Header Critique : HAPPY BIRTHDAY : SOUHAITEZ NE JAMAIS ETRE INVITE (HAPPY BIRTHDAY TO ME)

Critique du film et du Blu-ray Zone B
HAPPY BIRTHDAY : SOUHAITEZ NE JAMAIS ETRE INVITE 1981

HAPPY BIRTHDAY TO ME 

Virginia (Melissa Sue Anderson) est une jeune lycéenne à la mémoire perturbée suite à un accident de voiture. Suivie par un psychiatre (Glenn Ford) elle reconstitue petit à petit son histoire - pendant que ses riches amis de Meadowvale High School meurent des mains d’un tueur ganté de cuir noir.

Produit grâce au Tax Shelter canadien en vogue dans les années 80, HAPPY BIRTHDAY : SOUHAITEZ NE JAMAIS ETRE INVITE fait partie de la première vague de slashers-teenagers qui envahit les écrans américains (et mondiaux) entre 1978 et 1982. Doté d’un budget beaucoup plus important que la moyenne des films du genre, les producteurs de MEURTRES A LA SAINT VALENTIN confient la réalisation au vétéran Jack Lee Thompson, solide spécialiste tout-terrain parfois injustement méprisé, auteur des CANONS DE NAVARONEL'OEIL DU MALIN ou encore LE BISON BLANC. Et la qualité se voit immédiatement à l’écran, ce que le distributeur Columbia comprit rapidement en prenant les droits du film. Même si le film fut fraichement accueilli par la critique - comme beaucoup de slashers, ceci posé. 

Sorti le 15 mai1981 aux USA, il rapporta 4.9 millions de $ de recettes. Un résultat honorable, car il faut rappeler que les fleurons du slasher que nous affectionnons ont quasiment tous rencontré un échec commercial à compter de 1981. Ceci indiquant d’ores et déjà la pente descendante du genre - les cinémas étant déjà submergés par ce type de film. Ce fut dès lors que les majors se désintéressèrent des slashers - hormis Paramount, trayant le lait de billets verts de la saga VENDREDI 13 jusqu’à la lie.

Le film apparait le 6 janvier 1982 en France sous le titre HAPPY BIRTHDAY : SOUHAITEZ NE JAMAIS ETRE INVITE et bénéficie d’un petit succès de 180 759 entrées, une relative surprise vue que le genre n’a jamais franchement été en odeur de sainteté sur notre territoire. Il réapparut en VHS puis en DVD (avec une bande son tronquée aux USA en 2004). Pour enfin faire ses débuts en Blu Ray chez Mill Creek aux USA, puis chez Powerhouse au Royaume-uni en 2016. Il s’agit enfin du tour de la France avec Rimini Editions qui sort la galette HD en mai 2019. Pour l’occasion, bizarrement, l’éditeur change le titre français d’origine pour HAPPY BIRTHDAY TO ME "Priez pour ne jamais être invités".

Avec les succès monstres d'HALLOWEEN, LA NUIT DES MASQUES et VENDREDI 13, une compétition féroce agita les distributeurs américains à la recherche de nouveaux marchés et de faciles retours sur investissements. Clairement, en 1981, sur les 26 films d’horreur sortis, aucun ne perdit d’argent. Cette première vague de slashers eut principalement lieu au Canada, qui facilita les tournages via un système habile d’abattements fiscaux. Et un torrent de films d’horreur destinés au public adolescent se déversa sur les écrans. Pas moins de 11 slashers furent lancés en même temps que le film de Jack Lee Thompson, qui se révèle inspiré de (justement) VENDREDI 13 matiné quelque peu du BAL DE L'HORREUR. On y trouve par ailleurs le même rôle tenu par une gloire passée en quête d’un second souffleLeslie Nielsen pour LE BAL DE L'HORREUR et Glenn Ford pour HAPPY BIRTHDAY TO MED’un strict point de vue historique, il est intéressant de noter que le tournage du film démarra sans avoir aucun distributeur, au contraire de MEURTRES A LA SAINT VALENTIN. Jusqu’à saturation rapide, obligeant en parallèle les censeurs américains à restreindre considérablement leurs règles en matière de représentation graphique des meurtres.

