Matt Cordell repose en paix dans un cimetière suite aux massacres perpétrés par l'ancien flic à l'honneur bafouée. Mais il ne va pas rester longtemps inerte puisqu'il est ramené à la vie par un étrange rituel. Pendant ce temps, la policière Katie Sullivan est blessée lors d'un affrontement qui tourne mal. Mise en cause dans la mort d'un otage, l'inspecteur Sean McKinney prend sa défense sans savoir qu'un autre policier veille aussi sur elle, quitte à trucider ceux qui se mettent sur son chemin !
Alors que William Lustig planche sur un projet de film qui prend l'eau, il est contacté par la maison de production qui détient les droits cinématographiques d'éventuelles suites au premier MANIAC COP. Le réalisateur et le scénariste de MANIAC COP et MANIAC COP 2 vont donc de nouveau faire équipe pour un troisième film. Larry Cohen propose un premier jet de scénario qui, comme le film précédent, à une résonance avec les grands monstres classiques du cinéma, le tout ancré dans un pan de la culture afro-américaine. Mais assez vite, ceux qui financent le film mettent leur grain de sel dans les éléments de l'histoire originale au point d'en casser la structure. Des tensions vont alors naître au sein de la production et la situation ne fera qu'empirer tout au long d'une production qui ne sait pas vraiment où elle va ! William Lustig le dit lui-même, au bout d'un moment et par abandon, il ne venait sur le tournage que pour obtenir son salaire. L'idée originale de MANIAC COP 3 s'est ainsi totalement évanouie en cours de route à force de compromission face aux nombreux intervenants qui gravitent autour du film. Pris dans cette tourmente, Joel Soisson se retrouve donc dans une situation inextricable puisqu'il assure le suivi de la production. Un clash surviendra à la fin du film lorsque Joel Soisson se rend compte qu'il n'y a pas la matière suffisante pour atteindre la durée d'un long métrage. Refusant certaines idées de séquences à même d'étoffer le film, William Lustig claque la porte. Joel Soisson sera ainsi amené à tourner de nouvelles séquences qui viendront s'intégrer à ce que William Lustig a déjà mis en boîte. A l'arrivée, personne n'a envie de signer le film et le générique indique Alan Smithee comme réalisateur !
Ce qui aurait dû être une digne suite de MANIAC COP 2 se montre au final une expérience catastrophique de production ! Néanmoins, ce MANIAC COP 3 recèle, dans sa version finale, quelques passages intéressants et plusieurs idées surprenantes. Le souci, c'est qu'une partie des intrigues soulevées par ce nouveau film seront finalement abandonnées en cours de route. Les raisons pour lesquelles le flic des deux films précédents est ramené à la vie restent nébuleuses. Ainsi, l'implication d'un prêtre qui opère des rituels ressemblant au vaudou laissera dubitatif. Il apparaît déjà plus compréhensible que le tueur mort-vivant s'attache à une jeune policière qui se retrouve injustement accusée de meurtres. L'auteur original de MANIAC COP 3, Larry Cohen, ne s'en cache pas puisque l'intention d'origine était de faire une sorte de variation sur le thème de LA FIANCEE DE FRANKENSTEIN. Le tueur monolithique devient donc le gardien d'une policière qui aurait pu être son égal et dont l'idylle se concrétisera dans la mort. La dernière image du film étant un amusant clin d'œil à cette idée tout en laissant ouverte la porte d'un éventuel prolongement.
Si on retrouve William Lustig et Larry Cohen au générique de MANIAC COP 3, ce troisième film de la franchise ramène aussi le flic dur à cuire du métrage précédent. Pourtant, à l'origine, le personnage interprété par Robert Davi devait être un policier afro-américain. Cette modification fait ainsi partie des demandes qui ont été faites pour que MANIAC COP 3 devienne plus facile à vendre un peu partout dans le monde. Robert Davi fait donc son retour et se montre aussi dur que dans MANIAC COP 2. Son personnage ultra machiste lui permet tout de même d'emballer une femme médecin aux idées pourtant très éloignées de la justice expéditive. Une amourette pas franchement naturelle qui s'insère dans une intrigue déjà un poil encombré par des éléments parasites. On notera aussi la présence de Robert Forster qui avait déjà tourné avec William Lustig pour VIGILANTE bien avant que les cinéphiles «sérieux» ne découvrent l'existence du comédien que lorsque Tarantino le mettre à l'affiche de JACKIE BROWN. Le film donne aussi de petits rôles à Paul Gleason et Julius Harris. Forcément, on fait de nouveau appel à Robert Z'Dar pour donner une nouvelle fois sa stature monolithique au rôle titre. Par contre, le visage du comédien est à présent totalement recouvert d'un maquillage et on ne le reconnaît, finalement, que lors des flashs back issus du premier film. Il est aussi intéressant de constater que MANIAC COP 3 pioche des images dans MANIAC COP 2 comme lorsque le tueur monte un escalier en tirant sur ceux qui se mettent sur son chemin. Ce plan assez court est particulièrement étonnant puisque s'il était utilisé lors d'une fusillade dans un commissariat, elle est à présent mise dans le contexte d'un massacre à l'intérieur d'un hôpital.
