Header Critique : DEUX YEUX MALEFIQUES (TWO EVIL EYES)

Critique du film et du DVD Zone 2
DEUX YEUX MALEFIQUES 1989

TWO EVIL EYES 

DEUX YEUX MALEFIQUES devait être à l'origine la possibilité de laisser s'exprimer quatre grands réalisateurs du cinéma fantastique sur le thème de Edgar Allan Poe. A la base du projet, cela devait donc être quatre sketches réalisés par Dario Argento, George A. Romero, Wes Craven et John Carpenter. A force d'attendre que les uns donnent leur accord, que les autres se libèrent d'un projet et que tout le monde s'entende, le temps passe. Wes Craven entreprend SHOCKER et John Carpenter est tout aussi occupé… On pense à d'autres réalisateurs tels que Clive Barker mais finalement le problème reste entier. Réunir autant de talents au même moment ou presque n'est pas chose aisée ! Tant pis, Dario Argento propose à George A. Romero de faire un film à eux seuls, ce qui supprime les problèmes. Enfin presque, puisque pendant toute cette période, les deux réalisateurs planchent ou rêvent de l'adaptation de différents écrits de Edgar Allan Poe. Il faut alors trancher. Plutôt que d'adapter "Le Masque de la mort rouge" déjà fait plusieurs fois, George A. Romero se tourne vers "La Vérité sur le cas de Monsieur Valdemar". Alors que Dario Argento choisit "Le Chat noir", sans se soucier du fait qu'il en existe déjà un grand nombre de versions.

Les films à sketches ont quasiment toujours la même structure. A savoir qu'il y a un lien menant à chacune des histoires. D'ailleurs, George A. Romero peut être considéré comme un spécialiste dans ce domaine puisqu'il a réalisé, écrit ou produit des films et séries TV du même genre (CREEPSHOW, CREEPSHOW 2, TALES FROM DARKSIDE…). Pourtant, DEUX YEUX MALEFIQUES échappe à la règle. Il n'existe aucun lien ni prétexte entre les deux histoires. On pourrait même les voir comme deux films indépendant puisqu'ils ont chacun leur propre générique. Une pratique étonnante s'expliquant peut-être par le fait que les deux segments sont assez éloignés dans leur style.

Romero met en scène son histoire à la manière d'une intrigue policière, assez sobrement. Une femme et son amant décident d'extorquer l'argent du mari mourant avant que celui-ci ne trépasse. Pour mener à bien leur projet macabre, ils utilisent l'hypnose, afin de soutirer la signature et l'accord téléphonique du vieillard cloué par la maladie dans son lit. Une histoire machiavélique dont l'élément fantastique se révèlera petit à petit. A la limite semblable à une vengeance d'outre-tombe inspiréé des EC Comics auxquels Romero avait déjà rendu hommage. Pourtant, contrairement à CREEPSHOW, le récit est filmé très (trop ?) sobrement. On notera d'ailleurs que Valdemar utilise une phrase similaire à celle de LA NUIT DES MORTS-VIVANTS pour appeler sa femme : "They're coming for you... Jessica".

Rod Usher est un photographe couvrant meurtres et mutilations. Une obsession morbide qui transparaît dans toute son œuvre. Un jour, un chat noir entre dans sa vie ainsi que celle de sa compagne violoniste. Une antipathie naît rapidement entre l'homme et l'animal, jusqu'au jour où le greffier disparaît sans laisser de trace. Le résultat probable d'une séance photo traumatisante. Même s'il y a toujours une intrigue policière derrière le récit, Dario Argento s'intéresse plus au personnage interprété par Harvey Keitel. On le suit durant son labeur, ses beuveries et même ses rêves. A l'inverse du sketch réalisé par Romero, celui-ci installe une véritable ambiance glauque, nous montrant le cheminement moral que subit le personnage.

En adaptant "Le Chat Noir", Dario Argento multiplie les références à d'autres écrits de Edgar Allan Poe. Ainsi, le photographe et personnage principal, s'appelle Rod Usher (LA CHUTE DE LA MAISON USHER), il photographie le décor d'un meurtre (en référence à la nouvelle "Le Puits et le Pendule", dont on trouve encore une adaptation de Corman avec LA CHAMBRE DES TORTURES) ou le fait que sa compagne se nomme Annabel ("Annabel Lee" ? Poème pressenti à l'origine pour le sketch de Argento !), etc…

Une grande partie des acteurs du sketch de Romero était déjà sous la direction du même réalisateur dans CREEPSHOW (Adrienne Barbeau, Tom Atkins ou E. G. Marshall). Ce qui est aussi le cas de Tom Savini qui s'occupe des effets spéciaux des deux sketches. Petite particularité, le fameux maquilleur apparaît dans le segment de Dario Argento, bien qu'il ne soit pas crédité au générique, dans la peau d'un tueur adepte de l'arrachage de dents. Puisque nous parlons du casting, si vous vous souvenez du docteur Zira dans LA PLANETE DES SINGES, voici une occasion comme une autre de découvrir Kim Hunter dans un rôle à visage découvert.

