Après avoir visité Venise, un couple de jeunes touristes part à la découverte des Alpes. Ca tombe plutôt bien puisque les forces du mal attendent justement que des vacanciers viennent s'égarer dans les bois aux alentours d'un petit village pittoresque…
A la fin des années 80, l'industrie cinématographique italienne est à l'agonie après plusieurs décennies florissantes dans le domaine du cinéma populaire. La plupart des cinéastes se tournent alors vers la télévision ou bien arrêtent leurs activités pour de bon. Quelques-uns y croient encore et tournent tout de même des films à la qualité très variable. Dans ce contexte assez pessimiste, il fallait oser se lancer dans la production d'un film d'horreur et, qui plus est, en donnant la réalisation à un inconnu. Ce sera donc le cas de IL BOSCO et, autant vous arrêter tout de suite, cela n'a rien à voir avec un film de marins. La traduction ne désigne donc pas le maître d'équipage d'un navire mais veut simplement dire «La Forêt». Un titre passe-partout qui sera modifié dès que Troma ajoutera le film à son catalogue. Car IL BOSCO, ou EVIL CLUTCH maintenant, n'est pas une production de la firme de Lloyd Kaufman, qui se sera donc contenter de le distribuer !
EVIL CLUTCH, donc, n'a rien d'une gaudriole à base de super héros toxique ou de lycée atomique. Au contraire, le film de Andreas Marfori se veut un film sérieux et fortement influencé par EVIL DEAD de Sam Raimi. Cela se ressent assez vite dans la façon que le réalisateur a de nous mettre à la place d'une force maléfique se déplaçant au ras du sol. Il va même jusqu'à reproduire l'un des plans de EVIL DEAD lorsque la caméra va à la rencontre d'une voiture qui roule tranquillement sur une route. Dès le départ, il apparaît évident que EVIL CLUTCH ne va pas défricher un terrain boisé très original !
Dans le film de Andreas Marfori, l'histoire se focalise sur cinq personnages. Pas un de plus et pas un de moins ! Cela permet finalement de ne placer que cinq acteurs devant la caméra. Pas forcément des inconnus puisque l'on retrouve Carolina Tassoni qui était déjà apparu auparavant chez Dario Argento (OPERA) ou Lamberto Bava (DEMONS 2). On remarquera au passage que ce n'est pas la seule à avoir tourné avec Lamberto Bava puisque Stefano Molinari a lui aussi participé à plusieurs tournages du cinéaste italien. EVIL CLUTCH ne donnera pas aux acteurs l'occasion de donner libre cours à leur talent. En effet, le scénario a tendance a décrire ses personnages de manière si inepte qu'ils n'ont pas l'occasion d'être crédible un seul instant !
Dans EVIL CLUTCH, on découvre deux spécimens de touristes crétins et dotés d'une naïveté au-delà du normal. Dès qu'il rencontre un personnage, ils le suivent sans se poser trop de question. Pour donner un exemple flagrant, après avoir fait des kilomètres dans la forêt pour trouver un abri (alors que leur voiture était non loin d'eux au départ), la jeune femme s'inquiète quelque peu de l'endroit où ils se sont fourrés. Quelques secondes plus tard, elle quitte le groupe avec comme seule raison l'envie irrépressible d'aller admirer le coucher de soleil ! Il est vrai que le cinéma d'horreur est bourré de crétins et de touristes idiots mais EVIL CLUTCH fait très fort dans le domaine ce qui empêche l'identification du spectateur ou même de se laisser imprégner par une éventuelle ambiance horrifique…
Le scénario est bateau (normal pour IL BOSCO) et les personnages agissent de manière incohérente. Ce n'est pas grave, Andreas Marfori va essayer de vous faire passer la pilule en se reposant essentiellement sur les qualités techniques de son film. Il abuse d'effets cinématographiques et, comme déjà évoqué, il reproduit à outrance l'effet de point de vue maléfique de EVIL DEAD. Sam Raimi utilisait un truc artisanal pour que sa caméra déboule à 200 à l'heure dans la forêt et, après la vision de EVIL CLUTCH, on pense évidemment que le même genre d'astuce a été utilisé avec un peu moins de brio. En réalité, Andreas Marfori disposait d'une steadicam ce qui aurait du lui permettre de faire aussi bien voire mieux. Ce n'est à vrai dire pas bien grave si l'on ne devait pas regarder des plans tournés ainsi de manière parfois un peu longue comme lorsque l'héroïne s'enfuit sur un chemin de forêt sinueux (deux minutes quand même !). Quoi qu'il en soit, la mise en image essaie d'être soignée à force d'éclairage ou de mouvement de caméra. Mais on ne retrouve jamais la folie ou l'énergie du film qui a inspiré EVIL CLUTCH.