Plusieurs films firent les frais à compter de mai 1981, étant coupés pour échapper à un classement X, synonyme de catastrophe financière. Ce présent film, tout comme MEURTRES A LA SAINT VALENTIN, fut un des premiers à subir les ciseaux de la censure horrifique. Des victimes collatérales du questionnement du système de classification américain, qui secouèrent les membres de la MPAA suite aux controverses qui entachèrent les sorties de CRUISING et PULSIONS. Des règles plus strictes furent validées au grand dam des films d’horreur. Paramount dut remplir ses obligations de sortir MEURTRES A LA SAINT VALENTINpuisque déjà tourné et idem pour Columbia celle de HAPPY BIRTHDAY TO MEavec les coupes requises. Les autres films (HELL NIGHT, GRADUATION DAY, CARNAGE, SURVIVANCE…) n’eurent pas la chance de bénéficier de distribution de sociétés membres de la MPAA et s’écroulèrent au box office. Fin 1981, la vague était déjà terminée. L’apparition d’une parodie, qui marque toujours la fin d’un cycle, arriva avec 13 MORTS ET 1/2. Ce qui n’empêcha pas les productions de se prolonger, mais aux budgets faméliques et aux diffusions ultra-restreintes. Hormis quelques très rares exceptions, d’une qualité très médiocre… jusqu’à la résurgence du genre avec SCREAM.

La structure du film s’établit sur une multitude de sous-intrigues gravitant autour du « qui est le tueur? » - on pourrait d’ailleurs presque établir que WEEK END DE TERREUR a basé son canevas sur HAPPY BIRTHDAY TO ME, jusqu’au final. Beaucoup auront reproché au film sa durée excessive par rapport aux 90 minutes réglementaires des CARNAGE et autres FINAL EXAM. Mais ce sont justement ces digressions qui font sa particularité et le sort de la torpeur des schémas prévisibles faisant que tant de thrillers horrifiques se ressemblent. Voir justement la superbe scène de moto-cross où Jack Lee Thompson se paye le luxe d’une caméra embarquée du plus bel effet. Idem pour les scènes du match de football, où des éléments de dialogues parsèment quelques indices perdant le spectateur dans sa recherche du coupable. Certes, les coups de théâtres finaux pourront apparaitre capillotractés, mais… ces exagérations vont comme un gant noir au film qui joue régulièrement sur les codes, avec une ironie mordante - le plan final, tout comme la chanson de fin. Rappelant le travail de Thompson sur des films comme LE DESERT DE LA PEUR, AVANT QUE VIENNE L’HIVER ou encore CONQUETE DE LA PLANETE DES SINGES, LA , mélangeant les genres et jouant sur les peurs du moment. Un final qui appuie sur ce côté de la théatralisation du macabre. Largement inspiré par d’illustres modèles et que d’autres (comme THE INITIATION ou BLOODY BIRD) reprendront à bon escient.

On retrouve beaucoup de stéréotypes attendus : une bande-son disco, la bande de jeunes riches méprisants, du whodunit, un trauma enfantin… mais le scénario semble vouloir aller vers d’autres rives. Des scènes spectaculaires, comme l’accident de voiture, un glissement vers le film gothique. Et le tout magnifié par une splendide photographie de Miklos Lente (un collaborateur régulier du cinéaste canadien George Kaczender) - on pointera d’ailleurs que la scène d’ouverture du JUSTICIER BRAQUE LES DEALERS ressemble diablement au style visuel et de suspense présent ici. Le film tente également d’immiscer une critique sur la différence des origines sociales prévalant de la nature des relations entre les étudiants. Servant par ailleurs de catalyseur au déroulement de la narration, jusqu’à sa fin semi-tragique.

Les effets spéciaux de Tom Burman, même quelque peu sacrifiés sur l’autel de la censure des exploitants américains, gardent toute leur splendeur. Il faut impérativement pointer l’opération à crâne ouvert de Virginia qui voit la calotte crânienne ouverte avec le cerveau qui s’en échappe! SAW III ou HANNIBAL n’ont donc rien inventé en la matière… en dehors de cette scène, il reste quelques beaux éléments d’éclairs de violence. Non sans une bonne dose d’humour noir : la gorge tranchée de Bernadette se voit suivie de l’ouverture en deux du pont levis! Thompson et les scénaristes prolongent quelque peu cet effet quasi post-moderne avec le geek du groupe, Albert. En plus de le rendre inquiétant, solitaire - il est en outre un expert en maquillage horrifique. Masques, fausses têtes coupées… une démystification en bonne et due forme. Des auteurs peu dupes de leur sujet. Tout comme, malgré les disparitions qui s’accumulent, les étudiants continuent à effectuer leurs blagues comme si de rien n’était - incluant même une référence à NOTRE DAME DE PARIS!

