Pétri de questions quant aux mœurs un peu trop rustres pour lui des viking, Erik, le fils du chef, propose de partir dans un long voyage qui les mènera jusqu'aux dieux pour leur demander de mettre un terme à l'âge de Ragnarok.
Terry Jones a fait partie de la troupe des Monty Python et s'est imposé comme le réalisateur des films produits pour le cinéma mettant en vedette les trublions anglais. Ainsi, il signe SACRE GRAAL, LA VIE DE BRIAN et LE SENS DE LA VIE le plus souvent en collaboration avec Terry Gilliam, seul autres membres de la troupe britannique a s'être imposé comme réalisateur (JABBERWOCKY, BANDITS BANDITS, BRAZIL, LES AVENTURES DU BARON MUNCHAUSEN, L'ARMEE DES 12 SINGES…). Mais c'est justement cette filiation avec les Monty Python qui portera préjudice à ERIK LE VIKING au moment de sa sortie. Les fans, y compris en France, seront quelque peu déconcertés par le film. Mais à vrai dire, il reste pourtant indéniablement la patte des Monty Python dans un grand nombre des péripéties de ERIK LE VIKING. Dès les premières seconde du film, où l'on peut assister à un viol qui se transforme en dialogue sur le bien fondé des pillages, on reconnaît cette façon de laisser deux personnages argumenter comme dans les sketches télévisées ou les films de cinéma des Monty Python.
Toutefois, entre deux tranches de franches rigolades, ERIK LE VIKING se déroule de façon un peu plus traditionnelle… si l'on peut dire. Contrairement à l'humour souvent très féroces des films des Monty Python, ERIK LE VIKING est un conte naïf sur la violence et la haine. Cela n'a rien de bien surprenant puisque le public visé n'est pas du tout le même. Les Monty Python s'adressaient avant tout aux adultes alors que ERIK LE VIKING est issu d'un livre pour enfants écrit par Terry Jones à l'intention de son fils. D'ailleurs, il ne s'agit en rien d'une première puisque le réalisateur, acteur et scénariste est aussi un auteur à part entière puisqu'il a déjà publié divers ouvrages dont des livres pour enfants le plus souvent illustrés par Brian Froud avec lequel il collabora sur LABYRINTH de Jim Henson.
En soit, le scénario de ERIK LE VIKING n'est pas toujours d'une grande originalité. Du moins en ce qui concerne certaines des intrigues. Ainsi, la quête du cor n'est pas sans rappeler celle de Jason partant avec les Argonautes à la recherche de la toison d'or, conte mythologique adapté plusieurs fois au cinéma (JASON ET LES ARGONAUTES ou LE GEANT DE THESSALIE). Cela ne pourrait être un détail mais dans les deux cas, les héros parviennent à leurs fins grâce à la complicité de la fille d'un roi qu'ils s'empresseront d'ailleurs d'abandonner bien que l'intention ne soit que de courte durée dans le film. De même, il n'est pas possible d'oublier LES VIKINGS de Richard Fleischer qui contient aussi quelques similitudes (la poursuite dans le brouillard, la femme adultère…) qui ne sont sûrement que le fruit des mêmes recherches faites sur les véritables histoires vikings.
La touche des Monty Python, on la retrouve une fois de plus avec John Cleese puisqu'il interprète un vilain personnage, Halfdan le noir. Plutôt content de travailler ensemble, on apprend tout de même dans l'interview de Terry Jones que sa présence au générique était de toutes façons requise par des investisseurs étrangers tout comme les Japonais avaient imposés la participation de Tsutomu Sekine dans le film. Terry Jones a d'ailleurs su l'intégrer de manière bien savoureuse et astucieuse dans le film. Les acteurs se bousculent dans cette saga avec en vrac de petits rôles pour Mickey Rooney, excellent en chef viking vieillissant, Eartha Kitt ou Samantha Bond qui avec un tel nom était prédestiné pour jouer dans la série des 007 en interprétant le rôle de Moneypenny dans les trois premiers films avec Pierce Brosnan. Parmi les vikings, il ne faudrait pas non plus oublier Freddie Jones, Charles McKeown, Antony Sher, TimMcInnerny, Richard Ridings… Sans oublier Tim Robbins, parfait dans le rôle d'un grand viking candide, Imogen Stubbs et, bien entendu, Terry Jones.
Bien que par moments pourvus d'images un peu fortes, ERIK LE VIKING est un joli conte qui devrait plaire tout autant aux enfants qu'aux adultes. Terry Jones a su parfaitement inclure des idées cohérentes dans cette quête vers la paix dans un monde en proie à la guerre, à la haine et à l'intolérance. Car si de prime abord, le film pourra sembler être une aventure très amusante, si on s'intéresses un peu plus près aux thèmes développés, on s'aperçoit assez vite que tout peut trouver un écho dans notre monde tout à fait réel ! Le personnage de Erik porte donc un regard naïf qui l'amène à se poser des questions (d'enfants ?) sur le monde qui l'entoure.
