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Critique du film et du Blu-ray Zone B
PAPERHOUSE 1988

 

Alors qu'elle est âgée d'une dizaine d'années, après avoir dessiné une maison sur une feuille de papier, Anna fait un malaise. Elle se retrouve alors près d'une maison isolée qui ressemble beaucoup à celle qu'elle vient de créer avec ses crayons. Dans les jours suivants, elle va s'apercevoir qu'en modifiant ce dessin, elle peut changer le contenu de ses rêves…

Auteur de livres pour jeunes enfants, Catherine Storr est un peu méconnue en France. Il faut dire qu'un ouvrage comme Polly la futée et cet imbécile de loups s'adresse à un public âgé de six à neuf ans et n'a pas réussi, faute peut être à des traductions un peu tardives, à se tailler la même réputation que dans son pays d'origine, la Grande Bretagne. En 1958, Catherine Storr publie Marianne Dreams, un ouvrage un peu plus mature qui connaîtra, une nouvelle fois, une certaine renommée en Angleterre. L'auteur britannique rédigera assez vite une suite intitulée Marianne & Mark de manière à prolonger l'histoire des deux héros au moment de leur adolescence, se rencontrant pour la première fois dans la vie réelle. La réputation grandissante du livre original mènera la télévision britannique à l'adapter sous la forme d'un feuilleton, ESCAPE INTO THE NIGHT, au début des années 70. Le même livre va donc susciter une transposition au cinéma qui deviendra PAPERHOUSE.

Directrice artistique qui a travaillé avec Ken Russel, Anne Tilby se lie d'amitié avec Catherine Storr ce qui lui donne l'opportunité d'adapter Marianne Dreams. Elle se tourne assez naturellement vers son compagnon, Bernard Rose, pour le mettre en scène. Le cinéaste est alors surtout connu pour la mise en image de clips vidéo. On lui doit ainsi la fameuse vidéo illustrant Relax de Frankie Goes To Hollywood. Si Anne Tilby apporte le projet et commence à l'écrire, le scénario de PAPERHOUSE sera finalement signé par Matthew Jacobs. Le scénariste était déjà l'auteur du premier long métrage réalisé par Bernard Rose, le thriller SMART MONEY. Trente ans après la publication du livre original, PAPERHOUSE n'en proposera pas une adaptation littérale et va prendre pas mal de libertés. Pas mal d'ajustements seront ainsi fait sur l'histoire. Des modifications parfois anecdotiques, comme le nom de l'héroïne, et d'autres bien plus importants à l'instar de l'épilogue. Néanmoins, une grosse partie de l'intrigue est conservée avec cette bizarre histoire d'une petite fille qui évolue durant son sommeil dans un décor étrange qu'elle a elle-même dessiné. Un concept qui ne pouvait que séduire une directrice artistique et un réalisateur de clip vidéo. Toutefois, PAPERHOUSE n'est pas simplement un exercice de style même s'il est, encore aujourd'hui, un métrage un peu hors norme ! En effet, le film de Bernard Rose est autant un drame intimiste qu'un film Fantastique, une histoire d'enfants et un métrage d'épouvante. Il s'agit de la véritable force de PAPERHOUSE et, dans le même temps, d'une certaine faiblesse. Pour être apprécier, il apparaît ainsi important de se laisser porter par l'ambiance étrange de PAPERHOUSE en laissant de côté des idées préconçues sur ce que pourrait être, ou ne pas être, ce film !

Au cinéma, l'univers du rêve est souvent le sujet d'intrusion comme dans LES GRIFFES DE LA NUIT ou encore DREAMSCAPE. Il est largement plus rare que l'univers onirique soit un simple lieu de rencontre, plus que de confrontation. Par certains côtés, PAPERHOUSE a donc bien plus de points communs avec PETER IBBETSON où deux amants continuent une romance impossible en se rejoignant dans leurs propres songes. Dans le film de Bernard Rose, on assiste donc bel et bien à une rencontre improbable. Celle de deux enfants qui existent dans la vie réelle mais qui font connaissance au travers d'un univers oscillant entre rêve et cauchemar. Evidemment, cette mise en relation n'est peut être que fantasmée, le film laissant planer un semblant de doute. Vraie ou pas, PAPERHOUSE utilise le face à face de ces deux enfants pour mieux cristalliser les problèmes de l'héroïne. Agée d'une dizaine d'années, Anna se trouve à une charnière entre les jeux de l'enfance et des considérations plus adultes. La séquence où elle discute avec une amie plus âgée en est le parfait exemple. Après s'être maladroitement maquillée, pour faire comme les grandes, et avoir rapidement parlée de flirt, elle préfère se lancer dans une partie de cache-cache très enfantine. Dans ses rêves et ses dessins, la petite fille exprime ainsi ses craintes et ses angoisses : le croquis d'une maison isolée avec un enfant seul alors qu'elle a le sentiment d'être abandonnée par son père et qu'elle est en marge de ses camarades de classe. Sa rencontre avec un nouvel ami inattendu, au sein de ses rêves, lui permettra de commencer à esquisser une personnalité plus mature.

