2. Part.1 : Monteur de films de genres

Eric Dinkian : En tant que monteur, ton actualité est DJINNS et PROIE ?
Nicolas Sarkissian : DJINNS est réalisé par Hugues et Sandra Martin et PROIE est réalisé par Antoine Blossier. Ce sont tous les deux des premiers films présentés au marché du film. Ce sont deux films de genre. DJINNS est un film de guerre qui devient un film fantastique, ce qui est un exemple assez rare dans le cinéma français. PROIE est un survival typique, très bien fait.
Tu as monté auparavant ILS de David Moreau et Xavier Palud puis EDEN LOG de Franck Vestiel. Quel regarde portes-tu sur le cinéma de genre français, toi qui vis ça de l'intérieur ?
J'ai commencé à travailler sur le montage de long-métrage avec ILS en 2006. Le film a eu un certain succès puisqu'il a fait 250.000 entrées. Plutôt réussi de l'avis général et il a redynamisé le cinéma de genre en France parce que tout le monde s'est un peu calqué dessus. Il y en a eu des tentatives dans les années 90 qui n'étaient pas très bonnes, comme la collection des B-MOVIES. A part MALEFIQUE de Eric Valette, personnellement je trouve que tout le reste a été une catastrophe. Ça un peu redémarré avec ILS et depuis 4/5 ans on voit pas mal de films de genre français sur les écrans. C'est pas mal, ce n'est pas non plus énorme, mais il y en a qui arrivent. Soyons clairs, ils ne sont pas souvent bons. Et pourtant, ils marchent très bien à l'international. Le cinéma français de genre trouve un écho aux Etats-Unis et dans d'autres pays. Quelle conclusion en tirer ? Moi j'ai l'impression, en voyant ça de près, qu'il y a un truc qui ne va pas. Je crois qu'il y a un problème de culture. Il y a des producteurs ne sont pas très au fait de cette culture du cinéma de genre. Il y a une manière d'envisager la production de ces films là, qui devrait être pensée un peu plus. On rencontre beaucoup de producteurs qui ne savent pas trop comment les faire, ni comment accompagner un premier film de genre. Ils naviguent souvent à tâtons avec des réalisateurs pour qui ce sont des premiers films. Ce sont des gens passionnés mais qui font des premiers films et les besoins d'accompagnement des premiers films sont très important. En France, le poids du cinéma d'auteur et de la comédie est aussi énorme, il pèse sur les décisions. Ça se voit dans le domaine de la critique, chez les distributeurs, les producteurs, les investisseurs, la médiatisation. C'est très compliqué de s'extraire de l'idée qu'il y a réellement des auteurs de films de genre (fantastique, thriller, horreur, science-fiction, etc...). On n'a pas le même problème dans le cinéma américain, où tout est genre et tout est respectable. Tout est lié au business, donc tout peut faire marché, tout peut faire profit, il n'y a pas de sous genre. Nous, c'est le contraire. On restreint les possibilités de financement de ces films et donc on restreint les possibilités d'expression des auteurs. Il est donc très difficile de faire un film de genre en France et donc très difficile aussi de faire un bon film de genre. Or je pense qu'il y a réellement un public pour cela.
Moi j'en parle à la place du monteur, qui est une place intéressante parce qu'à la conjonction des problèmes liés à la fabrication de ces films. On arrive en fin de chaîne, on est censé donner du récit à tout ça, donner de la narration, et on se retrouve en butte avec les impératifs des uns et des autres : production, distribution et les réalisateurs qui veulent faire leur film. Moi j'ai plutôt monté des premiers films et c'est très intéressant de voir les tentatives des gens qui font leur premier film et qui se retrouvent en butte avec un système de cinéma de genre français qui est un peu dingo. On leur demande de faire des films qui feront un maximum d'entrées, mais en n'ayant pas les moyens de les faire avec des budgets réellement ridicules ! Ce n'est pas possible avec la meilleure volonté du monde. Il faut qu'à un moment donné il y ait une star qui rentre là-dedans pour que ça puisse s'ouvrir à beaucoup de gens. Il faut qu'il y ait des distributeurs qui y croient énormément, parce que c'est aussi une des clés du système. Il faut qu'ils y croient et se lancent d'arrache-pied dans une promotion conséquente. Ce n'est pas toujours le cas. Mais bon, on peut comprendre aussi que c'est compliqué de placer ces films là, sur le marché français en tout cas. On a l'impression que tout le monde y va sans y croire. C'est un peu le sentiment que j'ai, en tant que monteur, sur l'aspect général du cinéma de genre français.
