Témoin involontaire d'un meurtre, Sean Jones est escorté par le FBI de Hawaï vers Los Angeles à bord d'un avion de ligne. Mais son témoignage risque de ne jamais être entendu puisque le coupable a pris des mesures pour que le vol 121 dans lequel Sean Jones voyage ne se pose pas en un seul morceau...
A la lecture du titre, tout est dit ! DES SERPENTS DANS L'AVION, c'est donc des serpents agressifs qui se baladent dans un avion. Impossible d'être plus clair concernant cette série B qui s'assume complètement. Et pourtant, ce n'est pas forcément gagné puisqu'un tel titre peut faire rapidement passer le métrage pour un machin fauché destiné à s'écraser au fond des bacs à soldes. Ce serait un peu comme sortir des DVD de qualité sous un label portant le nom Le Chat Qui Fume. Et pourtant, même si cela ne fait pas sérieux, il faut bien reconnaître que l'on ne doit pas s'arrêter à ce genre d'a priori sans avoir juger sur pièce. Car dans le cas du Chat Qui Fume ou DES SERPENTS DANS L'AVION, on en a pour son argent. L'acteur Samuel L. Jackson n'a d'ailleurs pas hésité une seconde à jouer dans le film sur la seule foi du titre estimant qu'il avait résolument envie que son nom apparaisse sur une affiche arborant DES SERPENTS DANS L'AVION ! Il faut aussi préciser que Ronny Yu, avec lequel il avait tourné LE 51ème ETAT, aurait du en assurer la réalisation. Le cinéaste asiatique ne fera pas long feu dans l'avion et préférera s'éclipser pour différents artistiques, comme on dit. C'est donc David Richard Ellis (DESTINATION FINALE 2) qui reprend les commandes.
Le titre, à la limite de la blague, va servir le film de façon inattendue puisque durant son tournage, des internautes se mettent à délirer sur DES SERPENTS DANS L'AVION en produisant fausses affiches, fausses bandes-annonces et autres activités autour des maigres infos à leur disposition. Tout d'abord prévu pour être un film à destination des adolescents, New Line fini par changer d'orientation face à cette publicité gratuite relayée par des fans qui n'ont encore rien vu du film ! Il est alors décidé d'épicer le métrage et de le faire passer du statut de PG-13 à R (en gros d'une tranche de 13 ans vers les adultes). Une rallonge de budget est ainsi donnée au réalisateur qui prépare pendant quelques mois cinq nouvelles journées de tournage où Samuel L. Jackson revient balancer des jurons supplémentaires, un couple retire ses vêtements pour une partie de jambe en l'air jusque là habillée ou encore l'ajout de quelques passages plus saignants voire osés comme une morsure qui donne plus de couilles au film. Si la plupart des éléments s'avèrent bien intégrés au reste du métrage, on pourra tout de même tiquer sur quelques petits plans qui ont l'air un peu plaqués là de manière artificielle. Mais, après tout, ce n'est pas très important car l'ensemble du film fait largement illusion en tant que série B décomplexée !
Toutefois, DES SERPENTS DANS L'AVION n'innove pas totalement. Se plaçant à mi chemin entre le thriller aérien menant à une catastrophe (747 EN PERIL, ALERTE A LA BOMBE...) et le film horrifique plaçant les personnages face à une menace animale, le film de David R. Ellis n'est pas le premier à utiliser de vilaines bestioles comme passagers clandestins d'un voyage aérien. On évitera de vous servir une fameuse scène des AVENTURIERS DE L'ARCHE PERDUE puisque le reptile n'a rien de mortel. Par contre, on se souviendra de façon plus pertinente d'un passage de L'HORRIBLE INVASION, réalisé par John Bud Cardos, où le pilote d'un petit biplan est assailli de tarentules en plein vol. Avec le téléfilm TARANTULAS : THE DEADLY CARGO, ce sont des araignées du même type, en provenance d'Amérique du Sud, qui se planquent dans une cargaison de café pour aller mettre le bronx aux Etats-Unis. Toujours dans le domaine des insectes qui volent en première classe, on évoquera encore FLYING VIRUS avec ses vilaines abeilles voyageuses ou encore TAIL STINGS et ses scorpions mutants qui décident de tuer tout ce qui se trouve à bord d'un avion ! En soit, l'idée n'a donc rien de bien neuf si ce n'est d'axer quasi intégralement le film sur ce concept en utilisant, cette fois, un large panel de serpents disparates comme nuisance mortelle.
Sans se prendre trop au sérieux, DES SERPENTS DANS L'AVION a le mérite de foncer tout du long sans relâcher son rythme. Le film exploite assez bien les maigres possibilités permises compte tenu de l'espace restreint et nous ressert, au passage, les clichés du film catastrophe aérien («Y'a t'il un pilote dans l'avion ?», dépressurisation, limite de temps, personnages stéréotypés...). Si on pourra éventuellement trouver certains traits d'humour un peu lourds, le tout se tient correctement en tant que divertissement efficace. Et ce ne sont même pas les quelques plans douteux de reptiles en images de synthèse qui terniront le plaisir de voyager à bord du vol 121 en compagnie d'acteurs qui n'hésitent pas à jouer le jeu : Samuel L. Jackson en tête mais aussi Julianna Margulies, Nathan Phillips, Sunny Mabrey, Elsa Pataky ou encore l'excellent David Koechner. Il n'y a aucune erreur, DES SERPENTS DANS L'AVION, c'est bel et bien de la série B qui ne vise pas les Oscars mais qui remplit sans problème son cahier des charges pour le plus grand plaisir du spectateur.
