Header Critique : LE ZOMBIE VENU D'AILLEURS (PREY)

Critique du film et du DVD Zone 2
LE ZOMBIE VENU D'AILLEURS 1977

PREY 

La filmographie du réalisateur Norman J. Warren est une curiosité dans le cinéma fantastique anglais. Elle prend en effet son essor à la fin des années soixante-dix, alors que ce cinéma populaire s'effondre, avec l'essoufflement des productions Hammer ou Amicus. En 1978, Warren sort LE ZOMBIE VENU D'AILLEURS, plutôt tourné vers la science-fiction. Il s'agit d'une affaire modeste, tournée à toute vitesse , dans des décors réduits et avec une poignée d'acteurs, parmi lesquels Barry Stokes (habitué de la télévision anglaise et des petites productions britanniques) ou Sally Faulkner (vue dans VAMPYRES).

Un couple de femmes, Josephine et Jessica, recueillent dans leur maison un inconnu blessé. Elles ignorent qu'il s'agit d'un extraterrestre carnivore arrivé la nuit même en vaisseau spatial et laissé sur place pour une mission d'observation.

Le prétexte de LE ZOMBIE VENU D'AILLEURS n'innove pas puisque de telles histoires d'invasions malveillantes et sournoises, nous en avons vu un certain nombre. On le rapproche par exemple de NOT OF THIS EARTH de Roger Corman, dans lequel un envahisseur cherche à collecter du sang terrien pour ses congénères. Quant à l'apparence humaine adoptée par les extraterrestres pour nous duper, cela a été exploité maintes fois dans LES ENVAHISSEURS DE LA PLANETE ROUGE, L'INVASION DES PROFANATEURS DE SEPULTURES et autres I MARRIED A MONSTER FROM OUTER SPACE.

Si le sujet est banal, le traitement l'est moins. En effet, la maison que notre extraterrestre choisit comme point de chute s'avère occupée par un couple d'homosexuelles vivant des jours heureux. La confrontation des trois personnages tourne au psychodrame puisque l'irruption de l'intrus révèle les fissures et déséquilibres du couple. L'unité de lieu (un seul manoir et son parc) et de temps (moins de quarante-huit heures) apportent un côté théâtral à la chose, tout comme un évident minimalisme formel. L'arrivée du vaisseau spatial n'est révélé que par quelques éclairages dansant sur le visage d'un témoin tandis que pratiquement aucun élément de technologie futuriste n'apparaît à l'écran.

Ce huis-clos décrit donc la relation d'un couple de lesbiennes, la garçonne Josephine et la douce Jessica, pour lesquelles tout semble aller pour le mieux dans le meilleur des mondes. Mais l'arrivée du visiteur révèle le caractère sombre de Josephine. Sa bienveillance constante à l'égard de sa compagne masque une jalousie maladive, une haine de l'homme profonde et un caractère terriblement possessif... Voire franchement dangereux ! Le regard porté sur l'homosexualité recoupe certains clichés et rapprochements douteux : la femme la plus «masculine» du couple est en fin de compte une déséquilibrée grave.

L'extraterrestre s'avère un personnage froid, décalé, appâté par la viande sous toutes ses formes. Son air détaché, sa curiosité d'enfant, sa beauté physique et ses questions étonnantes en font un visiteur insolite, élément perturbateur dont les actions pourtant minimes sèment le trouble parmi ses hôtes. Il est un cousin du visiteur christique du THEOREME de Pasolini, dont la présence retourne tous les habitants d'une maison bien tranquille.

Le lecteur arrivé jusqu'ici peut penser que, décidément, LE ZOMBIE VENU D'AILLEURS s'annonce plus comme un film d'auteurs dépouillé que comme le joyeux produit Bis annoncé par son titre français. Pourtant, Norman J. Warren ne perd pas le nord et offre au public spécialisé des éléments provenant du cinéma d'exploitation. L'homosexualité des deux femmes permet de glisser quelques touches d'érotisme explicites tandis que l'extraterrestre se comporte aussi comme un curieux ancêtre du PREDATOR, affublé d'un modeste maquillage canin et se livrant à des méfaits sanglants.

Cet équilibre curieux entre cinéma underground d'une part et Bis débridé d'autre part définit la personnalité curieuse de LE ZOMBIE VENU D'AILLEURS, un film certainement à part dans le cinéma fantastique anglais. Hélas, au-delà de ce point de départ intéressant, de certaines qualités d'écriture et d'un ton a priori intrigant, il ne convainc guère sur la durée, la faute à des situations répétitives, des lenteurs évidentes et une interprétation virant à la franche hystérie. Ce métrage laisse sur l'impression d'une curiosité, qui ne convainc pas artistiquement.

LE ZOMBIE VENU D'AILLEURS arrive sur les écrans français assez tardivement, en 1981. En DVD, il est distribué dans notre pays chez l'éditeur Néo Publishing en 2006.

Ce disque propose une copie dont le cadrage 1.33 (4/3) s'avère hélas un recadrage du format panoramique 1.66 original (avec perte d'images sur les côtés). Précisons que les autres disques disponibles pour ce film (aux Etats-Unis ou en Grande-Bretagne) souffrent du même défaut. Cette copie offre une image correcte, dans les limites de ce que l'on est en droit d'attendre d'une telle production à micro-budget, avec par endroits quelques saletés visibles.

La bande son anglaise est proposée en mono Dolby Digital 2.0 assez passable, affligée de chuintements et de craquements ponctuels. Le résultat reste tout de même globalement audible. Nous avons aussi une version française d'époque et des sous-titres français. Notons que le film en version française dure 74 minutes et 39 secondes, alors qu'en version originale sous-titré il affiche une durée plus complète de 77 minutes et 44 secondes.

En terme de suppléments, Néo se limite à une interactivité vite parcourue, avec leur classique fiche technique ou des filmographies de Norman J. Warren, Sally Faulkner, Glory Annen et Barry Stokes. Nous trouvons aussi une bande annonce en anglais (cadrée en 1.85 [4/3]) ainsi qu'une sympathique galerie de photos. Nous sommes donc dans un certain minimalisme, éloigné de l'interactivité pléthorique du disque anglais sorti par Anchor Bay.

Néanmoins, le disque Néo a pour lui l'exclusivité d'options francophones, introuvables sur les autres éditions. Nous regrettons toutefois le recadrage subi par la copie proposée.

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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L'édition vidéo
PREY DVD Zone 2 (France)
Editeur
Neo
Support
DVD (Double couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h18
Image
1.33 (4/3)
Audio
English Dolby Digital Mono
Francais Dolby Digital Mono
Sous-titrage
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