En charge d'un projet de mission spatiale, le docteur Ralph Harrison traîne des pieds faute de réussir à résoudre un point épineux. En effet, les pilotes sont mis à rude épreuve et la mission lui semble donc trop risquée pour expédier un être humain dans une fusée. Il va alors faire la connaissance du mystérieux Nordstrom qui a une solution à son problème sous la forme de Tobor !
Avec sous le bras un scénario de Philip MacDonald, le producteur Carl Dudley tente de monter TOBOR THE GREAT d'après sa propre idée de départ et avec l'ambition de réaliser un film en Scope et en couleurs. Mais il s'avère que le projet va être grandement revu à la baisse faute de trouver le financement nécessaire. Pour le distribuer dans les salles, Republic Pictures se montre intéressé par le projet et débloque un budget très limité. Finalement, TOBOR THE GREAT est tourné à l'économie et en noir et blanc par Lee Sholem, stakhanoviste de la pellicule qui enchaîne métrage fauché et série télévisée à la vitesse de l'éclair. Pourtant, la carrière du cinéaste débute plutôt correctement puisqu'il avait pu réaliser quelques Tarzan avec Lex Barker ou bien diriger Maureen O'Hara dans LA BELLE ROUSSE DU WYOMING. Mais il enchaînera par la suite tout et n'importe quoi lui assurant la réputation d'être un réalisateur fiable d'un point de vue économique. Sans génie, il tombe donc sur TOBOR THE GREAT et l'expédie avec professionnalisme donnant au film un rendu très statique voire télévisuel.
Au milieu des années 50, la conquête de l'espace en est encore à des balbutiements qui font passer le simple envoi d'une fusée dans l'espace pour la science-fiction. Cela n'empêche pas le cinéma de s'intéresser à ces nouveaux territoires inexplorés le plus souvent de manière fantaisiste. A l'instar de LA FEMME SUR LA LUNE ou DESTINATION LUNE, le scénario de TOBOR THE GREAT va s'intéresser au problème d'un voyage dans l'espace de façon quelque peu réaliste. Toutefois, si le film débute de manière très sérieuse à coups d'images d'archives, il va très rapidement se perdre en route pour ne proposer qu'une intrigue peu satisfaisante d'un point de vue scientifique. Dès que l'on entre dans la propriété du Professeur Nordstrom bourré de gadgets futuristes, TOBOR THE GREAT va surtout s'ingénier à nous raconter les mésaventures du gamin vivant dans les lieux et sa relation avec un robot futuriste. Le sujet d'un voyage spatial ne reviendra concrètement que lors de l'épilogue de l'histoire. Entre les deux, le gamin va donc jouer avec le robot pendant que des espions ont le plan de subtiliser l'être de métal pour le transformer en engin de destruction. Le traitement puéril de l'histoire, avec sa réalisation, finit d'achever un film qui aurait éventuellement pu se hisser au niveau d'un classique. Car le design de Tobor, «robot» épelé à l'envers, s'avère plutôt réussi tout comme les décors alors que les effets spéciaux, certes archaïques, sont des plus acceptables. Loin d'être un incontournable, TOBOR THE GREAT donne essentiellement la possibilité de découvrir son robot faute d'y trouver autre chose de réellement passionnant.
En plus de son robot, le film met en scène une brochette d'acteurs relativement anecdotiques qui ne font pas d'ombre à Tobor. Dans le genre qui nous intéresses, le film met vaguement en vedette Charles Drake, dans l'un des rôles principaux, alors qu'il était l'année précédente à l'affiche d'un METEORE DE LA NUIT le mettant un peu plus en avant. Pour donner un cachet un peu plus spectaculaire, le film va utiliser de nombreuses images repiquées ici ou là de façon à donner un côté plus grandiose à l'entreprise. Des stock-shots de tests humains en centrifugeuses ou de lancement de fusées, ressemblant étrangement aux bombes volantes V2, sont donc utilisés en grand nombre dans le film. Enfin, on peut noter que du côté de la France, TOBOR THE GREAT va changer de titre pour adopter un patronyme quelque peu mensonger. Car, il faut bien le reconnaître, LE MAITRE DU MONDE est un titre pour le moins déplacé puisque le robot n'entreprend jamais la conquête du monde.
Bien que le robot Tobor se soit vu expédié dans l'espace à la fin du film, cela n'empêche pas de ramener l'être de métal sur Terre pour les besoins d'une série télévisée. D'autres entorses seront faite par rapport à ce qui était décrit dans le film original mais, de toutes façons, seul un pilote sera tourné et la série ne verra pas le jour. HERE COMES TOBOR permet de retrouver le robot du titre ainsi qu'un môme interprété par un autre acteur. Cette fois, il est question d'une mission qui envoie nos deux héros sur un sous-marin nucléaire pour y affronter des pirates. Rien d'exceptionnel, cette tentative de série est à l'image du film… Bourré de stock-shots et de rebondissements infantiles qui s'avèrent encore pire que ce que l'on pouvait déjà voir dans TOBOR THE GREAT ! Peut être acceptable dans les années 50, le concept s'avère peu attrayant de nos jours. En tout cas, même à l'époque, il semblerait qu'aucune chaîne de télévision n'ait eu envie d'une telle série télévisée qui laissera ce pilote sans suite.
Disponible en Espagne sous le titre TOBOR EL GRANDE, le film de Lee Sholem est présenté avec un transfert plein cadre d'origine. L'image est loin d'être exemplaire et laisse apparaître un grand nombre de défauts. Instable, l'image est, de plus, pourvue d'un contraste un peu faiblard. Cela n'empêche pas de visionner le film mais il est certainement possible de mieux faire. Au moins, l'éditeur se rattrape en proposant des sous-titrages en espagnol mais aussi en français sur la piste anglaise en mono d'origine. A noter que tous les menus ainsi que les suppléments sont aussi traduit en français (filmographies ou le pilote de la série télévisée) alors qu'il s'agit d'un DVD commercialisé en Espagne.
En supplément, le DVD permet de voir la bande annonce, curieusement mieux encodée que le film, mais aussi de consulter des filmographies du réalisateur ainsi que des acteurs. Néanmoins, le supplément le plus intéressant s'avère être le pilote de la série HERE COMES TOBOR. L'aventure s'étire sur un peu moins d'une demi-heure et permet de découvrir un véritable complètement au film. La qualité laisse à désirer mais le document s'avère ancien et relativement rare. Comme d'habitude chez l'Atelier 13, le packaging est très soigné avec un digipack coloré pourvu, en plus, d'un livret illustré dont le texte est hélas en espagnol !