Après avoir peuplé les cinémas, les serpents s'incrustent sur le DVD édité par Metropolitan. Rien à redire, le boulot est d'excellente qualité. L'image au format cinéma (2.35 environ) se paie un transfert 16/9 particulièrement réussi. Contraste, couleurs, définition et compression sont maîtrisés ! Les pistes sonores ne sont pas en reste. Hélas, Metropolitan ne suit pas l'exemple de certains de leurs titres récents (disponibles sur deux disques, il est vrai), comme THE DEVIL'S REJECTS ou SILENT HILL, et l'on n'aura donc pas la possibilité d'une écoute en DTS pour la version originale anglaise. Les amoureux du gros son pourront bénéficier du DTS seulement sur le doublage français. Le Dolby Digital 5.1 sera la solution de repli puisque disponible en anglais et en français. Toutefois, il faut reconnaître que toutes les pistes assurent le spectacle de façon spectaculaire !
Du côté des suppléments, on trouvera à boire et à manger. Cela démarre avec un commentaire audio où se pressent derrière le micro le réalisateur, Samuel L. Jackson, deux producteurs (Craig Berenson et Tawny Ellis), un spécialiste des effets spéciaux (Erik Henry) et le réalisateur de seconde équipe (Freddie Hice). Une demi douzaine d'intervenants qui devrait assurer un flot de paroles riche et continu. Ce n'est pas vraiment le cas puisque l'on ne comptera pas l'absence d'intervention où l'on suppose que tout le monde goûte simplement la vision du film. Et pour ce qui est des informations pertinentes, ce n'est pas gagné non plus puisque Samuel L. Jackson et David R. Ellis délirent à plein tube. Au milieu de tout cela, on pourra y glaner quelques informations inédites comme l'anecdote où l'on apprend comment un sex-shop peut venir en aide d'Hollywood ou encore comment le numérique permet un changement de sexe canin ! A plusieurs reprises, Samuel L. Jackson insistera sur le fait que ce genre de films est fort appréciable en tant que pur divertissement et venant confirmer que DES SERPENTS DANS L'AVION n'a pas du tout été fait dans l'optique de se moquer du genre. Mais, à l'arrivée, on a surtout une impression mitigée, celle d'avoir écouté des gens souvent sympa, avec des propos parfois graveleux, mais aussi, un peu, le sentiment d'avoir perdu son temps.
Des informations, on en trouvera autant si ce n'est plus dans le Making Of très promotionnel. L'occasion de découvrir l'envers du décor comme cette grosse machinerie capable de provoquer des turbulences réalistes en remuant une reproduction intérieure de l'avion où une grande partie du tournage sera réalisée. Un petit segment vidéo consacré aux effets spéciaux nous permet de visiter l'un des deux studios qui a produit les trucages numériques. Sans rentrer trop dans le détail, ce petit module s'avère rapide, clair et concis bien que laissant des parts d'ombre. Avec «Des serpents sur mon blog», on survole le fameux engouements survenus sur le net durant le tournage du film avec des interviews de l'équipe mais aussi des fans qui animaient les sites internet.
Mais, le meilleur supplément, c'est celui dédié aux serpents eux-mêmes et plus particulièrement à ceux qui ont amenés plusieurs centaines de reptiles sur le tournage. Car si les bestioles apparaissent sous la forme d'effets numériques, un très grand nombre de serpents réels ont bel et bien été utilisés. Pas ennuyeux, la chose nous dresse le portrait de l'un de ses spécialistes du reptile hollywoodien agrémenté de passages présentant les serpents ainsi que les astuces permettant d'utiliser des bestioles non venimeuses à la place de leur pendant mortel.
Pas mal de scènes coupées et alternatives sont disponibles. A vrai dire, une grande part de ces scènes sont déjà présentes dans le film et l'on découvre quelques petits bouts supplémentaires en amorce ou à la fin. Pas de quoi s'enthousiasmer outre mesure même lorsqu'il s'agit de passage réellement inédit dont une fin alternative. Toutes ses scènes additionnelles sont disponibles avec ou sans un commentaire audio du réalisateur et des deux producteurs.
Le bêtisier sera à l'appréciation de chacun mais atteste d'une certaine bonne humeur sur le plateau. Une petite section s'intéresse au clip vidéo que l'on peut voir sur le générique de fin du film. On peut ainsi découvrir son Making Of ou bien le clip dans un format normal (pas sous forme timbre poste comme sur le film, donc). On sera toutefois très surpris de voir que l'intégralité du clip est dans le Making Of alors qu'on nous le propose aussi à côté. Pour clarifier, la durée réelle du Making n'est pas d'une dizaine de minutes mais plutôt cinq ou six si l'on omet le clip. On peut encore visionner des spots TV, des bandes-annonces (dont le Teaser) du film mais aussi d'autres titres de l'éditeur (dont l'excellent LE PARFUM : HISTOIRE D'UN MEURTRIER).