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Critique du film
THE SPACE INSIDE OF US 2019

 

Le soleil a rendez-vous avec la lune. Alors que tous les yeux sont tournés en direction d’une éclipse, un homme ne peut décrocher son regard d’une envoutante inconnue. Séduite, la jeune femme accepte les avances qui lui sont faites. Une nuit de découverte et de sensualité s’en suit… mais tous deux étaient-ils bien sur la même longueur d’ondes ?

Sept ans après son « Junji Ito-esque » KORE en 2012, Eric Dinkian est de retour avec son cinquième court-métrage : THE SPACE INSIDE OF US. Soyez prévenus, les années n’ont pas assagi le bonhomme ! Une nouvelle fois, les dix-sept minutes du film sont mises au profit d’un message profondément humain, porté par des images léchées et souvent percutantes…

Commençons tout d’abord en précisant que THE SPACE INSIDE OF US se présente sous une forme complètement déstructurée qui mêle l’univers de l’Homme, celui de la Femme, mais se joue également de la chronologie des faits. Le spectateur sera donc avant tout convié à un voyage. Celui d’une romance naissante, puis mourante, entre volupté et horreur. Les images seront tour à tour attractives, ou répulsives, mais toujours envoutantes. Rapidement, le petit jeu du film-puzzle s’efface pour laisser place à un film purement sensitif. Le spectateur renonce à la compréhension immédiate de l’œuvre et s’ouvre à la beauté formelle des courtes séquences, entremêlées de manière parfaitement fluide.

Nous l’avons dit, THE SPACE INSIDE OF US se montre par instants assez cru dans son approche de la violence. Fort heureusement, les plus sensibles trouveront l’apaisement au sein de séquences feutrées et poétiques, voire pudiquement érotiques. Le spectateur éprouvera alors un sentiment de délicatesse et de rassurante redite. Une redite qui n’est cependant qu’un leurre. Car comme c’est le cas pour tout bon puzzle, les pièces se ressemblent mais ne sont jamais parfaitement identiques. Les variations sont subtiles, mais bien présentes. Les indices sont disséminés par pincées qu’il faudra saisir. Une cicatrice, un bijou, une phrase, une variation dans le discours. De petites singularités qui finissent par créer deux visions distinctes, deux univers, et un gouffre malheureux entre les deux...

THE SPACE INSIDE OF US est une œuvre qui existe par sa forme durant les dix-sept minutes de visionnage mais qui, une fois le générique de fin terminé, débute une seconde naissance. Car outre un propos « général » plutôt clair, le court d’Eric Dinkian est de ces œuvres dont la portée symbolique amène à la réflexion. La métaphore de l’éclipse, cette phrase « banale » qui va pourtant sceller le sort des protagonistes, cette boucle proposée par les images de début et de fin, le retour à la poussière… Autant d’éléments qui nous empêchent de tourner la page une fois les lumières rallumées. Au contraire, un nouveau visionnage semble s’imposer. Peut être pour aller plus loin, ou tout simplement profiter à nouveau de cette très belle production.

Difficile également de boucler cette chronique sans évoquer les deux acteurs du métrage. Tout d’abord Dalila Cortes dont le port de tête et le menton haut ne font que révéler la formation et la carrière de danseuse. Longiligne, séduisante et pénétrante de par son regard, elle était un choix parfait pour le rôle de cette femme dont la seule présence suffit à faire chavirer un homme. Niels Dubost incarnera cette « victime » avec talent, son visage de bel homme mûr passant de la tendresse à la douleur, et de l’ivresse au déchirement sur la courte durée du film. Très convaincant, le duo s’exprime dans un anglais qui n’est pas leur langue d’origine. Un choix formel intéressant qui ne fait que souligner leurs origines distinctes (respectivement colombiennes, et danoises), et donc le compromis fait pour réduire l’espace entre leurs deux univers…

Rédacteur : Xavier Desbarats
Photo Xavier Desbarats
Biberonné au cinéma d'action des années 80, traumatisé par les dents du jeune Spielberg et nourri en chemin par une horde de Kickboxers et de Geishas, Xavier Desbarats ne pourra que porter les stigmates d'une jeunesse dédiée au cinéma de divertissement. Pour lui, la puberté n'aura été qu'une occasion de rendre hommage à la pilosité de Chuck Norris. Aussi, ne soyons pas surpris si le bougre consacre depuis 2006 ses chroniques DeViDeadiennes à des métrages Bis de tous horizons, des animaux morfales ou des nanas dévêtues armées de katanas. Pardonnez-lui, il sait très bien ce qu'il fait...
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