Header Critique : DRACULA (Image)

Critique du film et du DVD Zone 1
DRACULA 1979

IMAGE 

Le comte Dracula s'installe en Grande-Bretagne, à proximité d'une petite commune côtière. Il y fait connaissance avec les jeunes Lucy Seward et Mina Van Helsing. Après la mort aussi rapide que mystérieuse de cette dernière, son père, le professeur Van Helsing, se rend sur place. Il soupçonne rapidement que sa fille ait été la victime d'un terrible maléfice...

Avec le déclin du cinéma gothique, consécutif aux triomphes de films comme ROSEMARY'S BABY, LA NUIT DES MORTS-VIVANTS ou L'EXORCISTE, la production d'œuvres vampiriques décline doucement au cours des années 1970. 1979 marquera pourtant un réveil de ce genre. Deux projets, en particulier, frappent par leur ambition. D'une part, l'allemand Werner Herzog signe un remake contemplatif de NOSFERATU LE VAMPIRE : NOSFERATU, FANTÔME DE LA NUIT, avec Klaus Kinski et Isabelle Adjani. D'autre part, Universal produit une nouvelle adaptation cinématographique du "Dracula" de Bram Stoker, dirigée par un réalisateur d'origine britannique : John Badham.

Pour bien saisir les origines de ce projet, un grand retour en arrière s'impose. En 1924, l'acteur Hamilton Deane parvient à monter une version théâtrale du livre "Dracula", dont il rédige lui-même l'adaptation. C'est un succès, et, en 1927, la pièce est retouchée par l'américain John L. Balderston afin d'être jouée à Broadway. Interprétée par un acteur hongrois nommé Bela Lugosi, elle fait un triomphe. La compagnie Universal en acquiert les droits, si bien que la pièce de Deane et John L. Balderston devient la source principale du DRACULA de Browning, première adaptation cinématographique parlante du roman de Bram Stoker, qui propulse Lugosi star de l'épouvante sur grand écran.

Cette adaptation théâtrale est reprise en 1976 à Broadway, avec, dans le rôle-titre, Frank Langella. C'est à nouveau un grand succès. Il est rapidement envisagé d'en faire un nouveau film, interprété par le même comédien. Le scénariste W.D. Richter se charge d'adapter le texte de Deane et Balderston aux ambitions du réalisateur choisi : John Badham, qui venait de triompher avec le film disco LA FIÈVRE DU SAMEDI SOIR. Huit millions de dollars sont attribués à ce projet, qui est tourné en Grande-Bretagne, en studios et dans des décors naturels du comté de Cornouailles. Deux stars britanniques sont réunies pour l'occasion : Donald Pleasance, habitué du fantastique (THX 1138), et Laurence Olivier, qui vient de jouer dans CES GARÇONS QUI VENAIENT DU BRÉSIL.

Au large de Whitby, par une nuit de tempête, le navire Demeter s'échoue sur la côte. Seule une personne survit au naufrage : le comte Dracula, un aristocrate d'Europe centrale venu s'installer dans cette région de Grande-Bretagne. Après avoir emménagé dans l'abbaye de Carfax, il rend visite aux notables de la région, et particulièrement au docteur Seward, directeur de l'asile d'aliénés. Le comte fait la connaissance de deux charmantes jeunes femmes : Lucy Seward, la fille du médecin, et Mina Van Helsing, une amie néerlandaise. Mais Dracula est en fait un vampire. Nuitamment, il se rend en cachette dans la chambre de Mina pour se délecter de son sang. La pauvre victime meurt peu après, au grand étonnement de son entourage. Le docteur Seward contacte alors le professeur Van Helsing, le père de Mina, qui le rejoint aussi rapidement que possible. Il a tôt fait de mettre à jour la nature… surnaturelle de Dracula !

Comme ont pu s'en rendre compte les lecteurs du roman de Stoker, le travail d'adaptation a pris quelques libertés avec le matériel original. Le docteur Seward n'est plus un jeune médecin amoureux de Lucy, mais son père. Mina, de son côté, devient la fille de Van Helsing, tandis que Jonathan Harker n'est plus son fiancé, mais celui de Lucy. D'autre part, la structure du récit a été modifié pour ramasser l'action sur un espace géographique très limité, réduit à Whitby et ses environs. Le fameux prologue Transylvanien est totalement évacué, tandis que les passages à Londres disparaissent. L'intrigue se déroulera entre l'asile du docteur Seward (dans lequel il réside avec sa famille), le cimetière qui lui est adjacent et, un peu à l'écart, l'abbaye de Carfax qui, pour l'occasion, se voit conférer l'aspect flamboyant et la station haut placée traditionnellement réservés au château roumain de Dracula. Enfin, chronologiquement, l'action est située, semble-t-il, au début des années 1920, et non plus à la toute fin du XIXème siècle.

Ces modifications ne sont pas toutes heureuses. Ainsi, certains personnages, devenus inutiles, sont maintenus, comme Renfield, transformé en un personnage comique assez embarrassant. Seward aussi a un comportement bouffon, et Donald Pleasance, qui l'incarne, semble peu concerné par le flux des évènements. Laurence Olivier est un choix intéressant pour Van Helsing, mais le comédien, alors fort malade, ne fait guère le poids face à ses ennemis vampires dans les séquences d'action au cours desquelles il les affronte. Les acteurs de second rang ne sont pas toujours très convaincants : Trevor Eve incarne un Jonathan Harker non seulement insignifiant, mais, en plus, irritant !