Par toujours égal, adoptant des ruptures de ton inattendues ainsi qu'une fin tranchant énormément avec le reste du métrage, PAPERHOUSE est une œuvre imparfaite mais pour le moins unique qui mérite largement d'être redécouverte. Car son aspect étrange a fortement handicapé sa distribution à la fin des années 80. Le film ne sera finalement proposé que directement en vidéo dans la plupart des pays sans passer par les salles de cinéma. Plutôt dommage puisque PAPERHOUSE, en plus de son discours plutôt intelligent, propose une mise en scène soignée et aligne plusieurs séquences visuellement mémorables. Aujourd'hui, PAPERHOUSE donne un peu l'impression d'avoir été en avance sur son temps. Car le film de Bernard Rose se rapproche un peu des univers sombres et impossibles à classer de Neil Gaiman comme L'Etrange Vie de Nobody Owens ou surtout Coraline.

Curieux choix de la part de Metropolitan de proposer une belle édition de PAPERHOUSE puisque le film est totalement inconnu du grand public aujourd'hui. On ne va pas s'en plaindre surtout que ces DVD et Blu-ray viennent fêter dignement le 25ème anniversaire de PAPERHOUSE. L'occasion de redécouvrir le film en haute définition avec un transfert 1080p/24 particulièrement joli. Il offre une image très cinéma particulièrement bien venue puisque justement il ne fut pas possible durant les années 80 de le voir en salles. L'éditeur propose deux pistes audio qui remplissent parfaitement leur rôle et ce même si nous n'avons pas affaire ici à du 5.1. On retrouve donc les pistes stéréo d'époque, Surround pour la version originale anglaise, encodée sur deux canaux en DTS HD Master Audio.

L'éditeur ne s'est donc pas contenté de proposer le film mais a produit des suppléments spécialement pour l'occasion. C'est d'autant plus appréciable que l'on peut découvrir une interview récente de Bernard Rose. D'une longueur assez appréciable, cet entretien permet d'en apprendre plus sur la genèse du film et les points de vue du cinéaste qui deviendra, par la suite, le réalisateur d'un aussi étrange CANDYMAN. Bernard Rose, on le retrouve aussi dans une intervention un peu plus courte où il aborde la musique du film. On peut se demander pourquoi ce morceau de la même interview a été séparé du reste mais peu importe, cela reste tout aussi intéressant. Quelque peu surprenant, on peut aussi découvrir l'avis du réalisateur Pascal Laugier. S'il n'a aucun lien avec PAPERHOUSE sa longue interview, filmée de manière un peu «roots», apporte un autre regard vis à vis du film, de Bernard Rose mais aussi, plus largement, sur un pan du cinéma et une cinéphilie. Il a ainsi quelques avis forts pertinents comme lorsqu'il évoque la manière dont on pouvait, à une certaine époque, fantasmer des films parfois invisibles, sur la seule foi d'une photo dans un magazine qui suscitait alors l'envie de découvrir tout en attisant une vraie curiosité cinéphile. En plus de ces interviews, on peut voir un montage de photos et dessins qui ont été réalisés par Anne Tilby, directrice artistique de PAPERHOUSE, en amont de sa production. Enfin, pour clore cette belle édition du film de Bernard Rose, on peut aussi voir la bande-annonce originale de PAPERHOUSE.

Rédacteur : Antoine Rigaud
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L'édition vidéo
PAPERHOUSE Blu-ray Zone B (France)
Editeur
Support
Blu-Ray (Double couche)
Origine
France (Zone B)
Date de Sortie
Durée
1h32
Image
1.78 (16/9)
Audio
English DTS Master Audio Stéréo
Francais DTS Master Audio Stéréo
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
    • Interview de Bernard Rose
    • A propos de la bande-originale du film
    • Rencontre avec Pascal Laugier
    • Artworks du film
    • Bande-annonce
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