Header Critique : MONSTRE DE LONDRES, LE (WEREWOLF OF LONDON)

Critique du film et du Blu-ray Zone B
LE MONSTRE DE LONDRES 1935

WEREWOLF OF LONDON 

Lors d'une expédition au Tibet, le docteur Glendon est mordu par un terrible homme-loup. Une fois rentré à Londres, il reçoit la visite du docteur Yogami, lequel prétend en savoir long sur une épidémie de lycanthropie...

LE MONSTRE DE LONDRES est une production d'épouvante de la Universal, conçue pendant l'âge d'or du cinéma fantastique hollywoodien. De 1931 à 1935, cette compagnie et ses concurrentes ont proposé toute une série de classiques extrêmement innovants : DRACULA et LA MONSTRUEUSE PARADE de Tod Browning, FRANKENSTEIN et L'HOMME INVISIBLE de James Whale, LA MOMIE de Karl Freund, KING KONG de Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack... pour ne citer que les plus connus.

En 1935, la plupart des grands mythes de l'épouvante cinématographiques sont en place et la Universal trahit une crise d'inspiration en ré-employant (avec succès) des monstres déjà apparus précédemment, comme pour LA FIANCEE DE FRANKENSTEIN ou LA FILLE DE DRACULA. Pourtant, elle innove ici en présentant un nouveau monstre qu'elle n'avait jusqu'alors jamais employé : le loup-garou.

LE MONSTRE DE LONDRES est réalisé par Stuart Walker, qui ne travailla à ce poste qu'entre 1931 et 1935, essentiellement sur des comédies dramatiques. Il réalise quelques adaptations de Dickens dont le récit policier MYSTERY OF EDWIN DROOD en 1935 avec Claude Rains. Le docteur Glendon est interprété par Henry Hull, un comédien qui a connu une longue carrière dans les seconds rôles américains. On remarque la présence de Warner Oland, célèbre pour avoir incarné, durant les années 30, l'inspecteur Charlie Chan dans une longue série de films, avec par exemple CHARLIE CHAN A PARIS ou CHARLIE CHAN AU CIRQUE à la même époque.

Le loup-garou (homme se transformant en loup) est une créature connue en Europe depuis l'Antiquité. Cette tradition se maintiendra, sous des versions diverses, tout au long du moyen-âge. Au seizième et au dix-septième siècle, de nombreux procès de "lycanthropes" se déroulent en France, avec les cas fameux de Jean Grenier ou Gilles Garnier. On a aussi soupçonné la bête du Gévaudan d'être un loup-garou. Dans toutes les civilisations, on retrouve des légendes concernant des hommes se transformant en animaux. Comme le vampire (mort-vivant, qu'il ne faut donc pas confondre avec les Garous), ce mythe populaire sera illustré dans la littérature fantastique qui connaît un énorme essor en Occident au dix-neuvième siècle, suite à la publication des «Contes fantastiques» de Hoffman. Ainsi, «Le loup-garou de Paris» écrit par Guy Endore conte les aventures d'un tel monstre pendant les événements de la Commune en 1871. Le livre paraît d'ailleurs en 1933 et, malgré le fait que l'écrivain réside depuis peu à Hollywood, le studio Universal ne le contacte pas pour LE MONSTRE DE LONDRES. Cela s'avère surprenant puisque Guy Endore va travailler sur l'écriture de pas mal de films à la même époque et en particulier sur plusieurs classiques produits par la MGM.

LE MONSTRE DE LONDRES frappe d'abord par sa manière de puiser dans de nombreux genres autres que l'horreur traditionnelle. Il commence tel un film d'aventures exotiques : un savant mène une expédition dans les montagnes de l'Himalaya à la recherche d'une fleur rarissime qui n'éclot qu'au clair de lune. On remarque aussi des éléments empruntés à la science-fiction : le docteur Glendon dispose d'un laboratoire équipé des dernières technologies (arcs électriques, tube luminescent, projecteur reproduisant les rayons de la lune...). Nous somme alors dans la tradition du professeur Frankenstein ou de METROPOLIS. On a encore un récit dramatique nous contant les infortunes conjugales de ce savant réservé, rongé par une malédiction dont il ne peut dire mot à ses proches. Il voit alors s'éloigner sa femme avide de liberté et de vie. N'oublions pas non plus l'enquête policière, menée difficilement par des inspecteurs de Scotland Yard qui refusent de croire aux légendes fantastiques. Enfin, on remarque de nombreux éléments de comédie, notamment avec des personnages de vieilles dames ridicules.