La force motrice du scénario s’affranchit, comme bon nombre de ses congénères, de présence adulte. Qu’il s’agisse du père de Virginia, de la Proviseure ou du psychiatre, ces « remparts » sociaux contre les dangers inhérents au slasher ne sont que peu d’utilité. Les enjeux adolescents prennent le devant de la scène, les adultes et leurs éventuels conseils relégués au rang de faire-valoir.

S’il ne révolutionne en rien le genre, le long-métrage de Jack Lee Thompson apporte une pierre non négligeable. Beaucoup plus d’ambition artistique, un réel soin photographiques, mélangeant des genres de manière habile. Des meurtres parfois brutaux, une intrigue (trop) tortueuse et un plan final assez amer (renversant quelque peu la règle de la « Final Girl » du genre). HAPPY BIRTHDAY TO ME reste un slasher hautement recommandé pour qui est fan du genre, même si l’on peut comprendre qu’il ne plaise pas aux amateurs de gore stricto sensu, le film tenant d’aller au-delà de ce simple spectacle.

Rimini Editions sort HAPPY BIRTHDAY TO ME dans un très joli fourreau, avec deux disques (DVD et Blu Ray) s’ouvrant en triptyque, et insertion d’un court livret dans la partie gauche. Un projet assez classieux comparé à leurs précédentes sorties. Un Blu ray 50GB, région B et en 1080p (pour le DVD : un DVD 9 et codé zone 2).

Une durée complète de 110mn47 pour un format 1.78:1, d’après un 1.85:1 d’origine (pour le DVD : 106mn41). Un très joli habillage animé pour le menu principal reprenant le visuel de la très piquante affiche française. Il donne accès aux versions, au chapitrage via 12 vignettes animées et joliment présentées, ainsi que la partie suppléments.

Visuellement parlant, les premières images font peur. Une pluie de griffures blanches sur le générique, un léger flou… le master utilisé ne semble pas avoir été totalement nettoyé. En comparant avec le master utilisé par Mill Creek (n’ayant pas eu la galette Powerhouse, impossible de vérifier), il existe une réelle différence et ce dès le générique de début. La copie américaine,, demeure dépourvue de toute trace de griffure et poussières blanches. (Le pendant négatif étant que le débit binaire du Mill Creek y est inférieur). La situation s’améliore cependant nettement après.  Même si la gestion des scènes se déroulant en pleine nuit révèle un grain parfois trop proéminent et de curieuses trainées grisâtres verticales par instants.

Toutefois, on pointera une certaine robustesse des couleurs. des gros plans saisissants (la mort de Lesleh Donaldson, les yeux terrifiés de Melissa Sue Anderson), une définition relativement agréable, des détails (habits, décors) évidents et un rendu argentique qui ne semble pas souffrir de réduction de bruit notable.

Côté audio, trois pistes: une française en LPCM 2.0, et deux anglaises LPCM 2.0 et Dolby Digital 5.1. On optera pour le mixage LPCM 2.0 anglais avec sous-titres français. Une belle amplitude sonore dans le champ musical, où la très belle composition de Bo Harwood(collaborateur régulier de John Cassavetes!) et Lance Rubin (NUITS DE CAUCHEMAR) s’extirpe gracieusement de l’ensemble. Des dialogues particulièrement agréables et limpides, tout comme les effets sonores, nombreux et adroitement répartis. Pas de souci notoire ou souffle à noter et une stéréophonie discrète dont profite surtout la musique sur les 3 canaux avant. De superbes moments d’environnement sonore, précis et diversifié.

Concernant la piste française, elle s’avère moins riche en texture, plus discrète et moins agréable à l’oreille que sa consoeur anglophone. Plus centrale, plus étouffée - mais bien écoutable concernant les dialogues. Cependant, la plupart des effets sonores (comme lors de la scène de la taverne à partir de la 9e mn) sont inaudibles voire absents. Une énorme différence par rapport à la piste anglaise, bien plus élaborée et nettoyée.

