Dans un monde dévasté par les morts-vivants, Aya erre à la recherche de Saki, sa sœur disparue. Un beau jour, alors qu'elle arrive jusqu'à un camp fraîchement ravagé, notre héroïne en bikini fait la connaissance de Reiko, grande adepte des armes à feu. Cette dernière est pour sa part à la recherche du Dr. Sugita, le scientifique dément à l'origine de la création des zombies. Comme la vie fait parfois bien les choses, Reiko informe Aya que Saki est prisonnière de Sugita. Parfait. Il n'en faut pas plus à Aya et Reiko pour prendre les armes côte à côte et foncer tout droit, défonçant au passage plusieurs centaines de non-morts aux goûts vestimentaires plutôt étranges…
Les Japonais ont une manière de «consommer» le jeu vidéo très différente de celle des Américains ou des Européens. Ainsi, bien avant l'avènement des jeux téléchargeables sur console, les joueurs de l'archipel avaient possibilité de se procurer à prix réduits des jeux «simpl(ist)es» aux coûts de développement très modérés. Les éléments «artistiques» (graphismes, bande originale, etc...) et scénaristiques y sont généralement secondaires et seul compte le plaisir immédiat, la distraction jetable. Parmi ces jeux, on pouvait trouver des casse-briques, des ma-jongs, de petits jeux de réflexion ou bien d'actions aux mécanismes de progression très limités. Sur Playstation existait ainsi la série des 1500 («Simple 1500 series») nommée de la sorte en raison du prix des jeux (en Yen, soit 12 euros environ). Sur Playstation 2 naquit celle des 2000, induisant sans surprise une hausse de prix (environ 16 euros). Chacune de ces séries comptera plus de 150 jeux aux qualités pour le moins variables. Le jeu qui nous intéresse ici portera le numéro 61 de la «Simple 2000 series», sera développé par la société Tamsoft et aura pour nom «The OneeChanbara» (ou «The OnêChanbara»).
Cette expérience vidéo-ludique vous met dans la peau de Aya, jeune demoiselle aux courbes enivrantes, simplement vêtue d'un chapeau de cow-boy, d'un boa et d'un bikini ! Armée d'un katana et d'incroyables compétences martiales, notre impudique héroïne n'aura qu'un seul but : Trancher du zombie des heures durant ! Particulièrement crétin, le jeu n'a donc d'autre prétention que d'offrir au joueur un cocktail «p'tites pépés + zombies» particulièrement nerveux et généreux en teintes rouges-sang. Ce premier opus sera du reste interdit au moins de 18 ans, tout comme les (nombreux) volets suivants qui sortiront sur Playstation 2 (numéros 80, 90 et 101), téléphones portables, XBox 360 et plus récemment Wii. Certains de ces jeux seront édités en Europe sous les titres «Zombie Zone» ou «Zombie Hunters» mais malgré cela, leur diffusion hors du Japon demeure très confidentielle voire anecdotique. Il est du reste probable qu'il en soit de même pour l'adaptation «live» qui déboule aujourd'hui, alors que personne ne semblait réellement l'attendre !
