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Critique du film
LES DENTS DE LA MER 1975

JAWS 

Le corps d'une jeune fille est retrouvé déchiqueté sur une plage de la station balnéaire d'Amity. Il semble qu'elle ait été dévorée par un requin. Mais la saison touristique se rapproche et le maire refuse de fermer les plages...

En 1975, le jeune Steven Spielberg a surtout travaillé pour la télévision, en collaborant à des séries et en faisant des téléfilms. Néanmoins, il vient de réaliser son premier long-métrage pour le cinéma, le réussi SUGARLAND EXPRESS, qui raconte la cavale d'un évadé et de sa femme à travers le Texas.

Il adapte ensuite le roman «Les dents de la mer» de Peter Benchley, qui est déjà un best-seller. Ce projet s'inscrit dans la mode des films-catastrophes des années soixante-dix. Ce genre est propulsé en 1971 par le succès d'AIRPORT et confirmé par les triomphes de L'AVENTURE DU POSEIDON et de LA TOUR INFERNALE, ces deux derniers étant produits par l'avisé Irwin Allen.

Pour laisser la vedette au requin, on recrute des acteurs relativement peu connus. Nous trouvons ainsi Roy Scheider, qui vient de jouer dans FRENCH CONNECTION de William Friedkin, et Robert Shaw, sinistre tueur à la solde du SPECTRE dans BONS BAISERS DE RUSSIE. En cela, LES DENTS DE LA MER s'éloigne de la recette du film-catastrophe d'alors, dont les distributions mettent des groupes de vedettes très connues.

LES DENTS DE LA MER comporte deux parties distinctes. La première montre les attaques du requin contre les habitants d'Amity. Ménageant habilement ses effets, Spielberg ne nous montre alors pas son mystérieux requin. Sa présence est suggérée par une caméra subjective sous-marine et par la musique de John Williams, dont l'utilisation rappelle PSYCHOSE de Hitchcock, entre menace sourde et paroxysme agressif.

Les agressions sont soudaines, imprévues et terriblement efficaces. Spielberg n'hésite pas alors à recourir à des effets gores réussis (gros bouillons de sang, membres arrachés), ou à faire passer un enfant à la casserole. Ces scènes excellentes sont entrecoupées de moments plus calmes, parfois conventionnels.

La seconde partie est la chasse au requin, à bord de l'"Orca". Spielberg montre alors son talent et sa maîtrise en maintenant la pression tout au long de cette longue séquence d'action et d'aventures. Les effets spéciaux y sont dans l'ensemble réussis. Roy Scheider et Robert Shaw sont remarquables et certaines scènes sous-marines s'avèrent très spectaculaires (le requin attaquant la cage). Enfin, le final nous offre encore un des moments gore les plus efficaces de l'histoire du film d'horreur !

En effet, avec le triomphe des DENTS DE LA MER, le Gore fait encore un grand pas vers sa banalisation. Étrangement, Steven Spielberg ne reviendra pas directement au cinéma d'horreur par la suite, à part pour son rôle de producteur très actif sur POLTERGEIST. Mais il a encore recours à des effets fort sanglants dans des œuvres familiales comme LES AVENTURIERS DE L'ARCHE PERDUE et INDIANA JONES ET LE TEMPLE MAUDIT. Ou surtout, plus tard, dans IL FAUT SAUVER LE SOLDAT RYAN, au prétexte de l'exactitude historique dans la dépiction des combats de la seconde guerre mondiale !

LES DENTS DE LA MER reste à juste titre un des films d'horreur les plus populaires de l'histoire du cinéma. Même si ce n'est pas la première fois que les requins s'avèrent de dangereux prédateurs au cinéma (on se rappelle du James Bond OPÉRATION TONNERRE), l’œuvre de Spielberg est extrêmement efficace et toujours aussi impressionnante plusieurs décennies après sa sortie.

Ce film-catastrophe est un immense succès mondial à sa sortie. Mais il est dépassé deux ans plus tard par LA GUERRE DES ÉTOILES de George Lucas. Spielberg et Lucas définissent une nouvelle façon de penser la production hollywoodienne avec des films destinés à un public adolescent, basés sur des scènes d'action efficaces et des effets spéciaux réussis. Une nouvelle conception du blockbuster est née...

Le succès des DENTS DE LA MER encourage les producteurs à lui donner trois suites médiocres. De très nombreuses imitations et sous-produits sont ensuite apparus, à commencer par le PIRANHAS de Joe Dante. Toute une vague de films d'animaux tueurs déferle sur le public au cours de la secondes moitié des années soixante-dix. Et encore aujourd'hui, l'onde de choc LES DENTS DE LA MER se ressent, des métrages s'en inspirant continuant à sortir très régulièrement sur le marché de la VOD (comme le tout récent GREAT WHITE).

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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