Le professeur Nordstrom (Taylor Holmes) créé un robot capable de remplacer l'homme dans le but d'effectuer le premier voyage dans l'espace. Le petit-fils du savant nommé Gadge (Billy Chapin - LA NUIT DU CHASSEUR) semble se lier d'amitié avec le robot nommé Tobor. Mais des espions ennemis tentent de s'en approprier le secret!
Hollywood était en proie à une vague de films de Science-Fiction depuis le début des années 50 et aussi bien de grands studios comme Universal (LES SURVIVANTS DE L'INFINI) comme de plus petites entreprises se mirent à élaborer de la SF pour un public toujours demandeur. Annoncé dans le magazine Variety en 1952 par le producteur Carl Dudley, TOBOR THE GREAT devait être réalisé par Edward Ludwig avec Richard Carlson en tête de distribution. Mais la maison de production fut incapable de réunir le budget nécessaire à tourner le film en couleurs et visiblement en format large. De ce fait, les ambitions furent revues à la baisse et LE MAITRE DU MONDE (titre français de sa sortie en août 1957) atterrit chez Republic Pictures, un studio B spécialisé en budgets moindres. Ce fut Charles Drake, frais émoulu de son rôle de shériff dans LE METEORE DE LA NUIT, qui hérita du premier rôle du Pr Harrison dans cette production qui se tourna en 15 jours en plein janvier 1954. Il faudra également préciser que l'acteur/cascadeur qui a souffert dans le costume contraignant de Tobor est J. Lewis Smith. Important car carrément oublié du générique!
Du premier draft de Carl Dudley, il ne resta pas grand chose. car l'ensemble est à mettre à l'actif de Philip McDonald, ayant participé au scénario de LA FIANCEE DE FRANKENSTEIN, auteur du RECUPERATEUR DE CADAVRES ou encre de LA LISTE D'ADRIAN MESSENGER. Côté réalisation, le film échu au stakhanoviste de la pellicule Lee Sholem. Ancien monteur, il fut responsable d'un nombre incalculable de serials, séries TV et films de série B entre quelques Tarzan fin de série avec Lex Barker ou du JUNGLE JIM Johnny Weissmuller. A l'instar de Lesley Selander ou de Sam Katzman, il était (re)connu pour ses tournages rapides, préparés et sans dépassement de budget.
Ce saut en arrière de plus de 60 ans amène à reconsidérer le cinéma B de SF des années 50 à avec un oeil plus indulgent qu'il ne fut par le passé. Cette histoire d'amitié entre un jeune garçon et un robot géant a de quoi faire sourire avec nos yeux du XXIe siècle… mais un peu de naïveté de ferait pas de mal à certains, dans notre société aujourd'hui percluse de cynisme économico-culturel. Pas de nostalgie d'un monde meilleur, mais une conception radicalement différente du cinéma de consommation courante qui, malgré les nombreux défauts, apparait comme curieusement rafraichissante à notre époque du tout-numérique. Même si, comme dans de très nombreux films, l'illusion de richesse passait par la reprise ad nauseam de plans similaires de stcok-shots présentant des décollages de fusées V2. On y échappe pas ici!
La conception de Tobor semble revenir au directeur artistique/chef décorateur Gabriel Scognamillo (de FANTOMAS de Paul Fejos jusqu'au TORMENTED de Bert I. Gordon!) et non pas, comme la légende le pointe, au spécialiste des effets spéciaux et directeur artistique Robert Kinoshita,- créateur entre autres de Robby le Robot dans PLANETE INTERDITE ou encore celui de la série PERDUS DANS L'ESPACE d'Irwin Allen. On est très loin du caractère impressionnant de Gort dans LE JOUR OU LA TERRE S'ARRETA et la motricité réduite de Tobor ne s'y prête guère. Mais le but recherché est tout autre que dans le film de Robert Wise. En fait, autant Robby ou Gort possèdent des personnalités à part entière, autant ici Tobor se trouve réduit à la portion congrue du robot de métal à la mission sacrificielle. Il s'agit d'ailleurs d'un des défauts du film : de ne jamais profiter pleinement des trouvailles du scénario, pour s'en remettre à un aspect purement fonctionnel du robot.
Un esprit de quasi Frankenstein plane sur la mise en route de Tobor! Le professeur Nordstrom possède un laboratoire qui s'éloigne radicalement de ce qu'on peut attendre de la création d'un robot dont la destinée est de prendre les manettes d'un vaisseau spatial. Pas de NASA aux alentours, mais des pièces cachées, un sous-sol secret… et un récit centré sur un enfant. a qui d'ailleurs le scénario n'hésitera pas à faire subir des tortures. Très étrange. mais en tous cas, la cible avérée de toucher la fibre d'aventure des jeunes spectateurs fut atteint, vu le succès remporté à sa sortie.