En fait, si l'on doit trouver des qualités au film de Andreas Marfori, il faudra plutôt les chercher du côté des effets spéciaux. La première partie du film est assez sobre dans le domaine mais on assiste à un florilège d'atrocités dans la dernière demi-heure du métrage. Le tout reste toujours aussi incohérent mais, au moins, on subi moins de dialogues et on a moins l'impression d'assister à un film sur la randonnée pédestre. Reste que même si les effets spéciaux sont réussis, la réalisation ne leur rend pas vraiment justice et le scénario continue d'accumuler des situations idiotes. Imaginons que vous quittiez un endroit où vous venez d'attacher un mort-vivant, est-ce qu'une fois grièvement blessé vous retourneriez au même endroit ? Il n'est même pas la peine d'attendre la réponse à cette question car pour nos héros, cela paraît tout à fait normal… Le gore est, en tout cas, au rendez-vous et au mépris de toute logique. Tant bien que mal, EVIL CLUTCH continue son «hommage» appuyé en nous présentant un arbre vivant et tentaculaire, une horloge dont les aiguilles tournent à l'envers ou encore un affrontement à la tronçonneuse !
D'après la jaquette du DVD de EVIL CLUTCH, le film est une œuvre culte qui a fait sensation dans les festivals où il a été projeté. C'est possible… Mais, nous n'étions pas au courant jusqu'ici ! En tout cas, cette obscure production italienne fait donc surface chez Uncut Movies avec un transfert plein cadre plutôt grisâtre. L'image est donc peu contrastée et n'offre pas une définition exceptionnelle. C'est sûrement le plus beau master existant pour le film et en provenance des caves de Troma (ce qui ne veut pas dire grand chose).
Le tournage de EVIL CLUTCH a du se faire en version anglaise, c'est l'impression que donne les accents parfois appuyés des acteurs. En tout cas, le DVD nous propose une version anglaise qui est certainement d'origine. Bien que le générique de fin affiche un logo Dolby Stéréo, le mixage sonore n'est pas très dynamique et il ne laisse jamais entrevoir la possibilité d'un véritable travail sur les enceintes arrières. Un sous-titrage français permet de s'y retrouver si vous avez un souci sur les dialogues anglais.
Le gros des suppléments est en fait une grosse accumulation de bandes-annonces. En plus de celle de EVIL CLUTCH, vous aurez droit à toutes celles des films sortis en DVD par Uncut Movies. Un vrai petit marathon de cinéma extrême ! N'oublions pas non plus une présentation du film par Lloyd Kaufman. Un segment vidéo d'un peu moins de cinq minutes dont les cinquante premières secondes sont déjà parasitées par le déhanchement d'un barbu habillé en femme sur la petite musique Troma. Ensuite, Lloyd Kaufman va donc raconter n'importe quoi. Précisons tout de même qu'il s'agit d'un n'importe quoi exclusif à cette édition DVD et enregistré en français ! En fait, la majeure partie de cette intervention, qui tient plus du sketch «humoristique», se focalise sur la griffe qui émascule un personnage au début du film.
Réalisé avec un minimum de soin technique, EVIL CLUTCH n'arrive pas à cacher le caractère inepte de son scénario ainsi que l'impossibilité de proposer un spectacle réellement cohérent. Ce parent pauvre de EVIL DEAD est une curiosité plus ou moins rares pour les aficionados de la tripaille italienne à base de démons et de morts-vivants. Dans le même genre et chez le même éditeur, mais pas en provenance d'Italie, on vous orientera plutôt sur PLAGA ZOMBIE : ZONA MUTANTE.