Parti chasser en Amérique, un Lord anglais est capturé par une tribu sioux. Humilié et traité comme un animal, il décide d'adopter leurs coutumes pour être considéré comme un homme, ce qui lui permettrait ensuite de s'échapper.
A la fin des années des 60, le Western connaît un drôle de virage quant à la représentation de l'ouest. Bien entendu, l'image du peau-rouge assoiffé de sang et dont la seule motivation est de stopper les convois des gentils colons blancs en prend un sacré coup. Certains films avaient pourtant déjà essayé de dépeindre les premiers véritables américains comme des êtres humains et non pas des sauvages sans foi ni loi mais cette fois le cinéma se montre encore plus critique vis à vis de l'homme blanc. Ainsi, le problème des indiens est soulevé de front avec WILLIE BOY, une chasse à l'homme d'après un fait divers, bien qu'il ne s'agisse pas véritablement d'un Western. A la même période, s'ensuivent trois films qui donnent chacun leur vision des indiens d'Amérique : LITTLE BIG MAN d'Arthur Penn, SOLDAT BLEU de Ralph Nelson et UN HOMME NOMME CHEVAL d'Elliot Silverstein. Par la suite, de nombreux films s'intéresseront à des sujets plus ou moins similaires.
Le cinéma américain n'a pas attendu UN HOMME NOMME CHEVAL pour mettre en scène des histoires de personnages retenus en captivité par les indiens. LA PRISONNIERE DU DESERT de John Ford en est un parfait exemple. Toutefois, à la différence d'UN HOMME NOMME CHEVAL, mais aussi de LITTLE BIG MAN à un niveau différent, le point de vue du captif n'est pas le centre de l'histoire. Cette fois, on suit donc le parcours initiatique d'un homme «civilisé» parmi ceux qui sont réputés être des «sauvages». Au final, l'homme blanc doit reconnaître l'évidence que les indiens sont à son image et n'ont pas à être traités de façon inférieure. Mieux, discrètement, le scénario va même jusqu'à indiquer que les indiens, à cette époque, détenaient un sens de la vie bien moins futile que celui du personnage principal. En effet, celui-ci avoue lui-même que la raison absurde de son voyage était de parcourir des milliers de kilomètres pour finalement chasser des oiseaux différents de ceux qu'il trouvait en Angleterre !
UN HOMME NOMME CHEVAL n'est un Western que par extension puisqu'il ne suit pas les codes habituels du genre. Il n'y a que le lieu où se déroule l'action et vaguement l'époque qui l'y rattachent. En effet, l'histoire prend place au début du XIXème siècle alors que la plupart des Westerns se situent plutôt au milieu voire à la fin. Le film d'Elliot Silverstein se rapproche plus, par bien des côtés, d'un film d'aventure. Il inspira d'ailleurs les italiens pour AU PAYS DE L'EXORCISME, un film qui jetait les bases du film de cannibales. Les parallèles avec le film d'Umberto Lenzi sont nombreux. On retrouve dans les deux films des images d'archives insérées au reste du métrage pour dépeindre la vie sauvage dont des scènes parfois assez cruelles. Les personnages des deux films suivent une initiation pour prendre place au sein de la tribu et tombent même amoureux de la beauté du coin. Plusieurs métrages de la veine du film de cannibales suivront plus ou moins la même trame, à quelques variations près comme dans LE DERNIER MONDE CANNIBALE ou ESCLAVE BLONDE...
La séquence forte d'UN HOMME NOMME CHEVAL est un rite initiatique nommé la danse du soleil. Bien que originellement sorti comme un film tout public aux Etats-Unis, c'est cette même séquence qui obligera le MPAA à revoir son jugement pour lui donner une interdiction plus lourde quelques années plus tard au moment d'une ressortie. On sera surpris de voir qu'Umberto Lenzi utilise une variation féminine de cette scène dans un autre film de son répertoire : CANNIBAL FEROX. A l'ouverture du film, il est précisé que cette fameuse danse du soleil est à présent interdite aux Etats-Unis. Les moeurs ont du bien changer puisque des férus de sensations fortes réalisent maintenant les mêmes prestations sans aucune approche spirituelle. Donc, pour clarifier, le personnage se voit dans l'obligation d'endurer une grande souffrance, et prouver ainsi qu'il est un homme, en étant suspendu en l'air grâce à deux os plantés dans ses pectoraux.
Présenté comme une vision fidèle de la vie des sioux à l'époque, le film amusera les indiens des années 70. En effet, les facétieux conseillers techniques n'ont pu s'empêcher de placer quelques pieds de nez que les spectateurs blancs seront incapables de noter ! De même, il semblerait que la fameuse danse du soleil ne soit pas d'origine sioux mais d'autres tribus indiennes. La plupart des rôles sont tenus par de véritables indiens dont l'acteur vétéran Iron Eyes Cody mais on sera surpris quand même par certains choix. A l'image de nombreux films précédents où les indiens étaient interprétés par des acteurs d'autres nationalités, on retrouve au générique d'UN HOMME NOMME CHEVAL un Hawaïen pour interpréter le chef de la tribu ou une actrice grecque comme jeune première.
Mais après tout, le cinéma a t'il véritablement une vocation pédagogique ? A la vue de nombreux films à grand spectacle, il est évident que non ! UN HOMME NOMME CHEVAL, s'il ne représente pas une vérité historique minutieuse, est tout de même un film d'aventures plutôt réussi. Il sera d'ailleurs un succès qui mènera Irvin Kershner à réaliser une suite largement moins bonne, LE RETOUR D'UN HOMME NOMME CHEVAL, et John Hough d'emballer LE TRIOMPHE D'UN HOMME NOMME CHEVAL. Les trois films mettant toujours en vedette Richard Harris dans le rôle principal du Lord anglais qui décide de vivre parmi les indiens.
En dehors de quelques plans floutés (exprès ?), de certains passages granuleux et de passages à la définition moindre, le transfert de l'image s'est fait de belle manière. Les couleurs des images sont bien rendues dès les premières minutes du film où l'on découvre les paysages grandioses, le tout en format cinéma respecté.
Le DVD propose un remix en Dolby Digital 5.1 de la piste sonore anglaise enregistrée à l'origine en mono. Le film gagne essentiellement une belle ampleur sur certains effets sonores (les tambours...) et la musique de Leonard Rosenman. Il faut dire qu'UN HOMME NOMME CHEVAL est une oeuvre qui ne donne pas beaucoup d'opportunité à laisser s'échapper un flot de décibels des enceintes. L'ensemble du film se déroulant calmement la plupart du temps. Le doublage français reste en mono et n'offre pas les mêmes capacités que la version originale.
Depuis quelques temps, Paramount ne place plus de suppléments sur un grand nombre des films de fond de catalogue qui sortent en DVD. A l'exception des films récents ou des éditions plus prestigieuses, il n'y a donc même plus de bandes-annonces sur les disques de l'éditeur. C'est le cas sur le disque d'UN HOMME NOMME CHEVAL qui aurait sûrement mérité que l'on revienne sur sa création. Le prix de vente reste pourtant dans la moyenne des autres DVD.
Western atypique ou plutôt film d'aventures initiatiques, UN HOMME NOMME CHEVAL donne une vision plus rapprochée des indiens d'Amérique. Précurseur dans le domaine, il inspirera des films sur des sujets similaires et même la vague de films de cannibales produite en Italie.