Comme chaque année, tous les membres de la famille se réunissent pour l'anniversaire des deux fortunées vieilles tantes. Mais, cette année, elles vont recevoir un cadeau inattendu qui va transformer la soirée en un véritable massacre !
Ancien champion de Karaté en Belgique, Emmanuel Kervyn cherche à faire un film d'action et, aux dires du producteur, faute d'argent, il se transforme en un petit métrage horrifique. Si lever la jambe et donner des coups de poing dans le nez est son rayon, Emmanuel Kervyn n'y connaît rien en matière d'effets spéciaux. Forcément, avec le changement de cap du film, il faut trouver un maquilleur capable de produire des effets sanglants, ce qui n'est pas d'une grande simplicité en Belgique. La production essaye d'entrer en contact avec un maquilleur par l'intermédiaire du magazine Mad Movies et ils sont mis en relation avec le français Sébastien Fernandez qui sera alors en charge des gerbes de sang, démons et autres transformations avec, entre autres, son frère Bertrand Fernandez.
Pour l'occasion, l'équipe française fait des miracles et paye de sa personne en travaillant dans des conditions pas toujours très professionnelles mais imposées par la production ! Des efforts récompensés, à défaut d'autres paiements, par un prix des effets très spéciaux au Festival du film fantastique de Paris.
RABID GRANNIES emprunte la route de la comédie malgré les nombreux passages sanguinolents. La première partie du film nous dresse d'ailleurs le portrait de toute une smala de prétendants à l'héritage de deux tantines. Tous aussi frappés les uns que les autres, du prêtre couard à la vieille fille aigrie en passant par un marchand d'armes ou un fabricant de préservatifs, ils veulent tous être bien vus par les mémés pour s'assurer une place sur leur testament. Ce petit monde va rencontrer le surnaturel et l'horreur pendant une soirée mémorable où la plupart d'entre eux seront réduits à l'état de morceaux de boucherie !
Le film d'Emmanuel Kervyn ne sort pas spécialement du lot en utilisant un postulat de départ des plus classiques. En gros, vous enfermez une bande de personnages à l'intérieur d'une maison aux prises avec des créatures (ici deux démons). Pas de quoi révolutionner le monde cinématographique puisqu'il s'agit d'une recette vue et revue auparavant. Mais l'humour potache l'emporte largement sur ce qui n'aurait pu être qu'une histoire éculée. Dans l'esprit, le film navigue, avec quelques années d'avance, dans les eaux du BRAINDEAD de Peter Jackson pour son mix gore excessif et humour outrancier ! Pourtant, RABID GRANNIES ne connaîtra pas le même destin, ce qui s'expliquera peut-être par les prestations d'acteurs peu convaincantes qui donnent à l'ensemble un parfum d'amateurisme.
Il aurait pourtant mérité une bien meilleure reconnaissance puisque RABID GRANNIES n'aura jamais les honneurs d'une sortie en salles en France et se verra distribué directement en vidéo. Troma reprend donc le film pour le sortir un peu partout. Mais aussi surprenant que cela puisse paraître, le montage est alors modifié et plusieurs scènes sont retirées. A croire que RABID GRANNIES va un peu trop loin au goût de Troma. Ainsi, on notera une scène bien plus longue où une gamine est retrouvée par sa mère en plusieurs morceaux ! Un passage gore qui pousse le bouchon assez loin mais qui pourtant ne peut être pris autrement qu'au second degré en raison du ton du métrage. Pourtant, ce passage ainsi que d'autres apparaissent comme gênant à certaines personnes et sont retirés des copies exploitées directement par Troma. En Europe, c'est un peu différent, puisque le film sort en vidéo chez de petits éditeurs avec un autre montage !
Parmi ces pays, il y a la Hollande, qui a droit à un montage plus saignant. Mais tout n'est pas simple puisque ce montage ne comporte pas de nombreuses scènes de dialogues alors qu'elles en font apparaître d'autres. Pour faire son édition DVD, l'éditeur Shock se retrouve donc face à un problème. En effet, il a le choix entre utiliser le montage américain de Troma ou alors éditer sa propre version non édulcorée de scènes gores. Malheureusement, la seule source pour cette dernière version à sa disposition comporte un sous-titrage néerlandais incrusté sur l'image. Toutefois, étant donné que ce disque est destiné au marché hollandais, l'éditeur préfère sortir cette version du film plus sanglante mais pas vraiment intégrale non plus... Tout du moins, reste à savoir quelle était la version approuvée par le réalisateur à l'origine !
Il n'est donc pas possible de retirer les disgracieux sous-titrages néerlandais, ce qui pourra poser des soucis aux spectateurs qui ne comprennent pas cette langue. Leur taille ne les rend d'ailleurs pas discrets ! L'image est plutôt satisfaisante et a en plus le mérite de proposer le film dans son format cinéma, contrairement à la copie du DVD de Troma. La piste sonore originale anglaise n'a rien d'exceptionnel non plus !
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Les seuls suppléments se résument à une interview du producteur, un entretien avec l'une des mamies, une galerie de photos et la bande-annonce. Assez courte, l'interview du producteur a été réalisée par l'équipe de Troma pour l'édition américaine et se retrouve sur quasiment tous les DVD édités à travers le monde dont la France. Nous développons d'ailleurs un peu plus en détail son contenu dans notre critique du disque français.
En cadeau, l'éditeur hollandais ajoute un second DVD qui n'a, il faut bien le dire, rien à voir avec RABID GRANNIES. Il s'agit d'un court-métrage hilarant datant de 2001 qui parodie les films institutionnels. On peut y suivre la journée type d'un conducteur de chariots élévateurs, Klaus, qui nous donne tous les bons tuyaux pour éviter les accidents ! Bien entendu, ces dix minutes se terminent dans le gore le plus drôle. Ce second DVD ne contient rien d'autre que ce court-métrage, qui est d'ailleurs proposé en version allemande avec sous-titrage néerlandais. Fort dommage puisque le fait de ne pas comprendre les dialogues fait perdre un peu de l'aspect farce à ce court.
Stapflerfahrer KlausIl est très difficile de conseiller une édition de RABID GRANNIES, plutôt qu'une autre. Doit-on se tourner vers une édition à l'image obstruée par un sous-titrage étranger pour découvrir un montage plus saignant de l'oeuvre ou céder à la facilité du sous-titrage français avec d'autres scènes supplémentaires ? Typiquement le genre de dilemme qui se pose régulièrement avec les éditions DVD !