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Critique du film et du DVD Zone 1
CAT'S EYE 1985

 

Au milieu des années 1980, Stephen King est un auteur célèbrissime et les adaptations cinématographiques de ses romans sont déjà des valeurs sûres pour le box-office. Ainsi, le producteur Dino De Laurentiis s'intéresse de près à ses oeuvres et, en 1985, a déjà produit deux films s'en inspirant : DEAD ZONE et FIRESTARTER. Il propose à l'écrivain d'écrire un film à sketches, en partant de deux nouvelles du recueil "Danse macabre" dont il a les droits. King en signe donc les adaptations et rédige un récit original pour arriver à un total de trois courtes histoires.

Pour réaliser le film en question, on choisit Lewis Teague, dont Stephen King avait particulièrement apprécié l'adaptation de CUJO. Le casting, de son côté, est centré sur Drew Barrymore (alors âgée de dix ans), que Dino De Laurentiis considère comme une star en herbe et qui était déjà apparue dans FIRESTARTER et, bien entendu, E.T.. Par conséquent, King doit changer le sexe de l'enfant du dernier sketch, initialement un garçon, pour en faire une petite fille afin qu'elle puisse tenir ce rôle. De plus, elle fait de courtes apparitions tout au long du métrage. A ses côtés, on retrouve des comédiens déjà assez connus, comme James Woods (VIDEODROME...) ou Robert Hays (Y-A-T-IL ENFIN UN PILOTE DANS L'AVION ?...). Le tournage se déroule essentiellement en Caroline du Nord, dans un studio dont De Laurentiis venait de faire l'acquisition, et le film bénéficie de la présence d'un chef-opérateur hors-pair : Jack Cardiff (PANDORA, UNE QUESTION DE VIE OU DE MORT...).

CAT'S EYE est donc un film à sketches composé de trois récits, restitués chacun par trente minutes de métrage. Afin d'unifier l'ensemble, les trois histoires impliquent un même chat, qu'on voit se faire chasser d'une maison par un Saint-bernard enragé au cours du générique. Atterrissant d'abord à New York, il s'y retrouve coincé dans une étrange clinique. Puis, il arrive à Atlantic City, où il est recueilli par un gangster. Enfin, il arrive à la petite ville de Wilmington, dans laquelle il est adopté par une fillette. C'est seulement dans ce dernier sketch qu'il tient un rôle réellement actif, vu qu'il se contente, dans les deux autres épisodes, d'être à peine plus qu'un témoin de l'action. Enfin, signalons que Teague avait tourné un prologue, annonciateur du troisième épisode, qui devait être placé avant le générique, et qui expliquait pourquoi le chat était chassé aussi brutalement d'une demeure. Toutefois, MGM, la compagnie distributrice, choisit de le retirer avant la distribution en salles de CAT'S EYE.

Dans le premier sketch, Richard Morrison, un fumeur, se rend, sur les conseil d'un ami, dans une clinique où l'on est supposé l'aider à renoncer au tabac. Il se rend vite compte que les méthodes de ses praticiens ne sont guère orthodoxes : ainsi, son médecin le menace, si jamais il fume à nouveau une cigarette, de torturer sa femme et sa fille !

Inspiré par la nouvelle "Désintox, Inc.", cette histoire se veut un conte à l'humour particulièrement noir, jouant à fond sur le décalage entre l'objectif, relativement anodin, de Morrison (s'arrêter de fumer) et les méthodes, incroyablement cruelles, mises en oeuvre par le médecin. Ce décalage n'est pas sans créer une sensible sensation de malaise, dépassant la satire pour verser dans un sadisme presque troublant. Porté par un tandem de comédiens assez exceptionnels (James Woods dans le rôle du patient, Alan King dans celui du docteur), ce sympathique épisode new-yorkais souffre tout de même de ne pas tenir toutes ses promesses, particulièrement dans sa fin abrupte et décevante.