Tu n'as monté pour l'instant que des longs-métrages de genre. C'est un choix de carrière ?
Je suis tombé dans le cinéma de genre, sans le faire exprès. C'était une rencontre avec Richard Grandpierre et la bande de Christophe Gans qui a fait qu'on m'a proposé de monter ILS. Je n'étais pas spécialement attiré pour devenir monteur de film de genre. Mais il se trouve qu'en France, on est très "étiquette". Tu montes un premier film qui ne marche pas trop mal et on ne va t'appeler que pour faire ça. Il se trouve qu'on ne m'appelle plus que pour faire ça, ce qui ne me dérange pas. Je n'ai aucun problème avec l'idée d'étiquette du moment qu'elle ne soit pas trop contraignante. J'adore le montage, donc j'y trouve mon compte car les films de genre sont souvent des films passionnants à monter et ça me touche vraiment. Ce sont des premiers films, fabriqués dans des conditions difficiles et il y a beaucoup à faire en termes de montage. On sait que le montage est très important dans tous les films, évidemment, mais il l'est encore plus dans le cinéma de genre. Parce que ça obéit à des règles de suspense, de tensions, liées à ce que l'on va pouvoir créer au montage, de dynamique, de rythmique, d'action. De plus en plus, on me laisse une place importante. Moi j'ai à cœur d'être très vite dans une discussion, dans un échange fort, pour comprendre dans quelle direction doit aller le film en termes de montage. Après, j'essaie d'être une force de proposition importante et qu'on me fasse confiance, pour rendre le film meilleur. Je travaille soit seul, soit alternativement avec les réalisateurs, quand ils sont là, et c'est très bien comme ça. Moi, j'y trouve complètement ma place et qu'on dise "monteur de film de genre", c'est très bien. J'essaie d'apporter quelque chose à ce fameux cinéma de genre français qui est tant décrié, qui a tellement de mal à se faire, à se monter, même financièrement parlant.
Le grand public a parfois des clichés dans la tête. Si on s'amuse à caricaturer : le producteur est focalisé sur l'aspect financier, le scénariste est l'auteur d'une histoire totalement détaillée et le réalisateur est l'homme cerveau qui a tout pensé à l'avance dans les moindres détails. Le monteur ? Quel est son rôle dans la création du film ?
Il y a plusieurs images pour définir le monteur. Il y en a une que j'aime bien : le "déterreur". J'aime bien l'idée d'aller chercher un film qui a été tourné, mais un peu enterré. Il faut aller chercher les images, il faut prendre sa pelle et creuser pour trouver les éléments qui sont dispersés et donner du sens. C'est à la fois ça, et il faut être aussi très psychologue. Si on veut résumer, c'est plus quelqu'un qui va donner le rythme, la narration, la pulsation au film, une fois que les images ont été tournées. C'est quelqu'un qui va choisir les meilleures prises avec le réalisateur, qui va choisir parfois des prises inattendues, qui n'étaient pas prévues, parce que la fonction de l'homme cerveau, qui a tout pensé depuis le début, parfois elle butte sur une réalité toute bête : tu n'as pas fait les bons choix au tournage ! C'est aussi au monteur d'essayer de trouver comment assembler ça au mieux et trouver des idées. Et c'est surtout quelqu'un qui va ajouter quelque chose de forcément prévu dans les images, au tournage. Je pense que c'est une troisième couche d'écriture. La première couche est celle du scénario qui va penser le film, qui va écrire l'histoire, ses développements, ses points de repères, ses parties. Puis il y a le tournage qui va rajouter une deuxième couche d'écriture, qui ne sera pas forcément le scénario. Et le montage qui va rajouter l'ultime couche d'écriture, qui n'est ni le scénario, ni le tournage mais un assemblage de tout cela. Il faut donc se mettre beaucoup à la place du réalisateur, sans le remplacer, parce que c'est son film, c'est très important. On ne remplace pas un réalisateur, on ne le dépossède pas de son objet. On lui rend meilleur, si possible...
