Au moyen orient, un agent secret échappe de peu à la mort alors que son fils est enlevé sur une plage. De retour aux Etats-Unis, pourchassé par une organisation secrète, il se met à la recherche de son fils qui a des pouvoirs psychiques hors du commun !
Alors qu'il n'a que 23 ans, John Farris se fait connaître en publiant Harrison High, un livre auquel il donnera cinq suites de manière à développer les histoires des étudiants et enseignants d'une école américaine. Le livre est un tel succès que le cinéma s'en empare avec BECAUSE THEY'RE YOUNG de Paul Wendkos. Cela aurait pu orienter le travail de John Farris mais celui-ci est bien plus attiré par les récits horrifiques et surnaturels qui sont majoritaires dans ses écrits ! Toutefois s'il continue de publier des romans et nouvelles, l'auteur entretient des liens avec le cinéma. Il va ainsi travailler avec Brian De Palma sur un film tiré d'un livre de Mary Higgins Clark mais le projet ne se concrétisera pas. Entre-temps, en raison de l'intérêt pour la parapsychologie durant les années 70, la Fox achète les droits de Furie et John Farris ne laisse pas le choix au studio, le romancier adaptera son propre livre pour le cinéma. Cela s'explique certainement par le fait que plusieurs années auparavant, la Fox envisageait d'adapter When Michael Calls pour le grand écran avant de le transformer en téléfilm sur un scénario que John Farris trouvait plutôt mauvais comparé à son livre. Pour FURIE, la Fox peinant à trouver un réalisateur, John Farris soumet l'idée à Brian De Palma qui accepte, lui-même ayant du mal à financer l'adaptation d'un livre de science-fiction, L'Homme Démoli, jugé bien trop onéreux à l'époque. Cela tombe bien puisque CARRIE vient de sortir et son accueil rassure la Fox. En effet, CARRIE et FURIE partage des points communs dans les thèmes abordés. C'est ainsi que Brian De Palma se retrouve à la tête d'une commande à gros budget !
Pour sa version cinéma, John Farris élague violemment son livre pour rester dans le cadre d'un long-métrage à la durée raisonnable. Cela se ressent pas mal en raison d'un grand nombre d'idées soulevées par FURIE qui resteront sans explication à l'arrivée. Mais le film est mené dans sa majeure partie comme un thriller d'espionnage où un ancien agent tente d'échapper à ceux qui le poursuivent tout en essayant de retrouver son fils kidnappé. Ce contexte permet ainsi d'expliquer que l'on ne perd pas de temps à exposer certains enjeux ou éclaircir les absences du scénario. Cela fonctionne plutôt bien en ce qui concerne l'organisation secrète qui entoure le fils du héros et qui mène des expériences paranormales. En restant largement dans l'ombre, cette organisation aux motivations peu claires en dehors de son évidente implication dans la Guerre Froide s'inscrit totalement dans les récits d'espionnage et de complots nébuleux en vogue durant les années 70 à l'instar des TROIS JOURS DU CONDOR. Cela s'avère déjà moins probant à propos de l'étrange relation entre les deux jeunes gens doués de pouvoirs paranormaux. Il faudra l'accepter tel quel sans véritable raison ! A l'arrivée, FURIE se montre plutôt foisonnant et surtout intrigant voire même un peu frustrant. Toutefois, le métrage bénéficie d'une mise en scène talentueuse qui donne au film une véritable classe et ce même lors de séquences violentes ou carrément outrancières ! On y retrouve aussi des comédiens chevronnés comme Kirk Douglas ainsi que John Cassavetes en compagnie de Carrie Snodgress ou Amy Irving. Cette dernière avait d'ailleurs un rôle important dans CARRIE. Il est amusant aussi de constater la présence de comédiens inconnus à l'époque comme Daryl Hannah mais aussi Dennis Franz, déjà dans le rôle d'un policier en uniforme alors qu'il deviendra l'un des acteurs récurrents de la série policière CAPITAINE FURILLO. Enfin, les images du film mettent en avant une belle partition musicale de John Williams par endroits très inspirés par le travail de Bernard Herrmann. Autant d'ingrédients qui font de FURIE un film à redécouvrir même s'il ne s'agit pas vraiment d'un incontournable !
Si FURIE n'est pas un film très connu dans la filmographie de Brian De Palma, il va pourtant influencer d'autres métrages. Il est impossible de ne pas voir les points communs, que ce soit dans les thèmes ou les maquillages, avec SCANNERS que réalisera David Cronenberg peu après. De même, certaines séquences font penser au MESSE NOIRE d'Eric Weston, réalisé quatre ans plus tard, avec son jeune personnage démoniaque en lévitation au milieu d'éclairages très proche de ceux de FURIE. Même l'ouvrage de John Farris fera des émules puisque Stephen King, qui connaît le livre Furie, va écrire Charlie proposant une histoire similaire d'enfant doué de pouvoir psychique aux prises avec une organisation secrète. John Farris, lui-même, reviendra sur Furie puisqu'il écrira deux nouveaux romans de manière à former une trilogie une trentaine d'années plus tard avec Terreur et Pouvoir.
