Header Critique : TEXAS CHAINSAW 3D

Critique du film
TEXAS CHAINSAW 3D 2013

 

Au milieu des années 70, Sally tombe dans les griffes d'une famille de texans qui traitent les touristes comme de vulgaires morceaux de viande. Après le découpage à la tronçonneuse de son frère et ses amis, elle parvient à s'échapper et prévient les autorités. Si la police arrive assez vite, les habitants de la ville débarquent de manière à lyncher les coupables de façon totalement aveugle ! Une quarantaine d'années plus tard, Heather apprend qu'elle a été adoptée et qu'elle est la dernière héritière de la famille Sawyer. Elle vient justement d'hériter de la vieille propriété familiale...

Platinum Dunes rencontre un beau succès avec MASSACRE A LA TRONCONNEUSE, le remake du mythique film de Tobe Hooper. La même boîte de production mettra en chantier une suite qui sortira en 2006, MASSACRE A LA TRONCONNEUSE : LE COMMENCEMENT. Assez mal accueilli, le film s'avère au final plutôt rentable mais Platinum Dunes décide de lâcher les droits de la franchise, estimant qu'ils en ont terminé avec la saga. Les détenteurs des droits, Kim Henkel et Bob Kuhn, vont alors trouver un nouvel acquéreur avec la maison de production des SAW en partenariat avec Lions Gate et Nu Image. De manière à donner un argument marketing imparable et somme toute logique, Twisted Pictures annonce alors un massacre en 3D !

Comme les précédentes suites, TEXAS CHAINSAW 3D fait le choix de se raccrocher directement au film original. Rappelons qu'après un pourtant excellent MASSACRE A LA TRONCONNEUSE 2, New Line avait produit LEATHERFACE qui oubliait la précédente suite pourtant réalisée par Tobe Hooper. Robert Kuhn et Kim Henkel feront de même avec TEXAS CHAINSAW (ou MASSACRE A LA TRONCONNEUSE : LA NOUVELLE GENERATION) qui préfère se raccrocher au classique des années 70. Pour TEXAS CHAINSAW 3D, il n'est pas question de prolonger les éléments mis en place dans le remake de 2003 et sa suite. On replonge donc une nouvelle fois aux sources, donnant l'impression que presque tous les films qui suivent le MASSACRE A LA TRONCONNEUSE original préfèrent renier les métrages des prédécesseurs. TEXAS CHAINSAW 3D est donc une suite directe du film de Tobe Hooper, il débute même à l'endroit où se terminait le film original. Le film va ainsi piocher des extraits dans MASSACRE A LA TRONCONNEUSE de manière à proposer un prologue où l'on retrouve le comédien Bill Moseley et où l'on force de manière pas totalement convaincante la 3D. Bill Moseley ? Voilà un choix assez surprenant puisque le comédien est donc inséré parmi les séquences du film original alors qu'il n'y a jamais participé. En réalité, le comédien avait un rôle important dans MASSACRE A LA TRONCONNEUSE 2 et sa participation à TEXAS CHAINSAW 3D laissera un peu perplexe dans le sens où il n'apparaît que durant une poignée de minutes en chef de la famille de dégénérés. Le film donne aussi un rôle à Gunnar Hansen, le tueur armé d'une tronçonneuse dans le tout premier film. Sa participation à TEXAS CHAINSAW 3D tient, là aussi, plus du clin d'œil puisqu'il fait surtout de la figuration avec une pauvre tirade dans le prologue. Et cette ouverture qui est sensé faire le lien entre MASSACRE A LA TRONCONNEUSE version 1974 et le film de 2013 est pour le moins étrange. En effet, elle ajoute un grand nombre de personnages absents du film original et qui apparaissent sur les lieux de l'action de façon pour le moins surréaliste. Mais, plus étonnant, la famille de cannibales est présentée de manière un peu différente, limite rejetant la faute du massacre sur le colosse à la tronçonneuse. S'ensuit un affrontement avec une populace déchaînée qui tue toute la famille, ou presque, avant de brûler la maison des horreurs ! Une mise en bouche curieuse qui se poursuit de nos jours avec une sorte de remake où quelques jeunes partent en van pour le Texas. Cette partie du film s'avère encore plus inquiétante avec de jeunes personnages, véritable caricature d'un slasher sans envergure !

