Header Critique : AVRIL SANGLANT (APRIL FOOL'S DAY)

Critique du film et du DVD Zone 2
AVRIL SANGLANT 2008

APRIL FOOL'S DAY 

Le Slasher ou le genre qui ne veut (peut ?) pas mourir. C'est probablement ce que se sont dit les producteurs de ce APRIL FOOL'S DAY version 2008. Si cette dernière retient l'idée de la blague qui semble mal tourner, elle se dirige plutôt vers une nouvelle version de SOUVIENS TOI L'ETE DERNIER. Jusqu'à carrément plagier la première partie : à savoir le groupe d'amis bourgeois en proie à une mort accidentelle et qui voit leur vie bouleversée un an après. Ils commencent à périr les uns après les autres.

Les «Butchers Brothers» (un alias pour Mitchell Altieri et Phil Flores) avaient été remarqué par THE HAMILTONS, un métrage horrifico-fantastique qui possédait le mérite de sortir du lot habituel du film de vampire. L'histoire tournait déjà autour d'une certaine jeunesse inconsciente mais dans une optique de renouvellement d'un mythe. Cet exploit de revisitation s'arrête tout net avec APRIL FOOL'S DAY nouvelle mouture, dont d'ailleurs le terme de remake se révèle galvaudé pendant les 3/4 du film.

En 2008, le Slasher a déjà vécu de belles années. Les remakes tournent à plein régime. Hormis VENDREDI 13, l'année 2009 voit débarquer ceux de HOUSE ON SORORITY ROW ou encore MY BLOODY VALENTINE.. pour se poursuivre peut être avec de nouvelles version de TERROR TRAIN, SLAUGHTER HIGH, MOTEL HELL ou encore SILENT NIGHT, DEADLY NIGHT. Le process est si bien engagé qu'Hollywood prépare des remakes de suite de slashers ! Sauf qu'ici, on atteint un peu le fond du panier. Et que les réalisateurs n'apparaissent pas très heureux du résultat, vu qu'aucune interview n'a été accordée pour parler du film. Ceci explique peut être aussi l'absence de tout bonus relatif à l'édition DVD de cette production minimale de cinq millions de dollars ?

En 1985, la mode du Slasher était sur le déclin et le film original de Fred Walton (WEEK END DE TERREUR) arrivait au bon moment avec un brin d'humour. Mais ce type de produit sonne généralement le glas : dès qu'un genre est parodié ou abordé sous un angle d'humour noir, la chute n'est pas loin. Et hormis l'intérêt du tiroir caisse, on reste assez perplexe devant le choix de refaire WEEK END DE TERREUR. Car du nouveau scénario (partant de celui de Danilo Bach) ou de l'exécution, on reste à un niveau d'une médiocrité assez exceptionnelle pour rejoindre l'exécrable BAL DE L'HORREUR version 2008.

Pas moins de quatre personnes créditées pour l'écriture du scénario… de quoi se poser des questions sur la gestation du projet. Il semble qu'un scénario initial fut écrit à trois mains (le scénariste de l'original, Danilo Bach, puis les deux réalisateurs) avant qu'un quatrième larron ne vienne réécrire le tout (Mikey Wigart). Le récit tente une mise à jour de la formule avec l'inévitable gay de service (basé sur Perez Hilton ?), la touche «je connais mon sujet» avec l'apprenti-réalisateur, le politicien en devenir, etc. Ceci dit, qui doit être blâmé pour le résultat ? Mystère. En même temps, pas de quoi fouetter un chat borgne à trois pattes et se gâcher une soirée à savoir le pourquoi du comment !

Les connaisseurs de l'orignal vont rapidement déchanter, tout comme les autres spectateurs. Des morts banales, une violence hors champ sont couplées à un script qui tente les rebondissements à outrance et qui n'aboutit qu'à une vague mise à jour d'un roman d'Agatha Christie. Tout semble aller dans le sens d'une audience 12-16 ans nourrie de produits cheap et de Star Academy. Paillettes faciles, vie dorée et frissons bas de gamme – surtout sans une goutte de sang. L'action est relocalisée dans le sud des Etat-Unis (nous gratifiant au passage d'épouvantables accents du sud dans la version originale), espérant un semblant de critique sociale de cette jeunesse riche et insouciante. A peine esquissée, cette tentative s'avorte d'elle-même de par une action anémique d'un strict niveau télévisuel. Un peu comme si AMOUR GLOIRE ET BEAUTE se prenait à un risque de violence pour le show de 9h30 du matin. A y regarder de plus près, le spectateur a bien droit à un timide tranchage de gorge et un coup de fusil en pleine tête. Mais bon, rien qui n'ait déjà été fait ailleurs et en bien plus sanglant.