FURIE était sorti en DVD il y a plus de dix ans. La Fox n'avait pas fait un énorme travail se bornant à livrer un transfert 16/9 au format cinéma respecté perfectible avec, en bonus, une bande-annonce et une galerie de photos. Carlotta propose de revoir le film au travers d'un nouveau transfert en haute définition assez différent. Les défauts de pellicule ont disparu et l'image se montre bien plus belle. Toutefois, ce transfert 1080p/24 ne cherche pas à camoufler les problèmes liés aux prises de vue, ce dont nous parlions en 2002 dans notre chronique du DVD au moment de sa sortie. Du grain est particulièrement visible lors des séquences nocturnes et des flous se font sentir en raison des techniques employés lors du tournage. On peut difficilement voir cela comme des défauts du transfert qui retranscrit avec beaucoup plus de précision qu'auparavant l'image de FURIE ! Cette fois, le travail a été réalisé avec soin et cela se ressent grandement par rapport à la précédente édition DVD.
Pour le son, on retrouve le mixage 4.0 hérité probablement de l'édition DVD. Il n'était pas spécialement extraordinaire en 2002, il reste simplement fonctionnel en 2013. Par contre, il est présenté sur le Blu-ray en DTS HD Master audio non compressé alors que le DVD était en Dolby Digital. C'est surtout la musique de John Williams qui en tire profit, ce mixage restant assez sobre. Les puristes seront en tout cas content d'apprendre que l'on peut aussi voir le film avec la piste en mono d'origine, une nouvelle fois en DTS HD Master Audio, que ce soit pour la version anglaise ou le doublage français. Un sous-titrage dans notre langue est bien évidemment disponible.
Si l'on gagne beaucoup avec le nouveau transfert en haute définition, ce Blu-ray de FURIE se montre aussi plus expansif du côté des suppléments. Ainsi, on peut suivre une longue interview du directeur de la photographie, Richard H. Kline, qui se remémore le tournage ainsi que des anecdotes pendant un peu moins d'une demi-heure. La comédienne Fiona Lewis nous parle aussi de son expérience sur FURIE, particulièrement en ce qui concerne les effets spéciaux. Mais le plus intéressant, ce sont les trois quarts d'heures d'interview de Sam Irvin. Le futur réalisateur de OBLIVION, pour Full Moon, était alors un étudiant qui avait travaillé durant quelques jours sur le film tout en ayant la double casquette de journaliste pour le défunt magazine Cinefantastique reconverti depuis sur internet. Sam Irvin est assurément l'intervenant qui apporte le plus d'information à propos du film avec, en plus, un véritable enthousiasme communicatif. Bien que cela n'ait pas de lien direct avec FURIE, on peut aussi voir un très sympathique court-métrage, en partie autobiographique, de Sam Irvin intitulé DOUBLE NEGATIVE.
Brian De Palma brille par son absence dans les suppléments. On retrouve néanmoins le cinéaste au travers d'une interview d'époque diffusée dans une émission télévisée du Texas. Le souci, c'est qu'il est interviewé par Carolyn Jackson qui a manifestement le même intérêt cinéphile que les chroniqueurs de Télé Matin. Le résultat est au choix affligeant ou amusant surtout que l'exercice se poursuit avec trois autres intervenants qui ont le droit aux mêmes questions bateau. Le producteur Frank Yablans et les comédiennes Amy Irving et Carrie Snodgress. Ainsi, avec le producteur Carolyn Jackson finit par parler longuement de météo avec un curieux jeu de séduction. Ou bien on peut sentir qu'un malaise semble s'installer quand Carolyn Jackson aborde la maladie du fils de Carrie Snodgress. Ces interviews sont proposées de manière brute et offrent même quelques secondes «off» où l'on entend encore les intervenants s'exprimer sans l'image. Cela reste tout de même plus du niveau du document historique que de l'ajout réellement informatif ! L'édition française propose une petite présentation du film par Samuel Blumenfeld, coauteur d'un livre dédié à Brian De Palma, qui est inédite. En effet, l'édition anglaise propose tous les suppléments décrits ici, à part cette intervention de Samuel Blumenfeld, mais dispose en outre de la musique de John Williams de manière isolée. Malheureusement, ce supplément musical est absent du Blu-ray et du DVD français. Car si nous avons pu chroniquer le Blu-ray français, le même contenu est disponible sur un double DVD sorti à la même date ce qui comprend aussi la bande-annonce originale du film !