Heureusement, TEXAS CHAINSAW 3D cache son jeu pour finalement se dévoiler lors d'un troisième acte bien plus intéressant ! L'histoire va prendre une direction ambiguë faisant du fameux tueur à la tronçonneuse une sorte de victime. Le prologue du film avec les villageois qui viennent brûler sa demeure donne alors l'impression de renvoyer à la créature de FRANKENSTEIN. Le fameux tronçonneur nous est ici présenté comme un attardé inconscient de ses actes. Après tout, Gunnar Hansen le dit lui-même au début du film. Tout cela pervertit complètement ce qui est mis en place dans le MASSACRE A LA TRONCONNEUSE original mais cela permet surtout à TEXAS CHAINSAW 3D de prendre une direction néo classique très inattendue. Jusqu'ici le tueur à la tronçonneuse était un tueur cannibale qui avait secoué le cinéma d'horreur de manière brutale au milieu des années 70. Cette fois, il va se rattacher à des influences gothiques comme JANE EYRE où l'on cache au fond de sa demeure de monstrueux secrets familiaux. Le film évoque aussi les violentes querelles familiales pour des lopins de terre, un sujet largement usité par le cinéma américain et particulièrement le Western. Bien sûr, le film se permet quelques reprises comme un tatou écrasé sur le bord d'une route ou une petite séquence avec des flashs d'images sonorisés d'un effet strident qui provient directement du film original. Mais TEXAS CHAINSAW 3D pioche aussi quelques idées dans les suites du HALLOWEEN de John Carpenter en tissant un lien familial entre le monstre et une jeune femme. On pourra aussi évoquer PSYCHOSE avec l'envie de garder près de soi un être cher bien qu'il soit largement décédé. Néanmoins, cette idée était déjà présente de manière fugace dans les films originaux alors que PSYCHOSE, comme MASSACRE A LA TRONCONNEUSE, prend vaguement sa source dans l'effroyable histoire vraie de Ed Gein. Si le métrage ne fait que recycler des idées déjà vues, il a tout de même le mérite de tenter de bousculer l'univers MASSACRE A LA TRONCONNEUSE et se montre bien moins inutile que, par exemple, le récent MASSACRE A LA TRONCONNEUSE : LE COMMENCEMENT.

Mais toutes ces bonnes idées se parent tout de même de plusieurs imperfections. Assez inégal, le film se découpe en trois parties distinctes qui s'améliorent au fur et à mesure de son déroulement. Laissant sur une note finale pas désagréable avec même une toute dernière séquence post-générique nous exposant très rapidement la plus belle image du film, affichant le mythique tronçonneur dans une pose agressivement réussie et accessoirement reprise sur l'affiche. Mais tout cela n'excuse pas les bourdes laissées par les scénaristes. Passons sur la continuité avec le film original, TEXAS CHAINSAW 3D se permettant un peu de révisionnisme. Mais en démarrant l'action au milieu des années 70 pour la continuer en 2012, cela pose un gros souci avec des personnages qui ne font pas leur âge. Ainsi, l'héroïne du film et ses amis semblent plutôt dans la vingtaine alors qu'il devrait toucher du doigt la quarantaine. D'autres personnages qui réapparaissent ici devraient être théoriquement à la retraite ou directement au cimetière. Pas de problème, ils reviennent sans trop avoir souffert des quatre décades qui viennent de s'écouler. Un souci que l'on oubliera en essayant de croire que l'action se déroule durant les années 90 et ce même si une séquence entière suit un personnage qui filme l'action avec un téléphone portable dernier cri. Autre point étonnant, le métrage se montre plutôt gentillet pour un film interdit au moins de 16 ans en France. On peut imaginer que c'est surtout l'ambiguïté des personnages bons ou mauvais (et inversement) qui a suscité une telle classification. Car en terme de violence, le métrage reste assez sobre et n'égale que très rarement la brutalité d'une franchise comme SAW ! Le métrage devrait se montrer beaucoup plus agressif au moment de sa sortie en vidéo puisqu'il aurait été expurgé de passages trop gores pour éviter d'écoper d'une classification «NC-17» aux Etats-Unis.

Dans le prologue, le film rappelle Bill Moseley, Gunnar Hansen et même de manière pas forcément évidente John Dugan. En effet, ce dernier reprend son rôle du grand-père qu'il tenait dans le MASSACRE A LA TRONCONNEUSE original. Mais ce ne sont pas les seuls à revenir dans TEXAS CHAINSAW 3D. Après avoir fait une petite apparition dans TEXAS CHAINSAW, Marilyn Burns, la survivante traumatisée du film de Tobe Hooper, interprète le rôle d'une mamie qui tient jusqu'à son décès le lourd secret de la famille ! Pour le rôle de l'inévitable victime féminine, Alexandra Daddario s'en sort de manière honorable. Enfin, pour l'anecdote, le film donne le rôle d'un jeune policier à Scott Eastwood, fils de Clint. Il suit ainsi les traces de son papa qui avait débuté dans de petites séries B horrifiques comme TARANTULA ou LA REVANCHE DE LA CREATURE, lui aussi en 3D... Justement, le relief du film n'est pas toujours totalement présent. Mais, film d'horreur oblige, il permet de souligner quelques effets chocs comme une tronçonneuse balancée directement à la figure des spectateurs ! De quoi assurer le spectacle de ce TEXAS CHAINSAW 3D qui s'avère plutôt une bonne surprise compte tenu des attentes placées au ras des pâquerettes !

Rédacteur : Christophe Lemonnier
Photo Christophe Lemonnier
Ancien journaliste professionnel dans le domaine de la presse spécialisée où il a oeuvré durant plus de 15 ans sous le pseudonyme "Arioch", il est cofondateur de DeVilDead, site d'information monté en l’an 2000. Faute de temps, en 2014, il a été obligé de s'éloigner du site pour n'y collaborer, à présent, que de manière très sporadique. Et, incognito, il a signé de nombreuses chroniques sous le pseudonyme de Antoine Rigaud ici-même.
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