La copie utilisée pour faire le transfert de ERIK LE VIKING contient son lot de défaut de pellicule (griffures, tâches, points blancs…). De plus quelques petits défauts dans la retranscription de l'image donne à penser qu'un nouveau télécinéma n'a pas été fait pour cette édition DVD mais qu'un master déjà existant a été utilisé (à moins qu'il n'y ait eu un soucis lors du transfert). D'où une image pas aussi réussi qu'on aurait pu l'attendre même si le résultat est très loin d'être désagréable pour les yeux. Notons que lors des projections en salles en France, en tout cas pour la version originale, le logo ERIK THE VIKING apparaissait comme dans le Making Of. Etrangement, ce titrage animé n'apparaît pas du tout sur la copie présenté sur le DVD.
Alors que la tendance est plutôt de réaliser des mixages DTS pour le doublage français, Opening va à l'encontre de ce choix pour notre plus grand plaisir. Car il s'agit exclusivement de la version originale anglaise qui bénéficie d'une piste DTS alors que la version française, mais aussi l'anglaise, est équipée d'un mixage en Dolby Digital 5.1. Le travail effectué sur ces remix sont agréables puisqu'ils respectent la bande-son en stéréo surround d'origine sans forcer le trait. Chacune des pistes permet d'obtenir une meilleure ampleur et une bien meilleure précision avec une nette préférence pour la piste DTS anglaise mais cette dernière est seulement un poil plus fine que la version en Dolby Digital 5.1. Pour les puristes, l'éditeur a aussi ajouté la piste stéréo surround d'époque !
Les suppléments de ce DVD contiennent pas mal de petits défauts. Cela débute avec l'interview de Terry Jones où il raconte diverses anecdotes ainsi que la genèse du film à partir de la création de son livre pour enfant. Néanmoins, les sous-titrages français ne feront leurs apparition qu'à une condition. En effet, si votre lecteur de DVD est réglé en mode 16/9 (ou «Large» par exemple), ils seront absent. Il va donc vous falloir aller dans le menu de configuration de votre lecteur et momentanément le configurer en 4/3 (ou «Letterbox» par exemple). Cette anicroche n'empêche en rien de visionner cette sympathique interview mais la manipulation est tout de même gênante pour tout ceux qui bénéficient de diffuseurs 16/9 et qui ont donc réglé leurs lecteurs en conséquence. Etrangement, il s'agit de la seule vidéo qui souffre de ce petit problème puisque le film ou le Making Of affichent correctement les sous-titrages quel que soit le mode choisi pour le lecteur du DVD.
L'interview d'Albert Dupontel n'est pas non plus exempte de reproches. Car pendant toute son intervention, Albert Dupontel s'obstine à dater le film de 1982 alors qu'il ne sera réalisé que bien plus tard ! Il n'est pas question ici de jeter la pierre à Albert Dupontel mais plutôt à la personne qui a enregistrée l'interview puisqu'il aurait été dès lors plus courtois de stopper la caméra dès le départ pour donner la bonne date au comédien / réalisateur. En dehors de cela, cette interview donne une vision différente de Terry Jones et de son travail par l'entremise d'un point de vue extérieur mais néanmoins proche puisque Albert Dupontel entretient des relations amicales depuis quelques années avec le cinéaste britannique. La relation Terry Jones / Terry Gilliam y est évoquée tout comme inévitablement les Monty Python. De plus, Albert Dupontel se cache pour une autre intervention, bien plus courte, sur l'un des menus du DVD.
Le Making Of est une Featurette datant de la création du film. Elle permet de donner quelques interviews d'époque d'un grand nombre d'intervenants ainsi que des images de tournages ce qui permet au passage d'obtenir des informations sur la façon dont ont été créé certains des effets spéciaux du film. Au passage, on peut y découvrir les fameux réservoirs de Malte dont parlent Terry Jones et Albert Dupontel dans leurs interviews respectives. Toutefois, il faut noter une petite erreur dans le sous-titrage puisque lorsque le Titanic y est évoqué, il s'agit bien entendu tournage de LA GUERRE DES ABIMES (RAISE THE TITANIC) et non pas du film de James Cameron. Le reste des suppléments permettent de voir une bande-annonce du film ainsi que la filmographie de Terry Jones.
Peut être pas tout à fait ultime, puisque contenant quelques anicroches, cette édition française de ERIK LE VIKING est, en tout cas, la plus complète sortie à travers le monde. Comme le dit Terry Jones lui-même, sur l'écran de mention légale, espérons que ce DVD permettra de redonner un chance à ERIK LE VIKING !