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Critique du film
OUT OF THE DARK 2014

 

Quand on me parle d'OUT OF THE DARK, je pense tout de suite au slasher ricain avec son clown traquant les animatrices de téléphone rose (chez nous : L'ARME DU CLOWN). Rien de tout cela dans cette co-production hispano-colombienne où un couple (Julia Stiles et Scott Speeman) arrive en Colombie avec leur fille (Pixie Davies). Elle reprend la tête d'une usine tenue auparavant par son père (Stephen Rea). Ils s'installent dans une maison qui se révèle vite truffée d'esprits qui courent partout, jusqu'à perdre la trace de leur fille.

Autant ne pas perdre de temps : OUT OF THE DARK (ou aussi connu sous le titre LOS NINOS DE COCAINA) reste probablement une des pires choses cinématographiques qu'il nous ait été donné de voir pendant de Festival de Gérardmer 2015. Un assemblage fainéant de stéréotypes et clichés inhérents aux films de frousse, compilation tendance hispanique. On y retrouve donc à gogo : les enfants maltraités, les fantômes des-dits enfants, le lourd secret, le parcours de la mère courage, la responsabilité historique, la faute avouée. En clair, on fait comme revoir une version maquillée de L'ORPHELINAT (on y retrouve la scène du monte-plats!) ou autres Guillermodeltororade.

Production à vocation internationale, puisque réunissant des têtes d'affiche comme Julia Stiles, quelque peu en perte de vitesse depuis ses seconds rôles dans la saga JASON BOURNE. Ou encore Scott Speedman, révélé par UNDERWORLD et sa première suite (et puis plus rien, a-t-on envie de dire). Puis par le second rôle de service, à savoir Stephen Rea, habitué de chez Neil Jordan. Mais aussi un régulier à cachetonner dans de plus obscures productions, Ou régulièrement dans le genre qui nous intéresse, ainsi sa présence dans STUCK, UNDERWORLD NOUVELLE ERE ou encore TERREUR.POINT.COM. De manière assez curieuse, les frères Pastor, derrière le très sympathique CARRIERS, se trouvent au scénario, accompagné de Javier Gullon, auteur des très moyens LES PROIES et HIERRO. Après avoir vu le OUT OF THE DARK, six mains et trois cerveaux pour pondre ça, fait cher du naveton.

Dès la première scène, quelque chose ne tourne pas rond : l'effet spécial qui clôt la séquence apparait totalement raté. Un peu digne du jeté de Catherine Deneuve dans LE CONCILE DE PIERRE, pour donner une idée. Côté effets, on va donc se situer dans une moyenne basse, voire franchement ridicule sur le final. Ce qui n'aide en rien la crédibilité de l'histoire que les auteurs tentent de nous faire ingurgiter.

Le gros souci d'OUT OF THE DARK ne situe pas au niveau de son manque flagrant d'originalité, ses interprètes en pilotage automatique qui visiblement n'ont rien à secouer du film. Il y a un peu de tout ça, mais il s'agit surtout de voir s'enfiler comme un collier de perles tous les lieux communs possibles et imaginables du film d'épouvante. Le spectateur possède toujours deux, trois voir dix longueurs d'avance sur le scénario et les protagonistes. De toute façon, l'ennui s‘étant déjà installé confortablement dès les premières minutes, il faut juste s'armer de courage afin de patienter jusqu'au générique final, égrène par des placements produits assez grossiers : Audi et Apple ont du bien mettre la main à la poche.

Justement, le courage, il en a fallu pour arriver au bout des 93 minutes. La second moitié du film enfonce le clou à force d'être répétitive dans les séquences démonstratives au possible. Rien ne sort le film de la cohorte de films similaires. Qu'il s'agisse de la photographie, des retournements de situation, de l'explication finale, il persiste de sentiment de déjà-vu, déjà ressenti. Une atmosphère morne au lieu d'être prenante. Le jeu torve des acteurs principaux sous Tranxene n'arrangent rien. Julia Stiles parcourt le film avec sa moue boudeuse qu'elle ne quittera hélas jamais. Scott Speedman tente d'en aire des caisses dans son rôle de père-qui-nen-veut mais rien n'y fait : son jeu limité flanque tout par terre. Un comble : les visages défigurés des enfants-fantômes en deviennent plus expressifs. Même Stephen Rea refait son numéro habituel, sans se forcer. Son acte de contrition n'est même plus crédible.

La progression relativement lente n'aide pas non plus, même si l'on sent un réel effort sur les changements de décors, l'attenante bienvenue des lieux et la qualité de la mise en lumière. Il y a un peu de budget et ça se voit. Le peu des rues colombiennes entrevues tiennent plus de l'exotisme de pacotille et du contrat à honorer que d'utilisation véritable de leur magie intrinsèque. Une scène comme celle du marché au début du long métrage s'avère ratée de par son côté, là aussi, de déjà-vu.

Le pire dans tout cela : on s'ennuie ferme. L'inévitable récit de la grand-mère locale qui raconte ses affres de passé et la disparition qu'il affecta sonne juste - mais apparait comme un passage obligé de tout film d'horreur. Voire en ce sens LA CASA DEL FIN DE LOS TIEMPOS (la vieille medium) ou encore OUIJA (la vieille gouvernante latino) qui possèdent les mêmes digressions narratives afin de faire comprend aux héros ce que le spectateur sait déjà depuis longtemps. L'art d'enfoncer les portes ouvertes érigé en obligation matérielle.

Si vous n'êtes pas exigeant en terme de frissons, OUT OF THE DARK remplira médiocrement sa mission. Privilégiant surtout les histoires de familles par rapport au récit surnaturel. Le climax final témoigne d'un manque absolu de savoir-faire sur un titre promettant justement quelque chose qui sort des ténèbres. Si vous cherchez le frisson médian ou même ou ou deux sursauts, passez votre chemin. Le film de Lluis Quillez s'en trouve dépourvu et emprunte un chemin hyper-balisé qui conçoit facilement sa place chez le tout public un dimanche soir devant un gratin de pâtes. Non pas que le film se révèle une croute sans nom : OUT OF THE DARK parvient juste à être totalement inintéressant.

Rédacteur : Francis Barbier
Photo Francis Barbier
Dévoreur de scènes scandinaves et nordiques - sanguinolentes ou pas -, dégustateur de bisseries italiennes finement ciselées ou grossièrement lâchées sur pellicule, amateur de films en formats larges et 70mm en tous genres, avec une louche d'horreur sociale britannique, une lampée d'Albert Pyun (avant 2000), une fourchettée de Lamberto Bava (forever) et un soupçon de David DeCoteau (quand il se bouge). Sans reprendre des plats concoctés par William Friedkin pour ne pas risquer l'indigestion.
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