Il est amusant de constater que les deux histoires choisies avaient déjà été adaptées dans L'EMPIRE DE LA TERREUR, film à sketches des années 60 réalisé par Roger Corman. Des adaptations très différentes de celles de Dario Argento et George Romero dans le style et l'ambiance.

La copie du film utilisée n'est pas de toute première fraîcheur. On pourrait même parler d'un master vidéo puisque l'on peut voir apparaître un poil en bas de l'écran pendant une dizaine de minutes lors du sketch de Argento ou d'autres bidules non identifiés (voir à 0'08'24). Ajoutez à cela de nombreuses tâches et griffures sur la pellicule. Le résultat n'est pas impossible à regarder, tout de même, mais nous sommes loin d'un transfert à la netteté impeccable. Le rendu général étant de plus assez sombe... Nous avons, tout de même, connu bien pire !
A noter aussi l'apparition d'une bande noire sur le côté gauche de l'image au début de la scène du cimetière dans le segment du "Chat Noir". On suppose qu'il s'agit d'un problème lié au tournage du film et non du transfert...

Tout comme pour l'image, le son n'a pas bénéficié de grands soins. Enregistré à l'origine en Dolby Stéréo, on retrouve donc la bande-son anglaise en stéréo avec la possibilité de la décoder en Dolby ProLogic. Le gain sera assez maigre puisque c'est essentiellement la musique qui bénéficiera des canaux arrière. La bande-son restant localisée sur l'avant délivre un rendu assez plat. Il n'y a qu'une comparaison avec le doublage français, enregistré, lui, en mono, qui vous rappellera que la version originale est bel et bien en stéréo.

Trois filmographies seulement sur le disque. A vrai dire, elles sont succinctes, à l'image des deux mini-bios pour Dario Argento et George Romero. Pas de quoi pavoiser ! Enfin, l'éditeur nous propose un "Making-of". Seulement, il s'agit de celui du FANTOME DE L'OPERA ce qui n'a strictement rien à voir avec DEUX YEUX MALEFIQUES. Autant dire que du côté des Films de l'Astre ou de Gaumont/Columbia (le distributeur) on fait dans le remplissage flagrant. Nous sommes content de trouver des suppléments mais faut-il encore qu'il y ait une logique. Nous n'avons rien contre le fait de proposer un bonus supplémentaire en rapport avec un réalisateur, même si cela n'a aucun lien avec le film mais peut-être qu'il serait déjà préférable de proposer un minimum pour celui-ci.

Des deux sketches, celui de Dario Argento s'avère plus réussi et moins plat que celui de Romero. Cela ne veut pas dire non plus que celui réalisé par George Romero est à jeter aux orties. Mais comme tous les films à sketches, il y a presque toujours une inégalité qui se crée… Le DVD de DEUX YEUX MALEFIQUES est un peu à l'image de celui de LA PART DES TENEBRES, une curiosité pour qui aimerait finaliser sa filmographie de George Romero ou Dario Argento en DVD. Pour les autres, ce seront seulement deux histoires d'horreur moyennes, en regard d'autres œuvres des deux réalisateurs concernés !

Rédacteur : Christophe Lemonnier
Photo Christophe Lemonnier
Ancien journaliste professionnel dans le domaine de la presse spécialisée où il a oeuvré durant plus de 15 ans sous le pseudonyme "Arioch", il est cofondateur de DeVilDead, site d'information monté en l’an 2000. Faute de temps, en 2014, il a été obligé de s'éloigner du site pour n'y collaborer, à présent, que de manière très sporadique. Et, incognito, il a signé de nombreuses chroniques sous le pseudonyme de Antoine Rigaud ici-même.
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Du remplissage pour les bonus
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L'édition vidéo
TWO EVIL EYES DVD Zone 2 (France)
Editeur
Films Astre
Support
DVD (Double couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h55
Image
1.85 (16/9)
Audio
English Dolby Digital Stéréo Surround
Francais Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
    • Making of du Fantôme de l'Opéra (10mn16)
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