On notera tout de même une caméra très mobile qui tente de donner une impression d'urgence et d'action. Qui n'arrive cependant pas à masquer l'ennui qui se dégage d'un produit manufacturé qui ressemble à des dizaines d'autres tout aussi formatés. Quelques efforts afin de rendre le tout plus proche de notre nouveau siècle : un twist final de rigueur, tout comme l'original, avec un soupçon de nouveauté histoire de montrer qu'ils ne sont pas dupes du produit… mais cela tombe à plat, étant tout aussi cliché que le reste du métrage. Ce manque cruel d'ambition est soit du au fait de la volonté de départ de balancer le produit directement en vidéo dans la chaînes Blockbuster (par exemple) ou que la production/distribution, voyant le résultat, décida de ne pas se risquer à distribuer un produit aussi peu qualitatif et intéressant. Le spectateur le plus ardu se rabattra sur la plastique des comédiens et comédiennes retenus pour l'occasion. Non pas que leur jeu d'acteur soit exceptionnel, mais là aussi, le physique correspond strictement ce dont à quoi les machines à remake hollywoodiennes nous balance régulièrement. Et Taylor Cole n'arrive pas à la moitié du tendon d'achille de Deborah Foreman !

A part cela, rien de bien transcendant. Les décors utilisés sont particulièrement bien rendus (voir la fête finale, par exemple). L'interprétation, complètement translucide et là aussi complètement formatée, ne facilite en rien l'accroche au métrage. Le rendu insipide de l'ensemble n'en est que plus accentué. Les problèmes de ces pauvres petits fils et filles de riches n'émeuvent guère. Le traitement sage et prévisible du film achève le peu de prétentions que les Butcher Brothers pouvaient espérer mener.

Autre différence notable par rapport au film de Fred Walton, le format : les réalisateurs ont opté pour un 1.85:1 au lieu d'un format large anamorphique et le DVD Zone 2 proposé par Sony s'avère donc naturellement optimisé pour les télévisions 16/9ème en conservant le ratio d'origine. Le transfert est superbe : des couleurs riches, une absence de grain ou de toute autre problème de compression, des teintes de peaux naturelles : un beau travail. Côté sonore, un mixage en 5.1 à la fois pour les versions française et anglaise. Rien de surprenant ni de décevant : une utilisation de l'ensemble des canaux pour une création d'environnement sonore adéquat quant aux scènes proposées et une belle mise en avant du score pourtant discret et peu inventif de James Stemple. Mais cela sent un peu la post-synchronisation et le remixage à outrance : très peu de spontanéité espérer. Ce qui n'ôte pas le caractère de mauvaise blague que le spectateur ressent après la vision de ce film.

Rédacteur : Francis Barbier
Photo Francis Barbier
Dévoreur de scènes scandinaves et nordiques - sanguinolentes ou pas -, dégustateur de bisseries italiennes finement ciselées ou grossièrement lâchées sur pellicule, amateur de films en formats larges et 70mm en tous genres, avec une louche d'horreur sociale britannique, une lampée d'Albert Pyun (avant 2000), une fourchettée de Lamberto Bava (forever) et un soupçon de David DeCoteau (quand il se bouge). Sans reprendre des plats concoctés par William Friedkin pour ne pas risquer l'indigestion.
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L'édition vidéo
APRIL FOOL'S DAY DVD Zone 2 (France)
Editeur
Sony
Support
DVD (Double couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h27
Image
1.85 (16/9)
Audio
English Dolby Digital 5.1
Francais Dolby Digital 5.1
Italian Dolby Digital 5.1
Spanish Dolby Digital 5.1
Sous-titrage
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