Le chétif Melvin est l'homme à tout faire d'un club de sport. Souffre douleur d'une bande de jeunes dégénérés membres du club, il est l'objet d'une sale blague qui tournera mal puisque le pauvre garçon sera défenestré avant d'atterrir dans un fût de déchets toxiques. Désormais défiguré mais pourvu d'une musculature puissante, il se transforme en redresseur de torts !
Alors que l'image de Troma est associée à celle du Toxic Avenger, le studio de Lloyd Kaufman et Michael Herz a déjà une dizaine d'années d'existence lorsque le super héros toxique armé d'un balai fait son apparition. Auparavant, Troma ne produit en fait que de petites comédies si possible érotiques. Mais tout commence bien avant, lorsque Lloyd Kaufman se découvre une vocation cinématographique auprès de ses colocataires à l'université de Yale. Faire des films devient son objectif et il achète une petite caméra 16mm pour commencer à tourner. Il finit par terminer son tout premier long métrage assumant pas mal de postes dont celui d'acteur ou de compositeur. Aussi interprété par Lynn Lowry, ce qui nous vaut d'ailleurs quelques mots à ce propos sur le DVD de THE CRAZIES, THE BATTLE OF LOVE'S RETURN ne fera pas date. Il rencontre aussi John G. Alvidsen avec qui il travaillera à plusieurs reprises, essentiellement pour l'aspect logistique (CRY UNCLE, ROCKY…). Il restera d'ailleurs ami avec le réalisateur, ce qui lui vaudra même d'apparaître brièvement dans ROCKY V. Dans les mêmes conditions, Lloyd Kaufman bosse sur NIMITZ RETOUR VERS L'ENFER et prend naturellement en charge un petit rôle dans le film.
Toutefois, il se rend compte que le système hollywoodien ne lui donnera pas la possibilité de faire ce qu'il désire. Toujours en contact avec un ancien camarade de l'Université, et paraît-il ami d'enfance de son propre frère, il monte sa boîte nommée Troma. Dix années s'écoulent avec le tournage de petites productions comico-érotiques et de quelques films d'horreur tels que BLOODSUCKING FREAKS ou le MOTHER'S DAY réalisé par le frère de Lloyd Kaufman. Mais c'est au festival de Cannes de 1984 que Troma lance THE TOXIC AVENGER et gagne sa renommée !
THE TOXIC AVENGER pose donc les jalons de l'œuvre de Troma, qui peut se résumer par un humour grossier, du gore et des situations hallucinantes. De THE TOXIC AVENGER, qui présente pour la première fois Troma Ville, Lloyd Kaufman et Michael Herz continueront dans le domaine du toxique avec ATOMIC COLLEGE, deuxième et dernière production Troma qui soit sortie dans les salles de cinéma françaises, puis donneront des suites à ces deux séries. Parallèlement, Troma produira un grand nombre de films trash et décalés, ou intègrera à son catalogue de distributeur des films tels que le CANNIBAL ! THE MUSICAL de Trey Parker.
En quelque sorte, THE TOXIC AVENGER est un véritable pamphlet. En plus de délivrer un message écolo contre les pollueurs, le film s'en prend au culte du "paraître" ou aux politiciens véreux. Face à ces maux, il place donc un héros au corps et au visage qui ne sont que boursouflures, résultat des produits toxiques, qui part en croisade contre les vilaines gens dont une bande de dégénérés qui reproduisent la nuit un semblant de COURSE A LA MORT EN L'AN 2000. Ce qui nous vaut d'ailleurs une séquence d'une violence très crue propre à déranger et qui serait le fruit d'un souvenir traumatique de Lloyd Kaufman lorsque lui-même aurait failli écraser sa petite sœur. Dans une société où la beauté est devenue une obsession, le héros de THE TOXIC AVENGER s'impose carrément comme un symbole ! Un héros différent des standards qui pourrait aussi bien s'apparenter à la filmographie Troma toute entière, qui délivre une cargaison de films, loin d'être toujours bons, mais en marge de la production hollywodienne, et qui a l'avantage d'être une alternative aux bons goûts et au politiquement correct. Ce principe prend d'ailleurs parfois des tournures un peu trop scabreuses, ce qui fut le cas pour l'acteur Patrick Kilpatrick (CLASS OF 1999, SLEEPWALKER PROJECT…) qui claqua furieusement la porte de THE TOXIC AVENGER, une fois son boulot terminé, lorsqu'on lui demanda de tenir en joue un bébé avec un fusil à pompe. La scène apparaît tout de même dans le film et le personnage incarné par Patrick Kilpatrick finira trucidé en «cadavre liégeois».
