Bill, Mark et Brett Hudson, alias les "Hudson Brothers", connaissent, dans les années 1970, une certaine renommée à la télévision américaine, en animant des shows réguliers dont ils sont les hôtes et les vedettes. Ces comiques réussissent aussi dans le domaine de la chanson, certains de leurs disques étant des succès commerciaux. Au début des années 1980, ils tentent de faire leur entrée dans l'univers du cinéma, en tournant une parodie de film d'épouvante appelée HYSTERICAL (à ne pas confondre avec le thriller Hammer HYSTERIA), dont ils co-écrivent le scénario et tiennent les rôles principaux. Tournés essentiellement en Californie et dans les paysages naturels de l'Oregon, ce film met en scène quelques comédiens connus : ainsi, les fantômes sont incarnés par Julie Newmar (la Catwoman de la série TV BATMAN) et Richard Kiel (colosse aux dents d'aciers dans L'ESPION QUI M'AIMAIT et MOONRAKER). Le maire de Hellview est interprété par Murray Hamilton, qui occupait la même fonction officielle dans LES DENTS DE LA MER et LES DENTS DE LA MER : 2ème PARTIE.
Frederic Lansing, un écrivain à succès, est dégouté par les best-seller racoleurs qu'il rédige. Il veut écrire un vrai grand roman, et, pour ce faire, décide de s'isoler pour se mettre sérieusement au travail. Il s'installe dans une petite ville portuaire de l'état d'Oregon, où il occupe un vieux phare. Il ignore que cette bâtisse a la réputation d'être hantée depuis que, un siècle plus tôt, le capitaine Howdy et sa maîtresse Venicia y ont trouvé la mort dans des circonstances mystérieuses. L'arrivée de Lansing sur les lieux est accompagnée par des évènements insolites. Le maire de Hellview fait alors appel à deux investigateurs du surnaturel pour vaincre le péril spectral qui menace sa ville...
Dans les années 1970, Mel Brooks est sans doute le roi de la parodie, qui s'attaque, durant toute la décennie, à des genres aussi variés que le western (LE SHERIF EST EN PRISON) ou le thriller (LE GRAND FRISSON). Il se livre aussi à une relecture assez particulière de l'épouvante hollywoodienne des années 1930 avec FRANKENSTEIN JUNIOR, tandis que, au cours de cette décennie, les pantalonnades mettant en scène les monstres classiques se multiplient (PLUS MOCHE QUE FRANKENSTEIN TU MEURS, LE VAMPIRE DE CES DAMES...). Au tout début des années 1980, l'équipe Zucker-Abraham-Zucker apporte un nouveau souffle aux pastiches irrespectueux en tournant en dérision des genres à la mode comme le film-catastrophe (Y-A-T-IL UN PILOTE DANS L'AVION ?). Adoptant un tempo frénétique, leur humour se caractérise par un goût prononcé pour les gags visuels et de très nombreuses références à la culture populaire d'alors.
Avec HYSTERICAL, les frères Hudson semblent chercher à surfer sur ce style de cinéma pour assurer la réussite de leur passage sur le grand écran. Leur film a la particularité de tourner en dérision des grands succès de l'horreur "moderne", et non pas seulement des thèmes gothiques du style Frankenstein. Véritable catalogue de clins d'oeil irrespectueux, HYSTERICAL s'en prend donc essentiellement à FOG, SHINING, L'EXORCISTE, LES AVENTURIERS DE L'ARCHE PERDUE, LA NUIT DES MORTS-VIVANTS... Les thèmes classiques ne sont toutefois pas oubliés, l'intrigue étant centrée sur une histoire de fantômes des plus traditionnels, et Dracula venant même faire un petit coucou.
Toutefois, l'humour des Hudson Brothers ne donne pas toujours dans une infinie subtilité. Ce spectacle paraît, par certains aspects, assez daté (le numéro musical dans la fête foraine, peut-être inspiré par CARNIVAL OF SOULS), tandis que l'efficacité de ses gags est pour le moins aléatoire. Tous ces aspects entraînent un résultat global irrégulier, voire lassant dans la dernière demi-heure du métrage.
Grâce à son rythme soutenu, HYSTERICAL se regarde pourtant sans trop d'ennui. On se surprend assez souvent à rire, tandis que le rythme énergique de l'ensemble et le scénario, relativement solide pour une parodie, entraînent l'adhésion du spectateur. Qui plus est, la plupart des titres parodiés étant, aujourd'hui encore, bien connus des amateurs de cinéma fantastique, le jeu des référénces fonctionne plutôt bien et participe de l'aspect ludique de ce pastiche.
Sans être un inoubliable moment de cinéma, HYSTERICAL n'en est pas moins une comédie fantastique agréablement délirante. Toutefois, il sort aux USA dans une certaine indifférence et sombre assez vite dans l'oubli. En France, il a tout de même le droit à une distribution en salles, en mars 1983.
En 2000, HYSTERICAL est publié sur DVD chez Image (zone 1, NTSC), éditeur qui s'était, auparavant, chargé de sa distribution en Laserdisc. Hélas, Image ne s'est pas particulièrement foulé. Le film est présenté dans un format 4/3 plein écran, sans doute un recadrage opéré sur un format panoramique au vu des génériques parfois très "serrés" et de cadres anormalement coupés sur les côtés. L'image, souvent très sombre, trahit une fixité légèrement instable, une définition approximative et des contrastes peu folichons. Pour "parfaire" le tout, il faut encore signaler quelques défauts d'état (poinçons de fin de bobine), plutôt discrets néanmoins. L'équilibre des couleurs reste heureusement suffisamment naturel pour que la consultation du film reste visuellement supportable.
La bande-son est proposée dans son mixage mono d'origine (DD 1.0), sur une piste d'une qualité plutôt acceptable. Ainsi, malgré un souffle assez présent, les dialogues restent toujours bien clairs et faciles à suivre. En guise de bonus, ce DVD se contente de proposer une bande-annonce américaine d'époque.
Bref, HYSTERICAL aurait bien besoin d'une nouvelle édition DVD, notamment pour proposer une qualité d'image plus convenable.