3. Interview Marc Dray

Est-ce que tu peux te présenter à nos lecteurs ?

Marc Dray : Je m'appelle Marc Dray. J'ai fait une école d'audio visuel à Toulouse, l'ESAV. C'est mon deuxième court, enfin c'est un moyen, mais c'est mon deuxième film. J'ai fait avant un Super 16 qui s'appelait NATHAN et qui est un film de super héros.

C'est assez différent.

J'ai baigné dans les films de genre depuis mon enfance, donc les comics américains puis tous les films de série B, en particulier les italiens. Avec IL GATTO DAL VISO D'UOMO j'ai eu un peu d'argent et j'ai fait un giallo, parce que je suis attiré par ce genre, notamment le bestiaire d'Argento avec L'OISEAU AU PLUMMAGE DE CRISTAL, LE CHAT A NEUF QUEUES et QUATRE MOUCHES DE VELOURS GRIS. C'est donc un giallo mais qui ne verse pas dans le sanguinolent, en référence à ces trois premiers films qui ne sont pas si sanglants que ça. J'ai revu QUATRE MOUCHES DE VELOURS GRIS, il y a très peu de meurtres en fait. Donc voilà, c'est un bestiaire que je vais peut-être continuer avec un nouveau film.

Toujours dans cette veine là ?

Oui, tout à fait. En fait, comme IL GATTO DAL VISO D'UOMO fait trois quarts d'heure, je vais en faire un autre qui va faire aussi peut-être 45 minutes. Ca fera un double feature d'une heure et demie.

Il faut que tu en fasses un troisième, que tu fasses une trilogie, non ?

Oui, une trilogie… Alors une exclusivité, le prochain film s'appellerait LE CORBEAU AUX YEUX DE VERRE.

Ah, génial !

Je suis très inspiré par David Lynch aussi. Moi, LOST HIGHWAY, c'est un film que j'adore. Je peux le voir sans cesse. Particulièrement David Lynch, pas tout, mais certaines choses.

Vous avez tourné en quel format ?

En HDV. Avec une caméra qui offre une qualité d'image assez bonne. Donc voilà, j'ai fait ce film avec des étudiants et une équipe que je connaissais. On a tourné en 10 jours.

Ce qui m'a beaucoup plu, c'est la reconstitution des giallos d'époque que vous avez très bien réussi. C'est très étonnant, car les giallos sont quand même des films très portés sur l'imagerie pellicule. Il y a énormément d'effets pellicule notamment au niveau des éclairages. Pour reconstituer ça en vidéo, ça a du être extrêmement difficile.

Ce qui pêche souvent quand on n'a pas trop d'argent, c'est le décor. Quand on n'a pas un bon décor, il vaut mieux ne pas le montrer. Moi, j'ai essayé d'avoir des lieux qui le faisaient, quitte à ne pas en montrer beaucoup. J'ai eu la chance de tourner à Toulouse durant le printemps de septembre. Tous les éclairages étaient installés déjà, donc j'en ai profité. Avec le directeur de la photo, on a fait le choix de travailler l'éclairage au tournage. On a étalonné, mais on a très peu fait de bidouilles en post-production. Car dès le tournage, les noirs étaient noirs, les blancs étaient bien écrêtés, et la couleur bien travaillée. Et là, je me suis inspiré d'Argento, c'est-à-dire, les bleus, les rouges, quitte à faire des faux raccords lumière comme dans SUSPIRIA.

Dis-moi si je me trompe, le tueur avec son masque aux yeux de chat, ce n'est pas inspiré d'un fait divers français ? (L'affaire Marcel Barbeault qui s'infiltrait chez les femmes seules et qui était surnommé "le tueur aux yeux de chat").

Ah non, pas du tout. J'ai écris le scénario avec une méthode apprise dans un atelier créatif. Il s'agit de réfléchir pendant deux minutes aux premières choses qui viennent en tête et essayer de faire un scénario. David Lynch travaille un peu comme ça aussi. Donc les premières choses qui me sont venus en tête c'était un tatouage, un verre de lait et un borgne. Donc j'ai essayé de construire un scénario et ça a donné ça. J'ai volontairement laissé l'histoire onirique et ouverte aux spectateurs. Comme je disais, il y en a qui n'apprécient pas de ne pas comprendre le film, ce que je respecte, et puis il y a des gens qui interprètent le film après. Par exemple, là, il y a un spectateur qui m'a donné une version du film, très intéressante, qui n'est pas du tout la mienne, mais très intéressante. Il a compris à sa manière, et ça fonctionne parfaitement.

Tu occupes les trois postes importants de la narration. Tu écris, tu réalises et tu montes.

Alors, j'ai monté. Je ne pense pas que je le referai. Parce que réaliser et monter, c'était une erreur. Je le savais. Je l'ai monté parce que j'avais une certaine liberté. Je pense qu'il faut avoir du recul, parce qu'au bout d'un moment, l'histoire on l'a tellement tourné dans sa tête, qu'on ne la perçoit plus en fait. Le plus dur quand on est réalisateur, c'est de couper des scènes.

C'est le petit défaut que je reprocherais au film... Je le trouve ou pas assez long, ou un peu trop long.

Moi, j'ai voulu couper, et beaucoup de gens m'ont dit que c'était dommage. Il aurait du être plus long. Je ne pense pas que je vais le pousser à être un long métrage. Je vais essayer de le proposer en tant que tel, en disant voilà, j'ai fait ça. Je vais peut-être essayer de trouver des fonds pour le refaire en long métrage. Ou alors, comme je le disais tout à l'heure faire un complément avec un autre film, peut-être en le raccourcissant un peu. Effectivement, la prochaine fois, je prendrais un monteur, qui m'imposera aussi sa vision des choses. C'est bien.

Un mot sur le compositeur qui est aussi acteur dans le film ?

Au niveau de la musique, j'ai laissé carte blanche au compositeur. Ca a été une collaboration artistique totale. Je lui ai dit "écoutes, tu 'as le film, carte blanche, tu fais la musique que ça t'inspire". Il a travaillé avec les images et je n'ai quasiment rien touché.

C'est quelqu'un qui doit bien connaître l'univers. On parlait du travail de l'image, là y a un travail musical très pointu aussi.

C'est un très bon compositeur. Je trouve que ça fonctionne bien. Super travail.

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Dossier réalisé par
Eric Dinkian, Sandrine Ahson & Xavier Desbarats
Remerciements
La ville de Sainte-Maxime, Michael Abbate & Marc Dray