MANIAC COP 3 est une suite qui s'insère dans la continuité du métrage précédent mais qui, dans le même temps, tranche radicalement avec la saga. Contrairement à MANIAC COP et MANIAC COP 2, le film est cadré en format large, lui donnant en apparence un aspect plus fortuné. La musique originale est abandonnée au profit d'une partition de Joel Goldsmith aux antipodes de ce que fait Jay Chattaway, compositeur pourtant récurrent chez William Lustig. Si l'on retrouve bien le personnage du flic mort-vivant, il apparaît évident que cette nouvelle aventure n'est clairement pas la troisième partie d'un triptyque mais bel et bien une aventure différente. Il est d'ailleurs conseillé de l'aborder sans attentes particulières pour apprécier ce qui peut l'être dans MANIAC COP 3. Il faudra surtout se raccrocher aux scènes d'action à l'instar d'une poursuite en voitures, séquence sortant de nulle part mais surprenante dans son genre. De même, le film fait encore quelques pas de plus dans la direction du cinéma d'horreur avec des images gores. Et si les deux films précédents n'étaient pas dénué d'humour noir, ce nouveau film présente quelques idées absurdes et au final amusantes. C'est le cas, par exemple, lorsque le tueur se met à jouer au ball-trap avec un passant dont il n'apprécie pas le discours. Du coup, MANIAC COP 3 n'est peut être pas aussi nul qu'on veut bien le dire, il s'agit surtout d'un film bancal, fait en dépit du bon sens mais qui ne se montre pas complètement mauvais. Une fois que l'on connaît les conditions de production du film, on en vient à comprendre que l'on assiste à des bouts de ce qu'aurait dû être MANIAC COP 3. Le monstre tapi dans un recoin sombre d'une chambre d'hôpital, veillant sur une policière dans le coma, en est la meilleure preuve !
Il y a ceux qui enterrent les œuvres qui les embarrassent. William Lustig ne fait pas partie de cette catégorie et cette édition de MANIAC COP 3 en est la meilleure preuve ! Le réalisateur déteste le film mais ça n'empêche pas William Lustig de traiter le métrage avec autant d'égards que les autres titres commercialisés chez Blue Underground ! L'éditeur a remasterisé MANIAC COP 2 en 4K, il en va de même pour MANIAC COP 3 qui dispose d'un magnifique transfert 1080p/24 au format cinéma respecté. L'image au format large, c'est même certainement la première fois qu'on peut le découvrir sur un écran. Cela ne fait pas du film un chef d'œuvre mais il est ainsi possible de redécouvrir un film qui était pourtant relativement soigné dans sa mise en image.
Pour le son, deux options se présentent sur le Blu-ray. D'un côté un nouveau mixage 5.1 en DTS HD Master Audio ou bien une piste originale en stéréo. Ce n'est sûrement pas aussi impressionnant que le rendu de l'image mais les deux pistes en version originale anglaise assurent leur boulot sans problème. Et pour ceux qui ne comprennent pas l'anglais, vous avez le choix de voir le film avec une bonne douzaine de sous-titrages optionnels. Pour le français, il y a même la possibilité de choisir entre des sous-titres canadien ou parisien. Cela dit, il n'y a apparemment que les insultes qui changent entre les deux car on peut noter des étrangetés sur le sous-titrage «parisien». Malgré ce souci, cela donne l'accès au film au plus grand nombre. Par contre, les divers suppléments ne sont pas sous-titrés…
Si vous êtes habitué aux suppléments policés, vous allez halluciner en découvrant le petit documentaire réalisé spécialement pour cette édition. Aucune langue de bois de la part du réalisateur, du scénariste ainsi que du producteur Joel Soisson. Les trois s'accordent pour dire que le métrage a été fait en dépit du bon sens et dans des conditions catastrophiques. De leur côté, les comédiens se montrent plus optimistes concernant MANIAC COP 3 et leur expérience sur le tournage. En effet, ce petit documentaire donne aussi l'occasion à Robert Davi, Robert Z'Dar, Gretchen Becker et Caitlin Dulany de partager leur souvenir du film. Toute la dernière partie donne la parole au cascadeur qui explique les difficultés de tournage ainsi que des anecdotes liées à la poursuite en voiture. Un documentaire franchement honnête qui revient sur une expérience qui a donc été vécue de manière très différente selon les intervenants !
Pour avoir une idée de l'intrigue originale de MANIAC COP 3, on peut lire de manière détaillée le déroulement de ce que le scénario aurait dû être. Un texte qui expose l'histoire du début jusqu'à sa conclusion qui n'a plus grand chose à voir avec MANIAC COP 3. On peut aussi découvrir plusieurs minutes de scènes coupées, présentées en haute définition, qui n'apportent rien de neuf mais qui prouvent que Blue Underground, et donc William Lustig, a fait un véritable travail éditorial sur ce titre pourtant mal aimé. Enfin, on peut aussi voir une bande-annonce ainsi qu'une galerie de photos et visuels liés au film.
Si ce texte évoque l'image et le son en haute définition du Blu-ray, il faut préciser que la boîte de cette édition de MANIAC COP 3 contient aussi un DVD. Celui-ci dispose d'une belle image issue du transfert 4K mais présenté ici en simple définition. De même, on peut suivre le film avec une piste 5.1 ou stéréo, les deux codés en Dolby Digital. Et, bien évidemment, tous les suppléments sont aussi disponibles sur ce DVD donnant l'occasion à ceux qui ne sont pas équipés en haute définition de redécouvrir le métrage dans de bonnes conditions.