Avant de commencer, il faut préciser que ce AMAZONIA n'a rien
à voir avec le AMAZONIA
: LA JUNGLE BLANCHE de Ruggero
Deodato. Il est préférable de vous éviter une déception dans le
cas où ce dernier film vous intéresserait. En fait, ici, il s'agit donc
de ESCLAVE BLONDE, titre racoleur français. Le seul point commun
étant que les deux films se déroulent effectivement en Amazonie. Le
film se base sur un fait divers. Celui de Katherine Miles qui aurait
été enlevée par les Indiens Guaranis pendant une longue période. Elle
aurait alors vécu parmi eux...
Dans le film, on retrouve
donc Katherine Miles dans un tribunal où elle est accusée de meurtre.
Elle raconte alors l'histoire qui l'a menée jusque là. Etudiante et
en vacances, elle se rend auprès des ses parents qui vivent en Amazonie.
Tout ce joli monde décide d'aller faire un pique-nique en suivant la
rivière. C'est alors que ses parents sont assassinés. Elle reprend connaissance
juste à temps pour voir une poignée d'autochtones couper la tête de
son père et de sa mère. Ils l'emmènent alors tel un gibier jusqu'à leur
village... On vous épargnera la suite surtout qu'on l'a, en quelque
sorte, déjà vu auparavant.
En effet, ESCLAVE BLONDE suit à la lettre le scénario d'un autre film. C'est à dire AU PAYS DE L'EXORCISME. Vous comprendrez pourquoi nous avons testé il y a à peine quelques heures le DVD de cet autre film. Le parallèle est évident. Les éléments de l'histoire sont identiques. Les auteurs de ESCLAVE BLONDE ont juste changé le personnage principal qui devient ici une jeune femme. Autre innovation, l'histoire du meurtre et du retour à la civilisation. En dehors de cela, les ingrédients sont les mêmes à un point fort étonnant. Notre héroïne s'éprendra d'un homme du village... L'une des indigènes parle anglais ce qui facilitera les discussions... Elle donnera une leçon de médecine en réparant une fracture (dans l'autre film, le héros opérait un jeune garçon au grand dam du sorcier)... On a même droit à un vol d'hélicoptère. On pourrait continuer ainsi sur de nombreux points.
Si la carte de l'originalité ne revient pas à ESCLAVE BLONDE, il faut aussi constater que le réalisateur n'a rien d'un virtuose. Roy Garret est le pseudonyme de Mario Gariazzo, cinéaste italien à la petite semaine abonné aux films Bis. S'il signe ESCLAVE BLONDE, c'est que les films se déroulant au milieu des peuplades reculées d'Amérique du sud ont le vent en poupe. Quoi de mieux, dès cet instant, que de reprendre une histoire qui a fait ses preuves. Ce qui était déjà plus ou moins le cas de AU PAYS DE L'EXORCISME. Le Bis dans toute sa splendeur présentant la copie carbone d'une copie... d'une copie...
Malheureusement, Mario Gariazzo
n'est pas Umberto Lenzi.
Car quoi que l'on puisse en penser, ce dernier est un honnête artisan.
ESCLAVE BLONDE est donc pour le moins bancal. Les moyens devaient
manquer tout autant que le talent. En terme de figuration, il faudra
vous contenter d'une vingtaine de figurants. Pour pallier au problème
et remplir le cadre, le réalisateur les place en file indienne tout
le long de l'écran pour simuler un semblant effet de foule. Manque de
pot, ce genre de pratique rend les choses assez risibles. Tout comme
cette manière très disciplinée qu'ont tous les indigènes de se déplacer
en file... indienne (forcément !) et ce, même dans les plaines. Là où
la plupart des films du genre donnaient une impression documentaire,
ESCLAVE BLONDE se plante littéralement. Tout a l'air faux. Comme
ces indigènes qui ont l'air d'être affublés de perruques et pour certains
n'ont même pas la tête de l'emploi. Ou alors le fait que l'on puisse
repérer à deux mille kilométres les séquences
d'un documentaire animalier qui atterrissent là sans raison,
si ce n'est de nous dire que tout cela se déroule... dans la
nature. A ce point, cela en devient effarant.
Comme si le film avait besoin d'être encore plus enfoncé, Elvire Audrey, l'interprète principal, n'a carrément pas le physique de l'emploi. A aucun moment, on ne peut l'imaginer pouvant survivre plus de 10 secondes dans la jungle. On suppose que la seule raison de la prendre au moment du casting fut de trouver une actrice blonde qui accepterait de jouer toute nue. Dans ce cas, on se demande encore pourquoi elle car quitte à faire un film d'exploitation autant aller jusqu'au bout. Car en matière d'érotisme, la production aurait pu trouver mieux.
Un film Bis. Un film d'exploitation. Voilà comment définir le mieux ESCLAVE BLONDE. La recette étant finalement de proposer une nana à poil dans la jungle avec des scènes gores et atroces. Sur ce dernier point, on avait déjà vu pire ailleurs. Histoire d'être bien plus racoleur encore, on insiste bien sur le matériel publicitaire pour expliquer que tout cela est une histoire bien vraie. Les affiches du film étant souvent trompeuses dans ce qu'elles décrivent. Pourtant malgré tout cela, entre les acteurs éteints et les péripéties de l'histoire, on ne peut s'empêcher de rire à la vision de cette ESCLAVE BLONDE. Le film est raté mais il en devient résolument hilarant.
Si l'on ne peut
rien reprocher à la bande son anglaise du film, il n'en est pas de même
pour l'image. Le master utilisé, (d'après la jaquette,
le négatif 35mm original), est bourré de griffures et
de tâches et certaines séquences sont inexplicablement affublées
d'un grain excessif ou changent de qualité. Pour en revenir sur
le son, il est à noter que comme c'est le cas dans la plupart des films
de jungle de l'époque, la musique est en décalage. Sans atteindre celle
de Riz Ortolani
pour CANNIBAL
HOLOCAUST, dans le même genre, le thème principal
de ESCLAVE BLONDE est l'une des choses les moins ratées dans
ce film !
Pour les suppléments,
il faudra vous contenter d'une galerie de photos qui ne fait que présenter
des photos du film. En plus de cela, point de bandes-annonces mais un
Show pour trois films de la collection Italian Shock. Il s'agit ni plus
ni moins de présenter le meilleur (du pire ?) des films dans une petite
fenêtre. Vous pourrez donc jeter un oeil rapide à THE
SMUGGLER, L'AVION
DE L'APOCALYPSE et ESCLAVE BLONDE. Dans ce dernier cas,
on ne voit pas bien l'interêt, à moins de vouloir visionner plus rapidement
les séquences gores... Le livret (deux pages) qui se trouve à l'intérieur
du boîtier contient un petit texte en français.
La vision de cet ESCLAVE BLONDE est donc pour le moins étonnante. On ne sait trop pourquoi le label Italian Shock a pu s'enrichir d'un tel titre. A moins que cela ne soit pour son décalage. Encore que cela dépend de votre sens de l'humour et du contraste qu'il peut avoir avec votre porte-monnaie.