Header Critique : UNSEEN, THE (LES SECRETS DE L'INVISIBLE)

Critique du film et du DVD Zone 0
THE UNSEEN 1980

LES SECRETS DE L'INVISIBLE 

La journaliste TV Jennifer Fast (Barbara Bach) et ses deux collègues arrivent dans le village de Solvang, Californie, pour un reportage sur la fête locale. Leur réservation d'hôtel ayant fait défaut, elles cherchent en vain une chambre. Elles tombent sur le propriétaire d'un musée local, Ernest Keller (Sydney Lassick). Pour les aider, il les invite à sa maison de campagne pour y passer la nuit. Sa femme Virginia (Leila Goldoni) semble apeurée. Les 3 jeunes femmes ne se doutent pas que quelque chose les attend, tapi dans la cave.

Quelle excitation de voir en juin 1982 les affiches et le titre aussi prometteur que LES SECRETS DE L'INVISIBLE ! Nous allions enfin connaître ce qui se cache derrière cet invisible. Enfin... presque. Sorti en France dans une relative indifférence, apparu en VHS mais jamais réédité depuis, il est enfin ressorti en 2008 aux Etats-Unis sous la bannière Code Red.

THE UNSEEN a eu le temps de construire un petit culte auprès de quelques aficionados, certainement du à son caractère quasi... invisible. Plus que de raison peut-on dire, car le film demeure étrangement moyen après une nouvelle vision. Ceci posé, dans une décade happée par les slashers en tous genre, THE UNSEEN fait office de curiosité car s'oppose à ce traitement. En proposant une sorte de relecture de PSYCHOSE où cette fois-ci un simili-Norman Bates règle ses comptes avec son père. Avec les conséquences dramatiques imposées.

Mettons les choses au point de suite : on reste à des années lumière d'Alfred Hitchcock. Pour un budget d'1,2 millions de $ et 5 semaines de tournage, pas de chef d'oeuvre en vue. Le générique du film indique une réalisation de Peter Foleg... Qui n'est autre que Danny Steinmann, auteur d'oeuvrettes tous seins dehors telles que VENDREDI 13 CHAPITRE 5 : UNE NOUVELLE TERREUR et LES RUES DE l'ENFER. Il a préféré retirer son nom du générique suite à un désaccord avec le producteur Anthony Unger au moment de la postproduction (voir la partie bonus à ce sujet). Hormis le fait de repiquer l'argument de PSYCHOSE, le dialogue avec le père décédé qui fit revivre le drame à l'origine de tout, la ressemblance s'arrête là. Quoique. On y ajoute le regard d'Ernest Keller/Norman Bates dans la salle de bains mis à jour pour les années 80 (nudité gratuite de Loïs Young) et on sert le tout.

Bien que le scénario ait subit de nombreuses influences et réécritures, il s'avère pétrit de clichés inhérents au film d'épouvante. Entre les demoiselles dénudées en péril, «l'invisible» tapi dans la cave et qui va attaquer les donzelles, l'avortement c'est pas bien, et le tenancier pervers, on est bien servi. Dire que des personnalités comme Tom Burman, Kim Henkel et Stan Winston soient passées par là relèvent de la curiosité. Pour constater qu'ils ont été quatre pour pondre cela relève de l'exploit.

Car il en faut pour mettre en place trois jolies journalistes qui n'ont visiblement aucune idée de ce qu'est leur métier. D'y adjoindre le petit ami de la sublimissime Barbara «L'ESPION QUI M'AIMAIT» Bach, joué par Doug Barr (LA FERME DE LA TERREUR). Cette histoire de joueur de football combattant une blessure ne sert strictement à rien dans le film. Hormis un rebondissement final inutile, clairement ironique, mais vraiment stupide. Les deux compagnes de Barbara Bach manquent de tout : personnalité, intérêt... elles ne servent que leur propos de victimes. Et délivrer le quota de chair féminine inhérente au cinéma d'exploitation. Et le film met en ce sens un certain temps à démarrer.

Danny Steinmann mène pourtant un job intéressant derrière la caméra. Même si le film possède ce même look que de nombreux films de genre des années 80 (ah, cette photo vaporeuse !), et hormis quelques plans flous, le cadre est manié de manière experte. Et si le film manque cruellement de tension, il compense par une montée en puissance de la folie furieuse qui va culminer au final. Il tire pari au maximum de la famille dysfonctionnelle, des sujets aussi tordus que l'inceste, le parricide, et le syndrome de Down. En frôlant quand même l'exploitation pure et simple du mythe de l'attardé mental tueur. Bien qu'il ne soit pas techniquement responsable de meurtres (du moins non voulus comme tels), le film n'est pas tout à fait innocent là-dessus, même assez borderline.

