Apparu dans la foulée de Jorg Buttgereit (NEKROMANTIK) et Olaf Ittenbach (PREMUTOS), Andreas Schnaas s'inscrit dans la tradition de cinéastes allemands réalisant, avec des petits budgets, des films d'horreur très explicites destinés à un marché underground. Après avoir publié INFANTRY OF DOOM et DEMONIUM en VHS, Uncut Movies distribue, essentiellement par correspondance, le DVD de la dernière réalisation en date de Schnaas : NIKOS THE IMPALER.
DEMONIUM, son précédent film, était tourné en 35mm, en Italie, avec l'appui d'une équipe professionnelle (parmi laquelle Sergio Stivaletti, responsable attitré des effets spéciaux chez Dario Argento). Ce titre marquait une tentative de s'orienter vers un gore gothique dans la tradition italienne d'un Lucio Fulci, combinant des séquences très sanglantes à un vrai travail atmosphérique. Avec NIKOS THE IMPALER, Schnaas retourne à l'esprit "amateur" de la série VIOLENT SHIT, sur lequel il a bâti sa réputation (bonne ou mauvaise, selon les spectateurs...). Filmée en vidéo, en partie en décors naturels, pour un budget plus modeste que DEMONIUM, cette nouvelle oeuvre est enregistrée à New York et dans ses environs. Bénéficiant de la présence de petites célébrités, comme Felissa Rose (MASSACRE AU CAMP D'ÉTÉ, titre vidéo...), Schnaas met aussi en scène quelques guest stars venues faire des apparitions, comme le rocker Bela B. Felsheimer (KILLER BARBYS VS. DRACULA...), Debbie Rochon (TERROR FIRMER...) ou Lloyd Kaufman, ce dernier s'incrustant le temps de promouvoir quelques produits Troma.
Au Moyen-Age, en Roumanie... Nikos, un guerrier cruel, est massacré par des hommes excédés par ses incessantes brutalités. Dans son dernier râle, il promet de revenir se venger. De nos jours, à New York... Afin d'intéresser ses élèves à l'Histoire et à l'Art, un professeur organise une exposition dédiée aux horreurs de l'histoire roumaine. On y parle, bien sûr, de Vlad l'empaleur, mais aussi de son prédecesseur, moins connu : le terrible Nikos. Or, le soir du vernissage, un cambrioleur, pris en flagrant délit par un gardien, est blessé par balle : son sang se répand sur le casque du barbare, entreposé dans les réserves du musée. Nikos revient alors du royaume des morts et tue, à l'aide de sa gigantesque épée, tous les êtres vivants passant à sa portée...
Comme sa créature Nikos, Andreas Schnaas débarque donc à New York pour apporter au nouveau monde son univers sanguinolent et barbare, dont les racines plongent dans un passé culturel (ou folklorique ?) typiquement européen. Revendiquant un retour à l'esprit des trois VIOLENT SHIT, le réalisateur tient, comme au temps de Karl le boucher, le rôle de son propre monstre, auquel il prête sa massive silhouette.
Vêtu d'une lourde armure moyenâgeuse, le visage caché par un casque menaçant, Nikos commence son périple américain en surgissant d'une caisse d'objets archéologiques, puis en semant la terreur dans un musée, au cours d'une première partie semblant loucher simultanément vers RELIC et vers le slasher américain classique. Décimant, les uns après les autres, toute une galerie de personnages archi-stéréotypés, il aligne des meurtres dont la succession pourrait s'avérer répétitive. Heureusement, l'atmosphère décontractée, l'absence de prétentions de l'ensemble, et, surtout, l'efficacité des séquences gore, toujours soignées, ne laissent pas trop s'installer l'ennui.
NIKOS THE IMPALER trouve vraiment son rythme et le ton juste dans sa seconde moitié. Le barbare vadrouille dans New York, allant d'un lieu à l'autre et semant la destruction dans des saynètes divertissantes (club de gym, vidéo-club, cinéma...). Le métrage culmine dans un affrontement hautement grotesque, impliquant, entre autres, Hitler et deux ninjas, avant de se conclure sur un sympathique clin d'œil à L'ENFER DES ZOMBIES !
Certes, la réalisation est limitée par le format vidéo et des conditions de tournage précaires. De même, les comédiens sont le plus souvent de parfaits amateurs, tandis que les quelques décors construits paraissent fragiles. Qu'importe, puisque, à ce niveau, Schnaas semble n'avoir que très peu d'ambitions. Seuls comptent le rythme et le divertissement, ainsi que des effets gore toujours généreux. Nikos découpe ses victimes aussi bien dans le sens de la longueur que de la largeur, décapite et démembre dès que faire se peut, mord dans ses propres intestins...
Schnaas propose donc une très sympathique pochade qui, bien qu'elle ne sollicite pas trop les méninges, ne laisse jamais s'installer la lassitude. Maintenant un équilibre habile entre un relatif professionnalisme (trucages gore, rythme...) et un amateurisme bon enfant, NIKOS THE IMPALER peut se prévaloir d'une bonne ambiance communicative. Certes, on n'y trouve pas le talent cinématographique qu'on pouvait déceler dans un EVIL DEAD et un BAD TASTE, mais cette production réjouissante enchante par son atmosphère aussi sanglante que festive.
NIKOS THE IMPALER est déjà disponible dans une édition NTSC multizone, destinée au marché européen et américain (bande-son anglaise originale, et sous-titres allemand, anglais et espagnols). La France bénéficie, elle, de sa propre édition (PAL, zone 2) distribuée, comme on l'a vu plus haut, par Uncut Movies.
Le film ayant été tourné en vidéo numérique, dans des conditions folkloriques (beaucoup de décors naturels...), l'image souffre indéniablement de limites techniques. Même pour un tel produit, on peut d'ailleurs trouver que la définition est parfois trop en retrait. On ne peut guère espérer, de toute façon, une qualité irréprochable pour une telle production indépendante ! Le plus gênant reste tout de même le cadrage 1.77, se conformant à l'option 16/9 (qui est bien présente), alors que le film semble avoir été cadré, au départ, en 1.33. On repère alors, à plusieurs reprises, des accidents de cadrage assez malheureux. Toutefois, on ne jettera pas la pierre à Uncut movies, puisque l'édition internationale du DVD, apparemment supervisée par Schnaas, fait le même choix discutable...
La bande-son est proposée en stéréo (alors que le DVD multizone la fournit en Dolby Digital 5.1). Honnêtement, vu la qualité assez poussive de cette piste et des conditions d'enregistrement (certains dialogues sont à peine audibles), il ne semble pas qu'un mixage plus élaboré changerait grand chose... Le sous-titrage français est amovible à volonté.
Uncut Movies offre deux petits bonus exclusifs, à savoir une présentation du film par Andreas Schnaas (deux minutes) et une interview du même Schnaas (environ cinq minutes), au cours de laquelle il se répand en propos francophiles. Le reste des suppléments semble, par contre, provenir du DVD international, à savoir : une interview en anglais de Schnaas et son compositeur Mark Trinkhaus ; un "Making Of" dédié à la séquence du vidéo-club ; la bande-annonce du film ; une version longue de la sympathique scène de la douche. On remarque que certains bonus de l'édition multizone n'ont pas été repris (commentaire audio, musique du film...). Dommage... Enfin, le DVD propose les bandes-annonces des autres titres disponibles en DVD chez Uncut Movies.
Bref, NIKOS THE IMPALER est publié dans une édition convenable, les évidentes limitations techniques du film étant inhérentes à ses conditions de production.