pellicule, amateur de films en formats larges et 70mm en tous genres, avec une louche d'horreur sociale britannique, une lampée d'Albert Pyun (avant 2000), une fourchettée de Lamberto Bava (forever) et un soupçon de David DeCoteau (quand il se bouge). Sans reprendre des plats concoctés par William Friedkin pour ne pas risquer l'indigestion.
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