Le maléfique et cruel clan Hikita est mené par la sinistre Tamazusa et son fils Motofuji : âgés de plusieurs siècles, ils gardent l'apparence de la jeunesse en faisant appel aux moyens de la magie noire. Ils envoient leurs soldats capturer la princesse Shizu, dernière descendante du clan Satomi, leurs ennemis séculaires. Isolée, égarée dans la campagne, tout semble perdue pour cette jeune fille. Pourtant, elle reçoit la protection inattendue du guerrier Dosetsu. Celui-ci lui explique qu'il est né avec une perle de cristal magique dans la main, et que, selon une légende ancienne liée à la rivalité entre les Hikita et les Satomi, sept autres guerriers, tous détenteurs d'une boule de cristal semblable, vont venir les rejoindre et les aider à vaincre Tamasuza et ses sbires.
Le réalisateur japonais Kinji Fukasaku a connu un net regain de popularité en France au début des années 2000, notamment lorsque son œuvre a été présentée à l'Étrange Festival de Paris en 2001, évènement suivi par la distribution en salles de BATTLE ROYALE. Plus récemment, l'éditeur Wild Side a ressorti quatre de ses films de gangsters, genre dans lequel il s'est illustré avec beaucoup de succès dans les années 1960-70 : COMBAT SANS CODE D'HONNEUR, LE CIMETIÈRE DE LA MORALE, GUERRE DES GANGS A OKINAWA et OKITA LE POURFENDEUR. Pourtant, si l'on connaissait un peu ce réalisateur auparavant, c'était avant tout pour ses travaux sur des coproductions internationales, comme le film de guerre TORA ! TORA ! TORA !, dédié à l'attaque de Pearl Harbour, dont il réalise les scènes japonaises, ou les films de science-fiction BATAILLE AU-DELA DES ÉTOILES et VIRUS. D'autres de ses réalisations ne sortiront qu'en vidéo dans notre pays, comme LA LÉGENDE DES HUIT SAMOURAIS, que VCI nous permet aujourd'hui de redécouvrir sur DVD aux Etats-Unis comme d'autres éditeurs l'ont fait avant lui.
Il s'agit en fait d'un film d'aventures fantastiques, inspiré par une épopée rédigée au XIXème siècle, et dont l'action prend place au XVème siècle. Dans LA LÉGENDE DES HUIT SAMOURAIS, la princesse Shizu et le loyal Dosetsu tentent de réunir les huit guerriers possédant chacun une mystérieuse boule de cristal bleue. Une fois que ces combattants seront au complet, ils pourront, théoriquement, défaire l'ignoble clan Hikita et les démons qui le servent. Ce film est une grosse production de Haruki Kadokawa, auquel on attribue parfois un rôle actif dans sa réalisation. On y retrouve quelques acteurs célèbres, comme Sonny Chiba, vedette du cinéma d'action japonais des années 1960-70 ; Hiroyuki Sanada, bien connu en France pour avoir tenu le rôle d'Ayato dans SAN KU KAI ; Kenji Ohba, qui venait de commencer à tenir le rôle de X-OR...
LA LÉGENDE DES HUIT SAMOURAIS frappe par les moyens déployés, tout à fait dignes d'une grosse production américaine de l'époque : nombreux et vastes décors construits, superbes extérieurs naturels, figuration abondante, faste des costumes, effets spéciaux optiques soignés, interprétation de qualité... La réalisation de Kinji Fukasaku est aussi assez luxueuse, notamment dans les excellentes scènes de combat au sabre, toujours filmés avec beaucoup d'énergie. Certaines scènes sont même d'une beauté saisissante (l'affrontement parmi les pétales de fleurs...).
Certes, on peut regretter quelques petites fautes de goût, comme un usage du zoom un peu lassant, des costumes parfois trop clinquants, quelques petites longueurs, une narration un peu confuse sous-exploitant certains personnages, ainsi qu'une musique un peu datée. Toutefois, le lyrisme, la fougue et le romantisme sont bien au rendez-vous dans ce film d'aventures spectaculaires, qui sait aussi, par moment, être émouvant.
La beauté des images de ce film, on la devine plus qu'on ne la perçoit sur le DVD VCI. En effet, cet éditeur se contente de nous refiler un master déplorable déjà utilisé plusieurs fois sur d'autres éditions DVD aux Etats-Unis comme on peut le constater en comparant avec le disque de Brentwood refilé dans une compilation consacrée à Sonny Chiba et qui partage jusqu'à une filmo et des menus identiques ! Bruitée, souvent trop sombre, manquant gravement de définition, parsemé de drop vidéo, LA LÉGENDE DES HUIT SAMOURAIS est proposé avec une image digne d'une VHS médiocre... avec des problèmes de compression numérique en plus ! Comme si cela ne suffisait pas, l'image 1.85 d'origine est recadrée en 1.33. N'en jetez plus !
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La section sonore n'est guère meilleure. On y trouve que le doublage anglais, affublé d'un léger souffle de bande magnétique, et sonnant très "étouffé", ce qui complique parfois la compréhension des dialogues. En réalité, l'ajout de la version originale posait quelques problèmes puisque la version du film se trouvant sur le disque est en fait un montage américain d'où une trentaine de minutes ont disparu. L'éditeur a préféré recycler un master tout fait, et qu'importe sa qualité, pour le marché américain plutôt que d'essayer de produire une édition digne de ce nom. Il n'y a pas de surprise pour les bonus où l'on ne trouve qu'une filmographie de Sonny Chiba.
LA LÉGENDE DES HUIT SAMOURAIS est un film d'aventures entraînant et réussi. Pourtant, la présentation techniquement inadmissible qu'en propose VCI n'est pas spécialement à recommander, car elle gâche en grande partie le plaisir qu'on devrait prendre à la vision de cette œuvre. Un DVD nippon satisfaisant de LA LÉGENDE DES HUIT SAMOURAIS existe pour ce film, mais il ne contient aucun doublage ou sous-titrage étranger, ce qui le rend inutile pour les spectateurs ne comprenant pas le japonais.