Header Critique : MOTHER OF TEARS : LA TROISIEME MERE (LA TERZA MADRE)

Critique du film et du DVD Zone 2
MOTHER OF TEARS : LA TROISIEME MERE 2007

LA TERZA MADRE 

En Italie, après sa découverte accidentelle, une ancienne urne est envoyée à un professeur d'archéologie à Rome. Impatientes, les deux assistantes du professeur ouvrent la relique pour en découvrir son contenu. Ce faisant, elles vont redonner toute sa puissance à Mater Lachrimarum, la troisième mère…

Délaissant le giallo pour s'intéresser au surnaturel, Dario Argento signait à la fin des années 70 l'une de ses œuvres les plus marquantes avec SUSPIRIA. Trois ans plus tard, il lui donnait une suite avec INFERNO en forçant un peu plus une mise en scène insolite de l'horreur au détriment d'une narration cohérente. Cauchemar éveillé, les deux films posaient les bases d'un univers baroque sans commune mesure où la sorcellerie et la magie venues des temps anciens se dissimulent, de nos jours, derrière des façades cossues. La mythologie déjà en place et après avoir réglé leur compte à Mater Suspiriorum (SUSPIRIA) et Mater Tenebrarum (INFERNO), il restait à s'occuper de la troisième sœur, Mater Lachrimarum. Pourtant, Dario Argento ne va pas s'atteler à cette tâche après INFERNO. Le cinéaste retourne vers le thriller horrifique en tournant TENEBRES. Depuis 1980, le troisième film qui viendrait conclure la trilogie des «Trois Mères» se faisait donc attendre avec régulièrement des rumeurs plus ou moins avérées évoquant sa mise en chantier. Plus de vingt cinq années après INFERNO et trente ans après SUSPIRIA, Dario Argento boucle finalement MOTHER OF TEARS : LA TROISIEME MERE.

La période de temps qui sépare le précédent opus de MOTHER OF TEARS n'est pas négligeable. Dario Argento ainsi que le marché cinématographique italien ont considérablement changé. La comparaison d'une œuvre comme SUSPIRIA avec de plus récents essais cinématographiques de Dario Argento, par exemple LE FANTOME DE L'OPERA, laisse quelque peu dubitatif quant à la viabilité de proposer aujourd'hui une conclusion à cette «trilogie». Les craintes sont hélas justifiées et la vision de MOTHER OF TEARS fait penser aux dérives très «Bis» du cinéma italien des années 80. Les deux premiers films avaient été tournés en majeure partie en studio ce qui donnait aux deux films un aspect surréaliste renforcé par des éclairages primaires. MOTHER OF TEARS semble abandonner l'idée d'une continuité visuelle. Le film est ainsi le plus souvent tourné en extérieur ce qui empêche les mêmes libertés d'éclairages. Subsiste, ici ou là, quelques relents de l'esthétique des SUSPIRIA et INFERNO lors d'une poignée de séquences. Le reste du métrage étant plus largement baigné d'une lumière «réaliste» qui évacue presque totalement l'ambiance très particulière de ses deux écrasants prédécesseurs. La beauté formelle de SUSPIRIA et INFERNO apparaît surtout ici comme un souvenir nostalgique cédant sa place à une «réalité» crue et malheureusement dépouillée de ses charmes. Ainsi, d'un point de vue esthétique, la mise à mort du personnage de Valeria Cavalli perd de son ampleur grandiloquente pour exposer surtout une outrance violente que le Joe D'Amato de CALIGULA : LA VERITABLE HISTOIRE n'aurait pas renié. Plus que SUSPIRIA ou INFERNO, Dario Argento semble plutôt citer sa filmographie postérieure comme lors d'un passage évoquant, par exemple, PHENOMENA.