Si les noms de Stan Winston, Rob Bottin, Rick Baker ou Dick Smith sont relativement connus pour être ceux de spécialistes des effets spéciaux de maquillage, il n'en va pas de même de celui de Jennifer Aspinall qui s'avère être au passage l'une des rares femmes à travailler dans le milieu. C'est donc elle qui a pris en charge tous les maquillages du film, y compris bien sûr les quatre heures pour transformer Mitch Cohen en Toxic Avenger, et qui s'occupera, entre autre, d'un autre film gravement barré puisqu'il s'agit de STREET TRASH.
Les DVD édités par Troma aux Etats-Unis n'ont rien d'irréprochable. Au contraire, la compression y est lourde alors que les transferts vidéo ne sont pas toujours au Top. L'arrivée en France des films produits par Troma sur DVD ne change pas la donne puisqu'ils proviennent de la même source. THE TOXIC AVENGER, pourtant l'un des fleurons de Troma, n'est donc pas exceptionnel du point de vue de l'image. En fonction des plans, l'image change d'ailleurs parfois de tonalité ! Gageons qu'il était possible de faire mieux mais peut-être pas avec les moyens financiers engagés. La définition ainsi que la compression sont donc perfectibles. D'un autre côté, il ne fallait pas s'attendre à mieux et il faut déjà être content de voir débarquer le film sur DVD dans nos contrées.
Rares sont les versions françaises sur les films Troma et, pour cause, peu ont été doublés ! THE TOXIC AVENGER était sorti à l'époque dans les salles françaises sous le simple titre de TOXIC et le doublage français d'époque se retrouve donc sur ce disque. La version originale est aussi de la partie, avec la possibilité d'afficher un sous-titrage en français ! On regrettera tout de même que les sous-titres n'aient pas été étendus jusqu'aux suppléments puisqu'ils en sont totalement dépourvus.
Cinq suppléments sont offerts sur cette édition française de THE TOXIC AVENGER. Pas mal mais bien inférieur à ce que proposait Troma aux Etats-Unis avec un commentaire audio de Lloyd Kaufman, des galeries de photos relatives au film et autres joyeusetés délirantes dont ils ont le secret à Troma Ville. La galerie de photos du disque français propose par exemple quelques photos de Tromettes, soit des nanas en position plus ou moins suggestives, qui n'ont rien à voir avec le film ! Un peu mieux, le clip promo donne un aperçu de TOXIC CRUSADER, la série animée dérivée du film, à ceux qui n'auraient jamais vu des bouts de celle-ci.
Dans le genre idiot et indispensable, "quinze ans après" nous mène auprès du Toxic Avenger qui nous accueille en robe de chambre devant une bien belle résidence pour nous expliquer ce qu'il fait aujourd'hui. De son côté, Lloyd Kaufman nous fait une courte présentation du DVD (américain) qui date d'il y a quelques années déjà et est totalement inutile dans un segment vidéo étrangement nommé «Creature». Enfin, quelques scènes coupées sont ajoutées dans lesquelles on découvre notamment Mitch Cohen, l'acteur qui interpréte le Toxic Avenger, sans aucun maquillage avant de se prendre un sandwich dans la tronche ! Comme déjà dit, tous les suppléments sont dénués de sous-titrages et seront donc quelque peu inutiles pour ceux qui ne manient pas la langue anglaise !
Première apparition du personnage phare de Troma, THE TOXIC AVENGER est un grand moment de mauvais goût iconoclaste, le héros tire même sa crampe, dont les origines remontent aux débuts des années 70 lorsque Lloyd Kaufman côtoyait Stan Lee le créateur de SPIDER-MAN. Ca tombe bien car en ces périodes où les personnages de la Marvel ont le vent en poupe, comme toujours avec Troma, voici une alternative bien trash aux super héros en collants, qui fait le ménage bien salement à grands coups de balai !
