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Critique du film
EVIL DEAD 2013

 

Pour aider Mia, son frère et trois de leurs amis décident de s'isoler dans une vieille cabane au fond des bois. L'objectif étant de se couper du monde de manière à ce que Mia ne soit pas tenter de se droguer. Un sevrage radical qui va prendre un tournant cauchemardesque lorsqu'ils vont faire de terrifiantes découvertes dans la cave...

Au début des années 80, bien que ce ne soir pas vraiment son univers, Sam Raimi se lance dans la réalisation d'un film d'horreur sous l'impulsion du producteur Robert Tapert. S'ensuit une éprouvante aventure cinématographique qui donnera naissance à EVIL DEAD. Un impressionnant film d'horreur qui entraîne les spectateurs dans une expérience surréaliste où les débordements sanglants sont servis par une ingénieuse mise en scène. Le film va devenir au fil des années une véritable franchise à coups de merchandising, de bandes dessinées, de jeux vidéo et même une improbable comédie musicale (EVIL DEAD : THE MUSICAL). Mais depuis les années 90 et le troisième film, L'ARMEE DES TENEBRES, la saga EVIL DEAD est absente des cinémas. Quelques rumeurs se propagent à propos d'un quatrième film puis d'un remake avant que Bruce Campbell annonce que cela n'arrivera jamais compte tenu de la réaction négative des fans. Une déclaration contredite quelques années plus tard avec l'annonce très officielle d'un remake produit par Ghost House Pictures, la compagnie de production de Robert Tapert et Sam Raimi. Et pour remettre au goût du jour le film original, le projet est confié à un cinéaste uruguayen, Fede Alvarez, dont ce sera le premier long métrage !

EVIL DEAD, version 2013, s'ouvre sur une scène plutôt violente, exposant des cas de possession démoniaque. Une séquence d'introduction assez symptomatique du cinéma d'aujourd'hui où il semble important de dévoiler ce qui va suivre plutôt que tenter une présentation plus austère avant de créer d'éventuelles surprises. En même temps, les campagnes de promotion, à coups de nombreux extraits et de bandes-annonces très révélatrices, ne laissent plus de place à la découverte. Dans le cas de EVIL DEAD cela n'a que peu d'impact puisque le film s'installe sur un terrain largement connu. En dehors de quelques aménagements, le nouveau EVIL DEAD ne propose rien de bien neuf. Le film se montre même plutôt sage en comparaison de l'original. Pas en ce qui concerne les giclées sanguinolentes, les démembrements et autres découpages gores mais plutôt dans son ambiance. Extrêmement sérieux dans son approche, le film propose une mise en scène classe mais sans folie. Il faut bien le reconnaître, EVIL DEAD est un métrage extrêmement soigné visuellement mais qui ne réussit pas vraiment à susciter le même enthousiasme que l'original, pourtant produit avec des bouts de ficelles. Là où Sam Raimi réussissait à nous impliquer dans un spectacle démentiel, Fede Alvarez nous propose un film d'horreur relativement commun. Relativement car ce nouveau EVIL DEAD fait des choix assez surprenants. Par exemple, le cinéaste cherche à rendre très intemporelle l'histoire qu'il nous raconte. Aucune trace de téléphone portable ou d'éléments faciles à dater ne sont discernables, un peu comme si on ne voulait pas que le film soit abîmé par les années. Le thème de l'addiction à la drogue donne une dimension supplémentaire au film, son utilisation servant assez bien la première partie du métrage ainsi que les motivations des personnages. Enfin, EVIL DEAD ne fait pas dans la dentelle dès qu'il s'agit de montrer des horreurs a l'écran. Tout ne fonctionne pas au même niveau, passant du gore anecdotique à quelques plans qui font réellement mal. A ce niveau là, on ne peut pas dire que l'on puisse se sentir voler sur la marchandise...

Mais EVIL DEAD est un remake et il s'expose donc assez naturellement à une comparaison plus poussée. On sera ainsi pour le moins surpris par la représentation des possessions démoniaques. Dans le film original, les «créatures» prenaient des airs très inquiétants par un maquillage grotesque et des globes oculaires blanc. Dans le film de Fede Alvarez, l'option se montre plus «réaliste» en adoptant une esthétique oscillant entre L'EXORCISTE, particulièrement le troisième, et surtout les films de fantômes asiatiques. L'apparition d'une silhouette, habillée de blanc et aux cheveux sales, aura donc de quoi surprendre énormément dans le contexte d'un film intitulé EVIL DEAD. Sans compter qu'à force d'avoir vu des RING, des JU-ON et autres clones asiatiques, cette imagerie ne passe pas inaperçue et se montre ici peu innovante, voire même un peu décevante. L'approche «réaliste», on la retrouve aussi sur d'autres éléments du film. Par exemple, le pont coupé se montrait moins banal que l'événement empêchant toute fuite en voiture dans ce EVIL DEAD. On ne retrouvera pas non plus la manière dont était dépeinte la contamination suite à une douloureuse blessure avec un crayon dans le film de Sam Raimi. Une séquence mémorable qui laisse sa place ici à un passage de relais démoniaques tout ce qu'il y a de plus fonctionnel. On sera même surpris par le nouveau «look» du Livre des morts, arborant une nouvelle fois, un design bien moins étrange. Le film de Fede Alvarez se montre beaucoup plus fidèle en ce qui concerne la musique, la partition donnant parfois l'impression d'entendre des accents de la bande originale de Joseph LoDuca. Enfin, si le personnage de Ash n'apparaît pas dans ce nouveau EVIL DEAD, les fans de Bruce Campbell retrouveront le comédien dans une très courte séquence à l'issue du générique final. Une manière, en quelque sorte, d'adouber ce remake qui n'en est pas vraiment un puisqu'un EVIL DEAD 2 est déjà prévu tout comme un ARMY OF DARKNESS 2 alors que Sam Raimi aurait l'envie de lier le destin de Ash à celui des personnages du film de 2013. Au vu du succès remporté outre Atlantique par EVIL DEAD, la saga est à l'évidence relancée ! Mais le film de Fede Alvarez a tout de même de quoi laisser dubitatif. D'un coté, il est difficile de le rejeter en bloc dans le sens où le métrage est tout de même un film d'horreur assez réussi, hargneux et méchants. Mais de l'autre, il n'atteint pas vraiment le niveau d'intensité de EVIL DEAD ou encore EVIL DEAD II, datant de 1987 et, du coup, ne réussit pas à vraiment nous impliquer. Mais pour finir sur une note positive, il faut avouer que la comédienne Jane Levy se montre réellement impressionnante en incarnant l'un des rôles principaux de ce nouveau EVIL DEAD.

Rédacteur : Christophe Lemonnier
Photo Christophe Lemonnier
Ancien journaliste professionnel dans le domaine de la presse spécialisée où il a oeuvré durant plus de 15 ans sous le pseudonyme "Arioch", il est cofondateur de DeVilDead, site d'information monté en l’an 2000. Faute de temps, en 2014, il a été obligé de s'éloigner du site pour n'y collaborer, à présent, que de manière très sporadique. Et, incognito, il a signé de nombreuses chroniques sous le pseudonyme de Antoine Rigaud ici-même.
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