Autre point de divergence, MOTHER OF TEARS prend une direction très opposée dans le type de récit. Alors qu'ils instaurait une menace indicible et latente dans les deux premiers films, Dario Argento décide de mettre en images dans son troisième opus les prémices d'un vent de folie meurtrière qui toucherait toute la population. Une sorte de fin du monde mise en image avec un budget loin d'être au niveau de cette ambition apocalyptique. En effet, à l'écran, le déferlement de violence qui s'abat sur Rome ressemble à quelques faits divers perpétrés en banlieue. Puisque nous évoquons l'histoire, les deux premiers films étaient le fruit de Dario Argento et de Daria Nicolodi. Pour ce troisième opus, Dario Argento évoque de très nombreuses recherches dans le domaine de la sorcellerie, de l'alchimie et autres sciences occultes. Mais s'acoquiner pour l'écriture du scénario avec Adam Gierasch et Jace Anderson n'était peut être pas, dans ce cas, une option judicieuse. Les deux cinéastes américains ayant à leur palmarès des œuvrettes aussi impérissables que SPIDERS, CROCODILE ou MORTUARY. Ils ont scénarisé quelques films pour Tobe Hooper, autre cinéaste mythique à avoir grillé ses fusibles, ce qui amène le souvenir de LIFEFORCE et ce même si ce film n'est pas issu de leur plume. Quelques détails de MOTHER OF TEARS font donc penser à LIFEFORCE avec sa capitale européenne sur lequel s'abat un vent de violence, sa méchante aussi jolie que toute nue et sa fin assez similaire dans l'esprit. Carrément étrange même si l'on a du mal à croire que Dario Argento puisse être influencé par un métrage américain des années 80. En tout cas, le cinéaste italien a sûrement une très grande connaissance de son sujet (l'occulte, tout ça) mais le film n'en montre pas grand chose puisque rien de véritablement didactique n'en ressort. La plupart des éléments de MOTHER OF TEARS recyclent surtout ce qui avait été semé dans SUSPIRIA et INFERNO. L'un des efforts louables du métrage étant d'essayer de tisser des liens entre tous les films de manière, on le suppose, à asseoir ce troisième film au sein d'une «trilogie» où, à vrai dire, les intrigues n'ont jamais été le point fort.

Admettons que le type de récit, les mises à mort et l'esthétisme de MOTHER OF TEARS soient les témoins de l'évolution de Dario Argento. Mais, dans ce cas, comment expliquer les écarts du métrage aux abords du «Z» ? Le film met en scène d'outrageuses sorcières débarquant à Rome pour insulter les touristes et les passants, une Daria Nicolodi qui nous fait une parodie d'un spectre Jedi de STAR WARS, des effets gores flirtant par endroit avec des réalisations amateurs ou encore une Asia Argento qui assure ici sa plus mauvaise prestation en tant qu'actrice. Difficile de ne pas penser au FANTOME DE L'OPERA, autre film de Dario Argento qui n'hésitait pas à aligner des idées nageant dans les eaux du ridicule involontaire. La distribution met donc à l'écran Asia Argento, pour sa quatrième interprétation dans un métrage de son paternel, Udo Kier incarnant une rôle différent de celui qu'il tenait dans SUSPIRIA, Coralina Cataldi-Tassoni histoire de faire le lien avec LE FANTOME DE L'OPERA, Cristian Solimeno déjà adepte des suites très particulières avec par exemple HIGHLANDER : THE SOURCE ou bien Philippe Leroy, très «Bis» mais «Classe».