Quelle est ta méthode de travail ?
Pendant que les assistants synchronisent, je passe, je regarde de loin, sans rentrer dans les détails, parce que je n'ai pas envie de m'immerger ni dans le tournage, ni dans la phase de synchronisation des rushs (ndlr : l'étape de synchronisation, gérée par l'assistant monteur, est de rassembler grâce au clap l'image et le son qui ont été enregistré séparément). Je me réserve pour quand tout est synchronisé, que je découvre les images et que j'ai un regard totalement neuf, vierge. J'essaie de comprendre, que les images parlent d'elles-mêmes sans commentaire du réalisateur. J'essaie, en regardant la suite des images, de voir le plan tourné qui va avec. C'est une espèce de diagramme qu'il faut commencer à reconstituer. Le scénario, c'est bien joli mais c'est un bout de papier. Ce que l'on va présenter au public, ce sont des images et des sons. Donc, je regarde les images, j'écoute les sons et je me dis "il va falloir écrire ça". Souvent, la première impression est très importante. Il ne faut pas ressasser les images et les sons, trop vite. Il faut se laisser aller à la première découverte, la première sensation du plan, le voir en entier, synchronisé. Je me dis "oh là, c'est génial, c'est super, ça c'est un peu moins bien". Juste des sensations. La sensation est très importante, il ne faut pas être dans le truc laborieux, prendre le scénario et le monter comme il est prévu dans les moindres détails. Je me saisis des images et je deviens un spectateur degré zéro. C'est ce que je fais quand je fais le premier bout à bout. Je vais très vite les premières semaines, je garde en tête l'histoire mais je m'autorise à faire pleins d'imprévus, même des erreurs pourquoi pas, mais au moins je me laisse aller à faire des choses qui vont s'assembler pour raconter un film. Après ça, je commence vraiment à monter le film, à aller dans le détail, en gardant parfois des idées qui ont surgies spontanément dans le bout à bout. Je fais grimper en puissance le film, en affinant scène par scène et en prenant toujours en compte qu'il faut être dans le microcosme du film, dans le détail des raccords des scènes, et dans le macrocosme, c'est-à-dire la vision plus large du film, penser à ce que cela rend sur 1 h 30. Et donc visionner aussi le film en entier, à la fin du montage, de nombreuses fois, pour saisir les parties, les moments où ça ralentit, les moments où il faut accélérer, pour que le montage devienne un vrai objet organique, avec une narration qui se tient. C'est un vrai travail d'aller/retour dans le film.
Les gens sont souvent étonnés lorsqu'on leur explique que le montage d'un film n'est pas une ligne droite, qu'il est nécessaire de passer par beaucoup de versions.
Effectivement, on fait beaucoup de versions d'un même montage, d'un même film, et plus les versions avancent, plus le film se découvre et finit par avoir son identité. A la fin, on est d'accord sur une seule et unique dernière version. C'est vrai que c'est un travail de ressassement permanent du montage, de l'écriture. Je compare vraiment le montage à un scénario. On fait beaucoup de versions, on change des scènes. Le monteur est vraiment le scénariste du film tourné. Contrairement à ce que l'on croit, le montage permet de changer énormément de choses, d'aller dans la bonne direction, vers le vrai film qui est caché à l'intérieur de ces images et de ces sons. C'est avec ces matières là qu'on fait les choses, avec des plans serrés, moyens, on en fait des phrases et puis des chapitres, des grandes parties, et un roman à la fin.
