Max Renn est l'un des dirigeants d'une petite chaîne de télévision
locale. Augmenter ses parts de marché passe ainsi par la diffusion
de programmes qui flattent les bas instincts des spectateurs. Déjà
sur le créneau de l'érotique, Max continue toujours de
chercher de nouveaux programmes inédits. Il tombe ainsi sur une
étrange émission nommée "Videodrome".
Parler de VIDEODROME est un exercice de haute voltige. Le film ne cherche d'ailleurs pas à simplifier la tâche du spectateur. Bien au contraire, David Cronenberg balance son histoire sans se soucier de larguer du monde au passage. Difficile donc d'en donner une interprétation objective ce qui, de toutes façons, est rarement le propre d'une critique. La télévision est au centre de VIDEODROME. La petite lucarne est ainsi passée d'une boîte à images luxueuse dans les années 50 pour devenir l'objet incontournable de notre quotidien. Dans le genre David Cronenberg a depuis exploré les relations fusionelles avec d'autres objets qui deviennent (ou vont devenir) des extensions de l'homme moderne. Que ce soit dans CRASH pour les voitures ou EXISTENZ en ce qui concerne les jeux-vidéo et la réalité virtuelle.
VIDEODROME analyse en gros tous les travers et bizarreries de la télévision. Ainsi, la télévision devient tellement incontournable que l'on ne peut plus s'en passer. Un clochard promène son poste, la mission cathodique dispense leur dose d'émission quotidienne à ceux qui sont en manque, aux nécessiteux. Au travers de la télévision, il est possible de faire passer des messages et des supercheries. Tout ce qui est dit dans le poste n'est-il d'ailleurs pas la vérité ? De là naît la possibilité de vivre au travers de la télévision où Brian O'blivion explique qu'un message a bien plus de crédit au travers d'un écran. A côté de cela, si la télévision peut avoir des vertus éducatives, la programmation des chaînes tend plutôt à flatter les bas instincts des spectateurs et les limites sont repoussées régulièrement pour être toujours plus chaudes. Enfin, la télévision nous balance des messages jusqu'où peut aller la programmation de la personne qui regarde sa dose quotidienne ? David Cronenberg pousse le bouchon jusqu'au complot en transformant son héros en véritable magnétoscope humain programmé pour tuer. Mais n'est-ce pas après tout le résultat d'hallucination ? Max se retrouve ainsi à naviguer entre un monde réel, un fantasmé et un halluciné qui donne l'impression que David Cronenberg inventait la réalité virtuelle avant la lettre (le casque de Convex ?). Mais pris tel quel, VIDEODROME est une expérience délirante. Pas toujours d'une grande logique parce que la trame n'est sûrement qu'un prétexte pour toutes les idées qui y sont développées.
David
Cronenberg n'est pas le seul à s'intéresser à
la télévision puisque d'autres films ont déjà
utilisé cet écran à des fins très particulières.
Michael Crichton
emballe une histoire de science-fiction entre image subliminale et création
de top-model virtuelle dans LOOKER,
Michel Galabru
se transforme en tueur en série de la télévision
avec KAMIKAZE
ou le signal très particulier des spots publicitaires de HALLOWEEN
III : LE SANG DU SORCIER. Rien d'étonnant à ce
que l'on puisse voir dans cette lucarne un il ou une sorte de
menace. Mais en dehors de VIDEODROME personne n'aura donné
un film aussi complet sur le sujet !
Disponible depuis un bon moment déjà aux Etats-Unis, VIDEODROME n'a pas eu la chance de se voir gratifier d'un nouveau transfert anamorphique spécialement réalisé pour son passage sur DVD. D'où l'attente d'une sortie en France récompensée ces derniers jours par un transfert tellement proche qu'il faut bien se rendre à l'évidence. Une belle édition de VIDEODROME n'est pas sur le point de sortir ! Ne reste plus qu'à se laisser tenter par une édition française au prix très attractif ou se rabattre sur ce DVD américain qui lui est supérieur en bien des points, même s'l est dépourvu de sous-titrage dans notre langue ! L'image n'est donc pas parfaite, loin s'en faut, mais s'avère tout de même très acceptable.