Header Critique : FEMME REPTILE, LA (THE REPTILE)

Critique du film
LA FEMME REPTILE 1966

THE REPTILE 

Charles Spading meurt dans un village isolé, victime d'une mystérieuse épidémie appelée « la Mort Noire ». Son frère Harry s'installe dans sa demeure. Il comprend qu'une malédiction pèse sur la région...

Avec L'INVASION DES MORTS-VIVANTS, John Gilling amorce un diptyque de films pour la Hammer dont le second est LA FEMME REPTILE. Réalisé aussitôt après et sorti lui aussi en 1966, ce dernier s'inscrit dans la tradition de l'épouvante gothique typique de cette maison. Nous y retrouvons certains de ses plus éminents employés, comme le directeur artistique Bernard Robinson, le scénariste Anthony Hinds ou le directeur de la photographie Arthur Grant. Parmi les acteurs, nous reconnaissons Jacqueline Pearce (vue aussi dans L'INVASION DES MORTS-VIVANTS) et Marne Maitland, abonné aux rôles d'Orientaux dans le cinéma anglais (comme dans les Hammer LES ÉTRANGLEURS DE BOMBAY de Terence Fisher ou L'EMPREINTE DU DRAGON ROUGE).

LA FEMME REPTILE est une des rares œuvres pour lesquelles la Hammer crée un monstre complètement nouveau. Depuis 1957, elle se contente en effet d'explorer avec brio les grands mythes du cinéma fantastique, particulièrement ceux rendus populaires par la firme Universal dans les années 1930, comme Dracula, la Momie ou la créature de Frankenstein.

Ici, le monstre est une jeune fille qui se transforme malgré elle en un être mi-femme mi-serpent, à cause d'une malédiction liée à une mystérieuse secte orientale. Sa situation tragique évoque les films de lycanthropes, dont LA NUIT DU LOUP-GAROU est un des plus beaux exemples. Mais la présence d'un monstre féminin rappelle aussi LA GORGONE, réalisé peu avant par Terence Fisher pour la Hammer sur un scénario de John Gilling. Enfin, nous pensons aussi à LA FÉLINE de 1942, fameux classique de Jacques Tourneur dans lequel une jeune slave, victime d'une malédiction, se transforme en panthère.

Comme dans les meilleurs Hammer, nous admirons l'atmosphère très réussie de LA FEMME REPTILE. La photographie sombre, toujours dans des teintes reptiliennes brunes et vertes, met en valeur les superbes décors typiques de cette compagnie, réalisés par Robinson (la maison des Franklyn ornée de nombreux objets exotiques, le marécage, le cimetière). De son côté, la musique insidieuse et malfaisante accompagne les mouvements de caméra élégants et le montage très maîtrisé de John Gilling.

Nous admirons la scène étrange et puissante du concert de cithare donné par Anna, pendant laquelle s'installe une tension croissante et troublante. Il faut saluer la qualité du casting très homogène, notamment la fragile et émouvante Jacqueline Pearce, ou encore Noel Willman, son père pathétique. La réalisation et le scénario bénéficient des vertus classiques propres aux meilleures œuvres de la Hammer : narration solide, mise en scène discrète et rigoureuse, traitement sérieux et adulte des sujets fantastiques.

Toutefois, LA FEMME REPTILE a le défaut de ses qualités. A force d'être très classique, il respecte trop fidèlement certains stéréotypes. Ainsi, des détails incontournables de ce genre surabondent : l'auberge avec ses paysans pittoresques et superstitieux, le final avec son incendie de manoir... A force de trop coller à ces clichés, LA FEMME REPTILE laisse des pistes passionnantes de son scénario inexploitées (la secte par exemple). Ce léger manque d'originalité rend le récit un peu prévisible.

Néanmoins, grâce à sa réalisation élégante, à son ambiance vénéneuse très soignée et à ses interprètes talentueux, LA FEMME REPTILE reste une des belles réussites de la Hammer, valant bien mieux que son statut relativement mineur dans le corpus de cette firme.

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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