Un film comme DJINNS se monte en combien de temps ?
DJINNS a été monté en quatre mois. Mais il faut tenir compte des effets spéciaux, qui sont une spécificité du cinéma de genre. Il y a forcément du temps lié à la fabrication des effets. On commence le montage, on s'arrête pour la fabrication des effets, on reprend le montage parce que les effets spéciaux changent souvent aussi la donne en termes de montage. Il faut les réaffiner.
Faire un break doit être positif pour toi. Car ça doit être difficile de rester plusieurs mois non-stop sur les mêmes images ?
Oui, c'est très bien, de pouvoir s'arrêter, de prendre du recul. C'est nécessaire pour la finalisation du montage. Les effets spéciaux, une fois constitués, changent complètement le plan. Le plan n'existe pas sans les effets spéciaux. Quand ils sont là, le plan devient complètement autre chose. Réinjecté dans le montage, ça change beaucoup la donne. On voit des scènes devenir moins bien rythmées, ou trop rythmées, ou bien il n'y a pas assez d'images sur tel ou tel raccord. Donc, des films comme DJINNS, ça prend du temps. Je crois qu'il y a environ 250 plans truqués dans le film, c'est beaucoup pour un film avec un aussi petit budget. A côté de ça, il y a des films qui prennent beaucoup moins de temps, parce qu'il y a une évidence qui se crée autour du montage. Ça ne veut pas dire non plus qu'on passe beaucoup de temps parce qu'on galère, ça veut juste dire que le film a beaucoup de matière. Ce sont souvent des problèmes de narration qui font que les films sont longs à monter. Il y a souvent trop de matière et c'est très délicat de couper de la matière sans détruire l'équilibre du film. Il faut trouver le bon point d'appui, savoir quelle histoire secondaire on fait sauter parce qu'elle est en trop, elle raconte trop de choses, savoir comment on densifie l'intrigue principale, etc... Ce sont des questions qui prennent beaucoup de temps à résoudre parce qu'il faut se projeter souvent le film. Le temps de la projection, de la discussion ensuite, les journées passent vite.
Comment sors-tu après le montage d'un long ?
Ereinté. Cela ne demande pas une énergie physique comme sur un plateau, c'est un épuisement nerveux, intellectuel. On est rincé de voir les images 100 fois, 1000 fois. C'est fatigant pour les yeux, mais c'est le métier qui veut ça. Il faut être capable d'avoir une méthode. La mienne est d'aller très vite au début pour que tout le monde puisse se projeter une toute première version rapidement. Ca rassure et ça permet de sentir aussi que je vais pouvoir être très réactif pour la suite du montage ! Après on va se calmer, avec des journées plus cools, on se détend, on réfléchit, on discute, on laisse surgir les idées. J'essaie aussi de m'économiser car c'est un peu un marathon. J'essaie de rester sur des journées correctes. Souvent en montage, on dit qu'on ne voit pas le jour, on ne mange que des pizzas, il y a presque un lit dans la salle de montage. Moi, je trouve ça complètement amateur. Je pense qu'il faut absolument avoir une vie après, se ressourcer quand on sort de la salle de montage, en famille, au restau, se décharger. Si tu veux aider le film, il faut que toi aussi tu puisses avoir une sorte d'hygiène, un rapport avec ta propre rythmique de vie, c'est important. Il est hors de question de passer 15 heures par jour au montage, ça ne sert à rien, les gens s'épuisent très vite et les idées ne vont pas émerger forcément plus. Il faut laisser passer la nuit. C'est aussi un travail d'inconscient, il faut pouvoir se laisser porter par le film. En pensant à autre chose, le film t'habite quand même. Le lendemain matin, tu vois le film différemment, tu