Réalisé par Yôhei Fukuda, le métrage prendra le nom de ONEECHANBARA : THE MOVIE au Japon et de CHANBARA BEAUTY à l'international. Le matériel promotionnel mais aussi les jaquettes DVD simplifieront curieusement le titre original (transcrit en rōmanji) en ONECHANBARA. Etrange car si «Onee» veut dire «grande sœur», «One» signifie en revanche «arête» ! Qu'importe et rassurez-vous, le film n'a pas pour ambition de mettre en valeur une arête de poisson samouraï… La trame scénaristique du jeu reste ici inchangée et se montre donc aussi légère que les bouts d'étoffe qui vêtent notre héroïne. Nous aurons ainsi droit à une quête des plus linéaires sur laquelle viennent se greffer quelques personnages et sous-intrigues sans grand intérêt. Les coïncidences heureuses sont ici légions et les rencontres improbables se multiplient jusqu'à l'arrivée ponctuelle d'ennemis plus coriaces faisant bien évidemment office de «Boss». Disons-le donc tout net : le script de CHANBARA BEAUTY n'est absolument pas le point fort du film ! Il serait même plutôt son talon d'Achille mais qu'importe car, à l'image du jeu dont il est issu, l'intérêt ne réside pas dans l'histoire contée…
En effet et comme nous l'avons déjà dit, CHANBARA BEAUTY tire toute sa «force» d'un cocktail d'action sexy des plus puérils. Commençons par évoquer l'actrice Eri Otoguro qui se glisse pour les besoins du film dans le bikini rouge de Aya. D'origine japonaise bien que née en Thaïlande, la jeune Eri donne habituellement dans le mannequinat. 2008 sera pour elle une grande année puisqu'elle marquera ses débuts au cinéma. On se rappellera ainsi l'avoir découverte récemment dans SHUTTER, remake américain tourné au Japon avec une équipe partiellement locale du métrage thaïlandais de Parkpoom Wongpoom et Banjong Pisanthanakun. L'apparition n'était cependant pas d'une grande ampleur et CHANBARA BEAUTY marque donc le premier rôle d'importance de la demoiselle. Pour ce film, elle honore partiellement son contrat et passe par conséquent le plus clair de son temps en sous-vêtements, à découper du zombie. A côté de cela, force est de constater que l'interprétation est plutôt limitée et que les compétences martiales sont totalement absentes. Bien que cela puisse être un problème au sein d'un film «normal», il s'avère ici que cela ajoute une touche de «candeur» et d'amateurisme qui s'accorde plutôt bien avec l'aspect particulièrement fauché de cette étrange production...
A ses côtés oeuvrera Manami Hashimoto, déjà bien plus habituée à l'oeil des caméras puisqu'elle est une «idole» posant régulièrement dévêtue ou du moins court-vêtue. Pour les besoins de CHANBARA BEAUTY, celle qui fût élue «Japan's National Beauty» en 97 (équivalent de notre Miss France) gardera toutefois ses vêtements. Notons d'ailleurs que ceux-ci sont très clairement inspirés de ceux portés par Mel Gibson dans MAD MAX 2 et que le personnage de Reiko use de surcroît du même flingue. Ce ne sera pas le seul clin d'oeil décelable dans le film et l'un des plus sympathiques s'adressera directement au KILL BILL de Quentin Tarantino. Nous retrouverons en effet ici la jeune écolière armée de son «Wolf teeth hammer» (ou «Lan Ya Chui», boule à pointe fixée au bout d'une chaîne). Apocalypse oblige, celle-ci nous apparaîtra maintenant sous les traits d'un zombie particulièrement habile !
En plus des références, CHANBARA BEAUTY fera aussi de nombreux emprunts, notamment à l'univers vidéoludique. La firme «D3 Corporation» nous fait par exemple inévitablement penser à la «Umbrella Corporation» de «Resident Evil» et ce même si, à la vue des locaux, le dépôt de bilan ne semble plus très loin ! Les scènes de bataille fleurent bon le «Dynasty Warriors», l'esthétique poseuse semble héritée d'un «Devil May Cry» et l'impact des coups les plus puissants fait bouger la caméra à la manière d'un «Tekken». Les protagonistes sont ici dotés de «coups spéciaux» particulièrement dévastateurs qu'ils rechignent toutefois à utiliser au moment opportun... Faut-il pour cela qu'ils «chargent» une barre comme c'était le cas dans le jeu ? Probable, d'autant plus que la notion de «power up» est clairement visible dans ce métrage se clôturant sur un duel à la «Dragon Ball» opposant deux «super-guerrières» très colorés. Ces influences, CHANBARA BEAUTY les assimile parfaitement et, contrairement à un HOUSE OF THE DEAD, nous les ressert sans trop de ridicule et sans le moindre recours à des inserts douteux.