Les sous-titres français sont optionnels et peuvent être actionnés depuis le menu ou depuis votre télécommande.

Il reste néanmoins curieux qu’un mixage compressé (ici en Dolby Digital 5.1) fasse son apparition sur un Blu Ray - une constante chez Rimini puisque FORTERESSE ou encore PREDATEUR offrent les mêmes similitudes. D’autant plus incompréhensible qu’une piste DTS HD MA 5.1 existe  sur le Blu ray US tout comme son concurrent britannique.

Concernant la section bonus, un morceau de choix qui revient sur le cycle Slasher des années 80, SLICE AND DICE: THE SLASHER FILM FOREVER de Calum Waddell. Sur presque 80mn, de la genèse du genre jusqu’à sa fin de cycle, des intervenants aussi prestigieux que Mick Garris, Tobe Hooper, Tom Holland, Christopher Smith, Adam Green… apportant leur point de vue, assez ingénieux. On aime beaucoup l’intervention pleine de lucidité de Corey Feldman et celle pleine de malice et de justesse pour Adam Green. Des règles en vigueur jusqu’aux clichés attendus et incohérences inhérentes (qu’on adore!).  Beaucoup d’humour, de perspective et de revoir des auteurs comme John Carl Buechler récemment décédé, rend l’ensemble encore plus pertinent - et nostalgique. En tous cas, une excellente idée d’avoir ajouté ce documentaire présenté au Festival de Gerardmer 2013. (avec cependant une mise à jour récente, on y voit clairement une image du tout dernier HALLOWEEN de David Gordon Green). Quelques menues erreurs (à la 28e minute par exemple, une scène de HAPPY BIRTHDAY TO ME est indiquée comme celle du BAL DE L'HORREUR) mais le plaisir demeure. Les plus perspicaces d’entre vous auront remarqué que certaines scènes présentes d’HAPPY BIRTHDAY TO ME dans ce bon documentaire diffèrent légèrement de celles présentées dans le montage présent sur le Blu Ray français. A noter que le documentaire est en anglais avec des sous-titres français obligatoires. (en SD et 75mn31 pour le DVD et en HD et 78mn44 pour le Blu Ray - tous les deux en Dolby Digital 2.0). Autre élément intéressant : le film annonce d’origine en vostf.

L’ensemble est complété par un livret très informatif rédigé par Marc Toullec sur l’histoire du film, son tournage, à base d'éléments indiqués dans des interviews des producteurs - même si comportant quelques petites erreurs. Dommage qu'il ne soit pas plus analytique.

Rédacteur : Francis Barbier
Photo Francis Barbier
Dévoreur de scènes scandinaves et nordiques - sanguinolentes ou pas -, dégustateur de bisseries italiennes finement ciselées ou grossièrement lâchées sur pellicule, amateur de films en formats larges et 70mm en tous genres, avec une louche d'horreur sociale britannique, une lampée d'Albert Pyun (avant 2000), une fourchettée de Lamberto Bava (forever) et un soupçon de David DeCoteau (quand il se bouge). Sans reprendre des plats concoctés par William Friedkin pour ne pas risquer l'indigestion.
56 ans
1233 news
397 critiques Film & Vidéo
On aime
Un des meilleurs slashers - au visuel tres soigne
Quelques scenes gore particulierement reussies
Le documentaire SLICE AND DICE en bonus
On n'aime pas
Quelques griffures et poussieres
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L'édition vidéo
HAPPY BIRTHDAY TO ME Blu-ray Zone B (France)
Editeur
Rimini
Support
Blu-Ray (Double couche)
Origine
France (Zone B)
Date de Sortie
Durée
1h50
Image
1.85 (16/9)
Audio
Anglais PCM Stéréo
Anglais Dolby Digital 5.1
Français PCM Mono
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
    • HAPPY BIRTHDAY TO ME: version sur DVD (SD - 106mn)
    • SLICE AND DICE: THE SLASHER FILM FOREVER de Calum Waddell (HD - 78mn44 - 1.78:1 - vostf)
    • Film annonce (HD - 1mn06 - 1.78:1 - vostf)
    • Livret de 20 pages ecrit par Marc Toullec
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