Ce nouveau DRACULA marque néanmoins des points en traitant son personnage principal sur un ton résolument nouveau. Alors que Christopher Lee en avait imposé une image de plus en plus sèche et sauvage au cours du cycle Hammer, Frank Langella paraît revenir à un Dracula plus suave et mondain, dans la tradition de Lugosi. Séducteur, sociable, pourvu d'une certaine ironie, il valse avec les jeunes filles et les invite à partager son dîner, dans sa salle de réception ornée de centaines de bougies. Encore plus nouveau, Dracula tombe amoureux de Lucy, les deux amants allant même jusqu'à consommer charnellement leur union sur un fond d'éclairages lasers étonnants ! Certes, cet amour ressenti par le comte, totalement absent du roman de Stoker, pouvait être deviné dans NOSFERATU LE VAMPIRE. Néanmoins, il est ici souligné et exprimé de façon très appuyée, ce dont se souviendra Coppola pour son DRACULA de 1992. A mettre en avant le caractère séduisant de son vampire, le film de Badham souffre tout de même de le rendre inoffensif. Faisant très peu de victimes, jamais vraiment montré de façon monstrueuse, Dracula est somme toute relativement fade, et ne suscite guère l'effroi.

Bénéficiant d'un gros budget, ce DRACULA s'offre des effets spéciaux dirigés par Roy Arbogast (LES DENTS DE LA MER, RENCONTRES DU TROISIÈME TYPE...), dont le travail oscille ici entre le ratage ridicule (les chauves-souris mécaniques, suspendues à des filins parfois visibles) et la magie pure, comme le plan stupéfiant au cours duquel le vampire se change en un loup. Ce goût du trucage aboutit, par ailleurs, à certaines expérimentations surprenantes, qui rapprochent cette nouvelle version du NOSFERATU LE VAMPIRE de Murnau : ralentis, lasers, images documentaire (l'éruption solaire)... Toujours dans la tradition du réalisateur allemand, et en opposition à celle de Browning, Fisher ou Coppola, les décors naturels, sauvages et romantiques, sont souvent exploités de manière à apporter un cachet poétique envoûtant. Le travail de studio n'est pas négligé, particulièrement les superbes décors à l'intérieur de l'abbaye de Carfax, hélas bien sous-exploités. Des trouvailles magnifiques et des séquences réussies, on en trouve certainement dans ce DRACULA, ce qui en fait indéniablement un film intéressant pour les amateurs de fantastique : Dracula rampant sur les murs de l'asile ; le cheval repérant la tombe du vampire dans le cimetière ; l'affrontement dans la mine ; la poursuite avec l'automobile... Surtout, le premier face-à-face entre Dracula et Van Helsing, dans le salon des Seward, subjugue par l'intensité des interprétations de Langella et Olivier.

Mais, hésitant maladroitement entre la romance, l'ironie et l'épouvante, ce DRACULA semble avoir du mal à trouver ses marques. Malgré quelques séquences époustouflantes et un travail remarquable sur les décors et la direction artistique, il peut laisser sur une impression mitigée. Sans être un gros succès, ce film s'avère néanmoins rentable sur le marché américain. John Badham fait ensuite une carrière de réalisateur hollywoodien porté sur la science-fiction (WARGAMES) et l'action (TONNERRE DE FEU), tandis que Langella se spécialise dans les rôles de méchants (LES MAÎTRES DE L'UNIVERS, LA NEUVIÈME PORTE...).

Le seul DVD publié pour ce DRACULA, sorti chez Image (NTSC, zone 1), date de 1998, et est aujourd'hui épuisé. L'image est proposée dans son format scope d'origine, mais, contrairement à ce que sous-entend la jaquette, le transfert n'est pas 16/9. On constate d'abord que ce télécinéma est assez médiocre, qui trahit une copie sale, fatiguée, et des problèmes de moirage constants.

Reste à discuter de la colorimétrie très particulière de ce DVD. Badham avait été contraint par Universal à toruner en couleurs alors qu'il avait voulu retrouver le noir et blanc des films des années 30 pour la plupart des scènes. Dans les années 1990, pour le Laserdisc et le DVD, il a choisi de se rattraper en étalonnant la copie de façon à lui donner des teintes sépias. Les couleurs sont donc extrêmement atténuées, voire manquent franchement de naturel (les chairs notamment...). Pour mesurer l'écart entre les deux versions, il suffit de comparer les captures illustrant ce test aux photos d'exploitations (disponibles sur DeVil Dead), fidèles aux couleurs originales du DRACULA sorti en salles. La piste son anglaise d'origine (Dolby Stereo) est déjà plus satisfaisante. Propre, équilibrée, elle met particulièrement bien en valeur l'exceptionnelle partition composée par un John Williams inspiré. Quant à la section bonus, elle n'existe tout simplement pas...

Proposant une image passable, ce DVD reste néanmoins la seule édition disponible de ce titre pour l'instant.

PS : Merci à Jean-Michel Gagé pour les précieuses informations qu'il m'a fournies quant à la colorimétrie de ce DVD !

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
50 ans
1 news
662 critiques Film & Vidéo
1 critiques Livres
On aime
Quelques séquences superbes
On n'aime pas
Un "Dracula" très inégal
Pas de 16/9
Image de très mauvaise qualité
RECHERCHE
Mon compte
Se connecter

S'inscrire

Notes des lecteurs
Votez pour ce film
Vous n'êtes pas connecté !
7,33
6 votes
Ma note : -
Autres critiques
L'édition vidéo
DRACULA DVD Zone 1 (USA)
Editeur
Support
DVD (Simple couche)
Origine
USA (Zone 1)
Date de Sortie
Durée
1h49
Image
2.35 (4/3)
Audio
English Dolby Digital Stéréo Surround
Sous-titrage
  • Aucun
  • Supplements
      Aucun
    Menus
    Menu 1 : DRACULA (Image)
    Autres éditions vidéo