La seconde histoire se déroule à Atlantic City, où Johnny, un ex-champion de tennis, vit une liaison avec la femme d'un gangster. Pour se venger, ce dernier enlève le sportif et, une fois que ses hommes de main l'ont emmené à son appartement, situé au sommet d'un gigantesque building, il le soumet à un chantage odieux : il laisse la vie sauve au sportif si ce dernier parvient, sans tomber dans le vide, à faire le tour du bâtiment en progressant sur une minuscule corniche qui longe l'édifice.

Basée sur la nouvelle "La corniche", cette seconde histoire est sans doute la plus réussie de CAT'S EYE. Admirablement interprétée par Robert Hays et Kenneth McMillan (le baron Harkonnen de DUNE), elle élabore un solide suspens, qui ne laisse plus souffler le spectateur une fois que Johnny a mis le pied sur la fragile bordure de pierre. Efficace et dense, ce sketch remplit allègrement son contrat.

Enfin, la dernière histoire met en scène une famille modèle, vivant dans une belle maison. La petite fille du couple adopte un chat errant, malgré les réserves de sa mère qui voit d'un mauvais oeil ce nouvel arrivant. Quand le canari de la demeure est tué en pleine nuit, le félidé fait office de bouc émissaire et est envoyé à la fourrière la plus proche. Pourtant, ce crime a en fait été commis par un méchant lutin, lequel vit dans les murs de la chambre de la fillette...

Seule histoire originale du film, cet épisode est peut-être le plus faible de l'ensemble, la faute sans doute à une histoire assez puérile, qui met, en plus, un temps considérable à se mettre en place. Heureusement, l'affrontement final entre le chat et le lutin, cette créature étant conçue par Carlo Rambaldi, ne manque pas de charme et permet de conclure cette anthologie sur une note positive.

Sans égaler les meilleurs films à à sketches, ou la réussite de CREEPSHOW à laquelle avait aussi collaboré Stephen King, CAT'S EYE est une oeuvre globalement sympathique et divertissante. En tout cas, elle permettra à King de renforcer ses liens avec De Laurentiis qui, l'année suivante, produira la seule et unique réalisation cinématographique de ce maître de l'horreur littéraire : MAXIMUM OVERDRIVE. CAT'S EYE ne rencontrera qu'un succès mitigé aux USA, et, en France, il est distribué directement en vidéo.

En DVD, il est publié aux USA par Warner Bros (NTSC, zone 1). Ce disque propose le film dans son format 2.35 d'origine (avec 16/9), dans une copie très acceptable. Certes, on remarque quelques petites saletés, une définition parfois un peu grossière et de légers fourmillements, mais ces défauts savent rester ponctuels et discrets. Le résultat d'ensemble est de bonne qualité.

La bande-son est proposée dans sa piste anglaise d'origine, codée dans un "Dolby Stéréo" très acceptable, même s'il ne faut pas s'attendre à un déferlement d'effets sur les voix arrière. Des sous-titrages (français, anglais et espagnol) sont disponibles.

Quand bien même CAT'S EYE n'a pas été un triomphe à sa sortie, Warner fait un petit effort en fournissant ce DVD avec un commentaire audio du réalisateur Lewis Teague. Malgré quelques blancs et quelques redondances, ce supplément s'avère assez informatif et enthousiaste. A part cela, il faut se contenter d'une bande-annonce d'époque et d'une série de filmographies sélectives (Drew Barrymore, James Woods, Stephen King...).

Bref, sans faire particulièrement d'étincelles, ce DVD s'avère tout à fait honnête. Précisons que ce titre est aussi sorti en Europe (zone 2, PAL), en Grande-Bretagne ou en Allemagne par exemple, avec une interactivité comparable (bande-annonce et commentaire audio de Teague) : toutefois, contrairement au disque américain, ils n'incluent pas de sous-titrage ou de pistes audio francophones.

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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L'édition vidéo
CAT'S EYE DVD Zone 1 (USA)
Editeur
Support
DVD (Simple couche)
Origine
USA (Zone 1)
Date de Sortie
Durée
1h34
Image
2.35 (16/9)
Audio
English Dolby Digital Stéréo Surround
Sous-titrage
  • Anglais
  • Français
  • Espagnol
  • Supplements
    • Commentaire audio de Lewis Teague
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