Mais ne torpillons pas totalement ce MOTHER OF TEARS. Le film a en effet une première demi-heure qui fait assez illusion. Dès les premières minutes, les chœurs et la musique de Claudio Simonetti donnent corps au spectacle qui se déroule devant nos yeux. Même le premier meurtre réussi à surprendre de par sa mise en scène délirante et grand guignol. Ensuite, il faudra mettre de côté le souvenir de SUSPIRIA et INFERNO pour se concentrer sur un métrage qui s'avère, dans son genre, relativement amusant au second degré. Quelques débordements sanglants pimentent les errances et l'initiation à la magie de son personnage principal, le film se terminant même dans une apothéose bordelico-gore en rupture avec le reste de MOTHER OF TEARS. La dernière partie du film semblent d'ailleurs essayer de se rattacher plus nettement aux parcours de SUSPIRIA et INFERNO. L'entrée dissimulée du repaire maléfique ressemble, dans l'idée, à la porte cachée de SUSPIRIA alors que son personnage principal traverse avec emphase les lieux comme le font la plupart des protagonistes des deux films précédents. Honnêtement, la déception est de taille. Peut être le film se bonifiera t'il avec les années, à force de se répéter que MOTHER OF TEARS n'est qu'un vilain cauchemar dans la filmographie de Dario Argento.

Quoi qu'on puisse en dire, la sortie en France de MOTHER OF TEARS : LA TROISIEME MERE est un événement. Sevent Sept soigne donc ce titre en sortant une édition double DVD. Le premier disque affiche une belle image au format cinéma respecté. On notera d'ailleurs que le film a été tourné en format large (2.35) alors que Dario Argento ne l'avait pas utilisé depuis TRAUMA et seulement sur SUSPIRIA dans le cadre de la «trilogie» qui nous intéresses ici. De belle facture, le transfert 16/9, compatible 4/3 (évidemment), ne devrait pas décevoir. Deux pistes sonores en Dolby Digital 5.1 sont disponibles, la version originale anglaise et un doublage français. Dès les premières minutes, le 5.1 en impose en emplissant avec musique et effets la zone d'écoute tout au long du film. Certes, le rendu n'est pas d'une très grande subtilité mais cela s'avère franchement très efficace !

Le premier disque contient des bandes-annonces dont celle de MOTHER OF TEARS. Mais les véritables suppléments commencent sur le second DVD. L'éditeur a demandé à Vivien Villani, auteur d'un livre sur Dario Argento, de s'exprimer sur le cinéaste italien et la «trilogie». Souvent pertinent, il sera tout de même difficile d'adhérer à certains propos comme l'évocation d'une autocensure de Dario Argento entre OPERA et ses épisodes des MASTERS OF HORROR (JENIFER et PELTS). Il suffit d'avoir vu la violence exacerbée du SYNDROME DE STENDHAL ou bien le gore décomplexé ainsi que l'évocation de la pédophilie ou de la zoophilie dans LE FANTOME DE L'OPERA pour s'étonner de tel propos. Son intervention, découpée en six parties, affiche en tout cas une véritable passion pour Dario Argento tout en évoquant sa visite sur le tournage de MOTHER OF TEARS. Quelques propos peuvent prêter à sourire suite à la vision du film mais on est fan ou on ne l'est pas. Dans le genre très amusant, le making-of officiel contient son lot de passages bougrement amusant à défaut d'être réellement informatifs. L'interactivité de cette édition continue avec une galerie d'une vingtaine de photos, des filmographies de Dario Argento et Asia Argento ou le Teaser italien de MOTHER OF TEARS. Un double DVD qui est, à notre connaissance, la plus complète pour ce film «événement».

Rédacteur : Antoine Rigaud
2025 ans
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Un film amusant si on met de côté ce qu'il est sensé être
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On n'aime pas
Grosse déception pour la conclusion de la "Trilogie"
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L'édition vidéo
LA TERZA MADRE DVD Zone 2 (France)
Editeur
Support
2 DVD
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h37
Image
2.35 (16/9)
Audio
English Dolby Digital 5.1
Francais Dolby Digital 5.1
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
    • Making-of (33mn)
      • Analyse du film par Vivien Villani (35mn36)
      • Les souvenirs du tournage
      • L'utilisation des effets numériques
      • La transgression chez Dario Argento
      • La documentation chez Dario Argento
      • L'origine des trois mères
      • Analyse d'une scène
    • Les photos de tournage
      • Filmographies
      • Dario Argento
      • Asia Argento
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