Ce mélange copieux n'est pas très bien équilibré. LE MONSTRE DE LONDRES peine à trouver ses marques et son rythme. Une fois passé le prologue, les séquences d'horreur se font attendre. Quand elles arrivent enfin, elles sont parasitées par des éléments de comédie qui entravent l'installation d'une ambiance fantastique (pendant que Glendon s'échappe de la chambre où il est enfermé, les deux vieilles toupies britanniques continuent à accumuler les gags...). L'horreur est reléguée à l'arrière-plan et seules les dix dernières minutes du métrage paraissent réellement efficaces.

Malgré tout, il serait injuste de ne pas citer les nombreuses qualités de cette œuvre. La réalisation est toujours élégante et fluide. Les décors, les costumes et les interprètes bénéficient d'un charme hollywoodien imparable. Les effets spéciaux du grand Jack Pierce sont somptueux, avec une impressionnante transformation au cours de laquelle le loup-garou passe derrière une rangée de colonnes. Certains passages parviennent à rendre la magie cinématographique d'une rue londonienne nocturne et embrumée. Enfin, Henry Hull est convaincant dans le rôle du docteur Glendon, savant rationaliste et civilisé qui, sous le coup d'une malédiction, voit sa part animale prendre le dessus sur sa personnalité humaine.

Il faut reconnaître que LE MONSTRE DE LONDRES, à force de se disperser dans des intermèdes comiques et dramatiques, ne parvient pas à trouver son unité et son rythme. Fatalement, il ennuie légèrement le spectateur. Ce n'est qu'avec LE LOUP-GAROU de George Waggner que la Universal imposera une vision convaincante de cette mythologie.

LE MONSTRE DE LONDRES était déjà sorti en France de façon plus ou moins confidentielle chez son éditeur original, Universal. Comme aux Etats-Unis, le film était commercialisé au sein d'un coffret contenant quatre films : LE LOUP-GAROU, SHE WOLF OF LONDON, FRANKENSTEIN RENCONTRE LE LOUP-GAROU et LE MONSTRE DE LONDRES. Néanmoins, cette édition française fut émaillée de soucis de distribution concernant les langues proposées et sa disponibilité fut pour le moins aléatoire ! Plus de dix ans après, Elephant Films reprend le flambeau au sein de sa collection dédiée aux monstres de la Universal. Cette fois, LE MONSTRE DE LONDRES est proposé seul et avec une piste audio française en plus de la version originale anglaise. L'éditeur donne le choix entre une édition DVD simple ou un combo Blu-ray/DVD. Nous n'avons pas eu l'opportunité de voir le DVD mais seulement le disque en haute définition. Sur celui-ci, on peut donc voir LE MONSTRE DE LONDRES avec un transfert 1080p/24 plutôt joli ! Cela s'annonce d'ailleurs dès le générique affichant des titrages à la stabilité redoutable avec un noir et blanc de belle tenue. Le film accuse ses huit décennies et on peut voir passer, de temps à autres, quelques griffures et tâches mais rien qui soit à même de rebuter. Le film peut être visionné avec deux pistes audio, les deux en DTS HD Master Audio codé sur deux canaux et reproduisant les bandes sonores en mono d'origine. Au rang des maigres défauts de ce Blu-ray, on notera qu'une poignée de dialogues ne sont pas traduits sur le sous-titrage ce qui est un peu surprenant !

En complément du film, l'éditeur proposera toutes les bandes-annonces des films déjà sortis dans la même collection. Une toute petite galerie de photos permet aussi de visionner quelques clichés du film. Les compléments informatifs sont deux présentations de Jean-Pierre Dionnet. Celle du film déçoit un peu, on n'apprendra pas tant de chose que cela sur la création du MONSTRE DE LONDRES. La deuxième présentation est bien plus fournie en information et s'intéresse plus généralement au loup-garou.

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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L'édition vidéo
WEREWOLF OF LONDON Blu-ray Zone B (France)
Editeur
Support
Blu-Ray (Simple couche)
Origine
France (Zone B)
Date de Sortie
Durée
1h15
Image
1.33 (4/3)
Audio
English DTS Master Audio Mono
Francais DTS Master Audio Mono
Sous-titrage
  • Français
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