Il s'agit avant tout d'un film pour les enfants qui aiment les robots. Point. Et le réalisateur opère de manière très prudente ce fantasme devenu réalité. Eu égard aux moyens mis en oeuvre, certes, même si on soupçonne un budget un chouïa plus ambitieux que pour diverses productions Allied Artists ou Vogue Pictures de cette décade 50/60. En fait, le manque de relief de la mise en scène et la direction d'acteurs relativement indifférente trahit les origines télévisuelles de Lee Sholem. Le rythme indolent, basé principalement sur de longues explications de fonctionnement, de dialogues ne sont qu'entrecoupés occasionnellement. Tobor ravage un pièce ou encore la poursuite finale, assez amusante, où le robot vient en aide au petit garçon menacé par les méchants ennemis (communistes?) souhaitant dérober le secret de la fabrication de la bête de métal!
En fait, malgré sa lenteur apparente et sa mise en scène dépourvue de toute identité, LE MAITRE DU MONDE reste attachant. A voir impérativement avec une âme d'enfant qui s'écarquille les yeux devant une découverte phénoménale - même si cette dernière parait bourrée de défauts pour des yeux d'adultes blasés que nous avons touts tendance un peu à devenir…
LE MAITRE DU MONDE était déjà sortit il y a quelques années chez feu l'éditeur espagnol Atelier 13, avec des sous-titres français. Mais il s'agit ici, via Artus Films, de la première présentation du film en France. Ceci dans le coffret LA GUERRE DES ROBOTS, en compagnie de trois autres films : CYBORG 2087, OBJECTIF TERRE et CREATION OF THE HUMANOIDS. A l'instar des menus de chaque film du coffret, un accès au film, à 8 chapitres ( dont la numérotation a du subir un petit souci d'encodage, le chapitre 4 devenant le sigle du Yen, entre autres!), au diaporama et au film annonce. Il se trouve sur un DVD Zone 2 double couche, en format 1.33:1 noir et blanc d'origine, et d'une durée complète de 73mn39.
Video : malgré les quelques poussières noires et une définition aléatoire, la copie maintient une certaine linéarité dans la qualité offerte le long du film. Les plans d'ensemble sont résolument flous (à 23mn19, le plan avec Tobor suspendu en l'air) mais de manière générale, si l'on tient compte du budget réduit et que le film a 63 ans au compteur, la vision ne s'en trouve pas trop gênée.
Audio: deux possibilités ici, la version doublée en français et la version originale anglaise (avec sous-titres optionnels, à activer depuis votre télécommande car non sélectionnables depuis le menu du disque), toutes les deux en Dolby Digital Mono encodées sur deux canaux. Une agréable VF, aux dialogues qui se détachent bien et enregistrés assez haut, mais avec une perte de l'ambiance originale. En effet, le doublage va jusqu'à totalement oblitérer la partition musicale qui accompagne les scènes! Voir par exemple à partir de 6mn54, le dialogue entre Harrison et le Commissaire où les bruitages et la musique disparaissent de la VF. Il s'agit d'un ton en dessous pour les dialogues de la VO, mais qui laissent transparaitre beaucoup mieux les effets sonore et donc, l'ensemble de la musique originale composée pour le film.
Bonus : LE MAITRE DU MONDE se trouve donc dans le coffret de 4 films nommé LA GUERRE DES ROBOTS. Avec en menu disque le choix du film de Lee Sholem, mais aussi de CREATION OF THE HUMANOIDS. On y retrouve le film annonce (en VO non sous-titrée) plus un diaporama dédié au film: à noter les très belles photos d'exploitation US en couleurs - et également en noir et blanc. Le coffret contient également un autre disque contenant OBJECTIF TERRE et CYBORG 2087, tout comme un court livret de 12 pages sur le sujet des robots dans le cinéma de SF US entre 1951 et 1966, par Alain Petit. Puis les cartes postales des 4 films et le catalogue de l'éditeur.
Un regret : de ne pas bénéficier de l'épisode pilote de la série TV qui suivi le film. HERE COMES TOBOR était en effet présent en supplément de l'édition espagnole, absent hélas ici. La série ne trouva pas preneur à l'époque, et l'épisode ne fut jamais diffusé à la télévision américaine.