Cette première véritable réalisation de Yôhei Fukuda parvient donc à marier habilement les deux univers que sont le jeu et le cinéma. Reste qu'il convient tout de même à la vision du métrage d'avoir l'esprit ouvert et ludique. Le manque de budget saute aux yeux à chacun des plans, les images de synthèses sont bien souvent laides, les maquillages grotesques et même le tatouage de notre héroïne n'est qu'un simple décalcomanie ! Ajoutons pour finir que les zombies sont ici tous vêtus d'un k-way kaki et, comble du mauvais goût, portent tous leur capuche ! Le film est par ailleurs handicapé par quelques problèmes de rythme et de nombreuses séquences ou dialogues inutiles.
Malgré ce bilan mitigé, CHANBARA BEAUTY reste un film attachant car assumant pleinement sa parenté avec un jeu au potentiel particulièrement faible. Le matériau d'origine était sexy en diable et con comme un manche de pioche ? Il en sera donc de même de son adaptation sur pellicule, modeste mais plutôt généreuse, imparfaite mais si sympathique qu'il devient bien difficile de lui jeter la pierre. Certains y verront là la magie du cinéma Bis en pleine action, d'autres un envoûtement par culotte soyeuse interposée mais en réalité, l'essentiel n'est-il pas que le charme opère ?
Si vous souhaitez vous procurer un boa blanc ou un bikini en soie rouge, sachez que DeVilDead n'est pas forcément le site de référence dans le domaine. Si en revanche vous êtes intéressé par le film, nous pouvons vous apporter un avis et vous faire part des différentes alternatives actuellement disponibles. Le premier réflexe pour acquérir un disque est bien évidemment de se tourner vers le pays d'origine du métrage. Manque de chance, le Japon fait payer à prix d'or ses petits disques versatiles et l'édition dite «Deluxe» de CHANBARA BEAUTY ne déroge pas à la règle. L'autre souci, vrai pour la plupart des disques nippons reprenant des métrages locaux, est l'absence totale de sous-titre. Voilà qui risque de bloquer le spectateur dans sa bonne appréhension de l'oeuvre, des motivations du méchant Sugita et des liens de parenté qui unissent zombies et héros (globalement, tout le monde est la soeur de tout le monde). Regrettable. Fort heureusement, l'industrie DVD hongkongaise nous vient en aide et, encore une fois, nous propose une alternative peu onéreuse et somme toute correcte.
Notons tout d'abord que la jaquette indique la présence de deux disques au sein du boîtier. Ce n'est malheureusement pas le cas et il n'existe à notre connaissance aucune édition double DVD du film à Hong Kong... Passée cette désagréable surprise, nous insérons le disque simple couche et arrivons bien vite sur un menu coloré mais bien pauvre. Un chapitrage, un menu de sélection audio, un autre de sous-titrage et le minois de cette chère Eri Otoguro en guise d'illustration. Pas l'ombre d'un bonus donc sur cette édition plutôt chiche. Reste que nous aurons possibilité de visionner le film en version originale japonaise DTS ou Dolby Digital 5.1 et ce avec un sous-titrage anglais. Quelque soit la piste pour laquelle vous opterez, elle se montrera dynamique, claire et plutôt immersive. Les basses ne seront en revanche que très rarement sollicitées... Notons qu'en plus de ces deux pistes, le disque nous propose un doublage amusant en cantonnais stéréo. Cette option n'a a priori aucun intérêt pour nous, d'autant qu'elle se montre particulièrement maladroite et sans relief.
L'image nous est pour sa part proposée au ratio 1.77 d'origine via un encodage 16/9ème à la définition très correcte. Au delà de cela, la qualité s'avère très variable, selon que nous avons à faire à des séquences nocturnes ou diurnes. Les scènes de nuit font ainsi preuve d'un grain prononcé retranscrit de manière parfois approximative. Les noirs sont alors très gris et les contrastes particulièrement pauvres. Il est assez probable que le matériaux d'origine soit en partie responsable car lors des séquences de jour, l'image est d'une qualité très appréciable, offrant une palette large et des couleurs vives...