A cause d'un document compromettant, un scientifique est laissé pour
mort. Défiguré, les nerfs déconnectés, il n'a finalement qu'une seule
chance. Le projet sur lequel il travaillait portait sur la création
d'une peau synthétique. De quoi recréer un visage humain à notre héros,
si ce n'est que sa création ne supporte la lumière que durant 99 minutes.
Peyton Westlake devient par la force des choses un super-héros ! Il suit d'ailleurs l'un des parcours assez classiques de ses camarades masqués. Ces premières armes pour la justice ne sont en fait que la suite directe d'une vengeance. Ce n'est pas non plus l'aspect sombre et déjanté de l'anti-héros qui le fait sortir du lot. D'autres super-héros l'ont précédé sur le grand écran et d'autres l'ont suivi avec presque toutes les caractéristiques déjà citées.
Le personnage du DARKMAN fait irrémédiablement penser au fantôme de l'opéra. Tout deux défigurés, ils sont obligés de vivre dans l'ombre alors qu'ils n'aspirent qu'à un amour impossible. La quête de Westlake, qui se poursuit dans DARKMAN II, nous ramène au personnage de Bruce Banner (HULK). L'un cherche à éliminer le défaut de sa peau synthétique et l'autre à inhiber le monstre qui vit en lui. La rage est aussi un élément qui fait basculer les deux personnages. Sans pomper littéralement, DARKMAN recycle donc de bonnes idées tout en y insufflant de nouvelles. Le personnage peut ainsi assumer toutes les identités ce qui amène quelques scènes mémorables.
Si DARKMAN sort du lot, c'est en raison de son réalisateur/scénariste : Sam Raimi. Cinéaste prodige qui jusque là posait sur les écrans des images criardes, extrêmes sans oublier pour autant d'être virtuoses. Avec un projet tel que DARKMAN entre les mains, deux possibilités pouvaient se présenter. Sam Raimi aurait pu mettre en image gentiment et sans aucune fantaisie un film qu'il voulait pour tout public. D'autres carrières prometteuses s'étaient déjà rapidement éteintes après l'accouchement d'une poignée de films rageurs. La vision de DARKMAN rassure. Et même pose une évidence ! Le style de Sam Raimi s'accorde à merveille avec l'univers de la bande-dessinée. La rage du héros, ou plutôt ses pétages de plombs et ses montées d'adrénaline, vous place directement au milieu des idées qui s'entrechoquent dans son crâne. Les points de vue, les cadrages et la caméra virevoltante donnent des images dignes des vignette d'un "comics ". De plus, les péripéties ne reculent devant aucune folie (la poursuite en hélicoptère...). De personnages patibulaires en situations délirantes, DARKMAN est l'une des rares réussites de cinéma-BD avec le mésestimé TANK GIRL. Rien d'étonnant, de ce fait à ce que le personnage devienne une bande-dessiné à la suite du film. Le parcours inverse de ce qui se fait normalement en matière de super-héros !
Le DVD américain de DARKMAN n'a rien de spécial. On retrouve le minimum proposé sur presque tous les disques Universal. La bande-annonce, des filmographies et quelques notes de production. De quoi laisser sur sa faim la plupart de ceux qui apprécient ce film et Sam Raimi. Il faudra donc s'en contenter en espérant mieux un jour mais franchement on en doute ! Le transfert image n'est pas non plus d'une grande perfection. Il faudra bien s'en contenter. En attendant mieux... mais on en doute aussi ! Car DARKMAN n'est pas l'un de ces films commerciaux ou cultes qui appellent les éditions spéciales. Juste un sacré bon film et comme beaucoup d'autres, il n'aura jamais plus d'honneur. Reste la bande-son qui s'en sort vraiment bien avec son Dolby Surround d'époque rehaussé par une partition musicale de Danny Elfman.