Côté acteurs, Sydney Lassick et Stephen Furst volent la vedette à tout le monde. Lassick, tout d'abord, célèbre pour son personnage dans VOL AU-DESSUS D'UN NID DE COUCOU, mais dont les amateurs connaissent aussi les interprétations dans CARRIE, L'INCROYABLE ALLIGATOR ou encore SILENT MADNESS. Ici, son apparente innocence et son regard de fou électrisent le film, qui en avait bien besoin. Idem pour Stephen Furst (acteur, et réalisateur récent de BASILISK), dans le rôle de «Junior» (le fameux «Unseen/Invisible» du titre). Il est littéralement possédé par son rôle et, passée la surprise de son look, une évidence : il porte le dernier tiers du film sur ses épaules. Entre pathétique, admiration et gêne, son rôle reste spectaculaire et son interprétation paroxysmique. Aidé grandement par le splendide maquillage de Craig Reardon qui a opéré un petit miracle. Barbara Bach reste le principal attrait de l'affiche, mais pas en terme de jeu d'actrice. Pas déshonorante, elle reste même très convaincante dans le dernier tiers. Mais le récit étant peu axé sur son personnage, le spectateur s'en désintéresse progressivement.

Même les meurtres, dispersés au gré de la première heure, ne donnent guère le change. Ils sont expertement menés, et assez soft. Car THE UNSEEN, aux prémices des slashers gore, se veut plus un thriller d'épouvante macabre qu'autre chose. Et le le film ne décolle vraiment que vers la 55e minute, au moment où Jennifer pénètre dans la cave. Et le film ne va plus relâcher la pression. Pour culminer entre des affrontements familiaux où choc électriques, hurlements, coups de planches vont se succéder. Le duel entre Lassick et Furst est le clou du spectacle où, sans céder au cabotinage, les acteurs livrent des numéros d'acteurs au-dessus du lot. Cette dernière demi-heure est un climax à elle seule !

Pour les fatigués du slasher, THE UNSEEN se révèle une aimable récréation. Pas un classique, pas un ratage, mais quelque chose entre les deux, bien ancré dans les années 80. Ne serait-ce que pour la dernière demi-heure, THE UNSEEN vaut largement le coup d'oeil.

Code Red a vu les choses en grand pour célébrer l'arrivée de THE UNSEEN sur le marché du DVD. On peut raisonnablement se demander s'il s'agit d'une bonne idée de mettre autant de bonus et une édition deux disques pour ce film. Qu'importe, le fan de film de genre qui sommeille en chacun de vous ne peut que se réjouir de voir autant de marques d'intérêt. THE UNSEEN débarque en format 1.85:1 et 16/9e, d'une durée complète de 91 minutes et 48 secondes. La qualité est cependant assez médiocre. Dès le début du générique, les poussières noires et fourmillements abondent. Une définition parfois hasardeuse se mêle aux plans où le point n'est pas fait. Les contrastes restent mal gérés la plupart du temps et les scènes se déroulant dans l'obscurité ou la pénombre révèlent des noirs tendant plus vers le grisâtre. Des contours de détails parfois flous, et les gros plans sur les visages trahissent facilement ce souci. La lumière demeure assez douce, trop même, ce qui donne des couleurs disparates et bien atténuées dans les scènes extérieures. Pas de trace de compression notable.

La piste sonore anglaise est encodée en mono sur deux canaux, mais là aussi se révèle médiocre. Typique des fims bis des années 80 Lors de la fête dans le village de Solvang, certains dialogues entre Barbara Bach et Karen Lamm sont pratiquement inaudibles !

Le moins que l'on puisse dire après avoir pris connaissance des bonus : l'existence d'un ressentiment général à l'égard de Danny Steinmann !

Tout d'abord le commentaire audio du disc 1, avec l'acteur Stephen Furst, le producteur Anthony Unger, modéré par l'historien de cinéma Lee Christian. Dès le lancement, on sent quelques silences et moment gênés dès qu'il s'agit d'aborder le sujet du réalisateur. Selon Unger, un jeune homme passionné mais «difficile». Stephen Furst se demande à plusieurs reprises si Steinmann était là au moment du tournage de ses scènes... et dans l'interview de Tom Burman sur le second disque : énervé par le sujet, il n'était «qu'un fils de riche ayant fait un porno soft» (...) «qui n'avait aucune connexion avec l'histoire.» Ouch. Craig Reardon est plus politiquement correct, mais la tension était bien présente entre les deux.