es très concentré et c'est là que les bonnes idées arrivent. Cela veut dire aussi que c'est physique, comme un coureur, il ne faut pas trop pousser la machine, il faut aller jusqu'au bout du marathon. Parfois les montages tournent mal parce que les monteurs n'ont pas l'expérience de la durée. Il faut savoir aller jusqu'au bout parce que souvent ça se gâte en fin de montage. La fatigue du monteur, du réalisateur, du producteur, de tout le monde, arrive et il faut pouvoir porter le montage jusqu'au bout. Si le monteur est crevé, qu'il est incapable de porter le film, ça se voit. Les gens sont déçus, se plaignent du monteur et ça clash parce qu'ils veulent aller trop vite. Il faut aussi avoir suffisamment de confiance pour dire "attendez, ça va venir, ça va être bien, simplement soyez calmes". Ça ne doit pas se passer dans la douleur, sinon c'est qu'il y a un problème. C'est vraiment un métier de dialogue, de psychologie, d'écoute des attentes et des angoisses de l'autre, ça ne se fait pas simplement à ses heures perdues.
Tu n'as jamais douté sur le montage d'un film ? Rencontré un problème que tu n'as pas pu résoudre ?...
Ça m'est arrivé, oui, c'est assez désespérant. Mais tu apprends aussi. Tu te prends la tête sur une problématique de compréhension, et c'est en voyant le film fini, projeté, qu'on se dit : "mais pourquoi on n'a pas essayé de ne pas expliquer". Ce dont, maintenant, je suis certain, c'est qu'il faut aller chercher l'essence du film et ne surtout pas essayer de réduire le film à ce qu'il n'est pas. C'est la tentation des producteurs, réduire des films pour les faire rentrer dans des cases. Je suis convaincu qu'il faut avoir 100 % confiance dans le film que tu as choisi. Quand tu l'as vraiment choisi et que tu sens que c'est bon, il faut absolument le préserver d'être réduit à des narrations conventionnelles, classiques. Ou, si c'est conventionnel, d'accord, mais ne l'appauvrissons pas, que ce soit par la musique, les dialogues en superflu, une voix off en superflu. Au contraire, plus on peut retrancher dans un montage et arriver à la simplicité et plus le film est fort.
Tu as une grosse actualité de monteur mais aussi de réalisateur. De quoi seront faits tes projets à venir ?
Je suis monteur, je ne suis pas dans la pression terrible par rapport au fait de continuer à faire des films en tant que réalisateur. J'analyse les choses sereinement parce que je suis monteur et je gagne ma vie avec ce métier donc je ne met pas la pression en tant que réalisateur. Il faut battre le fer quand il est chaud mais comme je ne suis pas attiré par le seul statut social du réalisateur je laisse les choses venir tranquillement. Ce qui est prévu : en septembre/octobre je vais monter un documentaire de Luc Lagier sur le cinéma de genre pour Arte produit par Camera Lucida. Ensuite, on m'a proposé un long-métrage à monter. Là, par contre, il faut que je fasse un choix. Soit j'écris un prochain film que je veux réaliser, soit je monte. Un montage de long, c'est au moins trois bons mois de travail, et pendant ce temps tu ne fais rien d'autre. Je suis dans une transition. Je n'ai pas encore résolu ça. Donc voilà les projets, le documentaire et moi qui essaie de trouver une place, je ne sais pas encore comment je vais négocier tout ça. J'ai vraiment envie de continuer à monter des films parce que c'est passionnant de rentrer dans l'univers des autres, et en même temps j'ai envie de développer mes propres projets. Wait and See !
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Dossier réalisé par
Eric Dinkian, Sandrine Ah-Son & Micheline Dinkian
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Nicolas Sarkissian