Le commentaire s'avère classique, entre souvenirs de tournage et historique du film, mais c'est Furst qui apporte la dynamique espérée, tout comme les anecdotes les plus fun. L'ensemble tombe cependant un peu en panne au bout de 40 minutes, Unger en venant à parler de ses précédentes productions (NE VOUS RETOURNEZ PAS), relancé par Christian sur JULIUS CAESAR. Entre des silences répétés, l'expérience s'avère frustrante, car sans aucun rapport avec ce qu'il se passe sur l'écran.

Deux entretiens suivent : l'un avec Stephen Furst, jouant le rôle de Junior, reste la plus vivante, informative et la plus fun. Notamment sur le fait que Steinmann a failli l'électrocuter ! Doug Barr passe toujours aussi bien à l'écran mais reste très en surface et relativement poli sur son expérience. Enfin, le film annonce original complète le choix, tout comme les films annonces du catalogue Code Red.

Le second disque s'avère tout aussi riche. Tout d'abord un entretien de 38 minutes avec Craig Reardon. Un très bon client, avec visiblement une très bonne mémoire sur ce qu'il s'est passé sur ce tournage. Avec le lot incroyable de conflits qu'il a rencontré : tensions avec le réalisateur, menaces de procès de la part de Tom Burman sur le travail de Reardon... son premier travail en solo sur un film indépendant lui a beaucoup appris, selon ses dires. Puis la parole à Tom Burman (se faisant désormais appeler Thomas R. Burman) sur environ 25 minutes. Lui aussi possède sa petite histoire sur la genèse du film et les rapports difficiles entretenus avec Danny Steinmann. Passé cela, ses commentaires sur le monde des maquillages font toutefois l'effet d'un vieux con. Il n'a plus aimé faire de films d'horreurs, en clair trop sanglant pour lui. Et il y va aussi des réalisateurs ne faisant qu'un ou deux bons films puis ayant une carrière en chute libre (Coppola, Bogdanovich ou Friedkin. Quoique, sur ce dernier...) La grosse tête, Burman ? GREY'S ANATOMY ou PRIVATE PRATICE font mieux sur un CV que HALLOWEEN III, HAPPY BIRTHDAY – SOUHAITEZ NE JAMAIS ETRE INVITE ou MEURTRES A LA SAINT VALENTIN version 1981 ? N'importe quoi.

Un point particulièrement insupportable dans ces interviews : elles sont pauvrement filmées, avec une prise de son directe (passage de voiture, bruitages divers) ou deux morceaux de musique du film en fond répétés ad nauseam, qui empêchent parfois la compréhension des propos. Déjà qu'aucune option francophone ou de sous-titre n'existe pour cette édition, les anglophones ont intérêt à bien tendre l'oreille.

Et pour compléter cette édition, 46 photos de la collection privée de Craig Reardon sur l'évolution des effets de maquillage sur le tournage de THE UNSEEN.

Un dernier point négatif : le film sur le disque 1 est précédé d'une présentation de 24 secondes à la fois par Doug Barr et Stephen Furst... qui lâche un beau spoiler avant le démarrage du générique. Pffff.

Rédacteur : Francis Barbier
Photo Francis Barbier
Dévoreur de scènes scandinaves et nordiques - sanguinolentes ou pas -, dégustateur de bisseries italiennes finement ciselées ou grossièrement lâchées sur pellicule, amateur de films en formats larges et 70mm en tous genres, avec une louche d'horreur sociale britannique, une lampée d'Albert Pyun (avant 2000), une fourchettée de Lamberto Bava (forever) et un soupçon de David DeCoteau (quand il se bouge). Sans reprendre des plats concoctés par William Friedkin pour ne pas risquer l'indigestion.
56 ans
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Une édition de rêve pour tout fan de bis qui se respecte
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Un film somme toute moyen
Des interviews filmées à la hache
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L'édition vidéo
THE UNSEEN DVD Zone 0 (USA)
Editeur
Code Red
Support
2 DVD
Origine
USA (Zone 0)
Date de Sortie
Durée
1h32
Image
1.85 (16/9)
Audio
English Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Aucun
  • Supplements
      • Commentaire audio de Anthony Unger, Stephen Furst et Lee Christian Films annonce original (2 mn 11) Galerie photos du film (2 mn 29) Films annonce du catalogue Code Red
      • THE FARMER
      • BUTCHER, BAKER, NIGHTMARE MAKER
      • SOLE SURVIVOR
      • BEYOND THE DOOR
      • THE DEAD PIT
      • THE VISITOR
      • TERROR CIRCUS
    • Interview Doug Barr (6 mn 57)
    • Interview Stephen Furst (9 mn 22)
    • Interview Craig Reardon (38 mn 07)
    • Interview Tom Burman (24 mn 55)
    • Galerie photos (3mn50)
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