Header Critique : AT THE EARTH'S CORE  (CENTRE TERRE : SEPTIEME CONTINENT)

Critique du film et du Blu-ray Zone A
AT THE EARTH'S CORE 1976

CENTRE TERRE : SEPTIEME CONTINENT 

Au début du XXe siècle, le professeur Abner Perry (Peter Cushing) élabore une foreuse géante baptisée « Taupe d'Acier » afin de se rendre au centre de la Terre. Il fait équipe avec son financier, américain David Innes (Doug McClure). Le voyage ne se déroule pas comme prévu : après avoir perdu le contrôle de la machine, ils échouent dans un étrange monde souterrain : Pellucidar, peuplé de monstres géants et d'humains. Ils sont faits prisonniers par des Saggoths, hommes de main à tête de cochon aux ordres de monstres télépathes nommés Mahars, régnant en maîtres sur Pellucidar. David réussit à s'échapper en faisant équipe avec Ra (Cy Grant) et accompagné en chemin par la charmante Princesse Dia (Caroline Munro).

Après l'énorme succès du SIXIEME CONTINENT, Miton Subotsky avait déjà écrit le scénario de CENTRE TERRE SEPTIEME CONTINENT (AT THE EARTH'S CORE en VO). Il le proposa tout naturellement à Kevin Connor, qui s'empressa d'accepter. Toujours produit par John Dark pour le compte de la firme anglaise Amicus, Connor se dirigea vers les studios Pinewood pour tourner entièrement en décors cette nouvelle adaptation d'Edgar Rice Burroughs. Avec la marque de fabrique de ce qui fit du SIXIEME CONTINENT un classique instantané. Un récit situé à la même période, Doug McClure, des monstres et de l'aventure non stop. Sauf que cette fois-ci, l'aventure sera au coeur de la Terre et que les monstres seront des Kaiju-like, à savoir en majorité des acteurs dans des costumes en caoutchouc, animatroniques incluses.

Connor fait à nouveau appel à Doug McClure en guise de tête d'affiche. L'acteur est toujours reconnu pour LE VIRGINIEN, reconnaissable et plutôt à l'aise dans le rôle du héros viril se battant vaillamment contre l'indicible. Leur entente sera telle que l'acteur reviendra pour LES 7 CITES D'ATLANTIS, LE CONTINENT OUBLIE et FANTOMES A LOUER du même Connor. Sans oublier entretemps d'épouser la secrétaire du réalisateur! Le grand Peter Cushing, Royal Van Helsing dans les adaptations de Terence Fisher depuis LE CAUCHEMAR DE DRACULA et ses suites, incarne ici un Professeur Perry genre Professeur Tournesol ahuri… à merveille! Il possède un tempo comique assez incroyable, tout en flegme anglais. Dommage que cette capacité n'eusse pas été utilisée plus souvent. Ce sera par ailleurs son dernier film en tête de distribution. L'atout charme : la divine et sublime Caroline Munro. Erotisme discret, séduction et beauté sauvage qui éclate à l'écran.

Investissant de larges plateaux de tournage à Pinewood, et malgré un budget bien moindre que les films d'aventures du début des années 70 - pour se donner une idée, il était dix fois moindre que LA GUERRE DES ETOILES,- Kevin Connor réussit à apporter une ampleur inespérée au récit. Aidé en cela par une magnifique photographie de son collaborateur attitré Alan Hume, de superbes décors colorés, ajoutant à l'ambiance étrange et pénétrante de Pellucidar. Son bizarre ciel rosé, ses créatures improbables et une partition habile de Martin Vickers.

Pour les grands amateurs de monstres, CENTRE TERRE SEPTIEME CONTINENT en regorge! Pas de marionnettes animées comme dans LE SIXIEME CONTINENT mais un bestiaire en costumes à la manière de GODZILLA et ses amis. Y compris un virulent crapaud géant cracheur de flammes, dont les scènes d'action furent tournées devant la caméra, les acteurs (McClure et Munro) faisant face aux jets de feu dans un seul et même plan que la créature. Pour compléter le tableau, une sorte de lézard géant combattant David en pleine arène, une créature tapie au fond d'une grotte et bardée de tentacules, des géants aux accents de sangliers à deux pattes… tous les effets ne sont pas réussis. Le combat entre les deux bêtes géantes cornues, dont l'une tient une sorte de marionnette humaine qui gigote péniblement, ne fonctionne qu'assez mal. Mais curieusement, le passage en HD sublime quelque peu les rétroprojections - voir en ce sens les scènes pendant le générique de début et l'agression du Pr Arnby perché dans les arbres. Le combat avec le lézard donne là aussi sa pleine mesure. On remarque à quel soin le soin apporté à ces éléments, malgré des contraintes de temps et d'argent. Ca fonctionne!

Kevin Connor juge le film quelque peu maladroit pas moments, détaillant notamment les problèmes rencontrés avec le premier monstre où le cascadeur souffrait de claustrophobie et devait être sorti toutes les cinq minutes. Avec un scénario qui ne retrouve pas le sentiment d'excitation et de découverte du SIXIEME CONTINENT, CENTRE TERRE SEPTIEME CONTINENT demeure toutefois un spectacle certes naïf, tendance familiale - même avec les éclairs de violence surgissant ça et là!-. Mais élaboré avec un amour artisanal évident du spectacle. Kevin Connor et son équipe prennent du plaisir à filmer ces aventures improbables - mais le plus important, parviennent à faire partager cet enthousiasme.

L'éditeur américain Kino Lober, en collaboration avec Scorpion Releasing, optent pour un Blu Ray zoné A, de format 50 Giga et d'un codec video MPEG 4-AVC. Présenté au format d'origine 1.85:1 et d'une durée complète de 90mn29. Marque de fabrique des Blu ray Kino, un simple menu fixe centré, à l'instar de sorties comme AVALANCHE ou METEOR. Un peu tristouille. Il permet également un accès chapitré, fixe lui aussi.

Visuellement, le master HD est une splendeur quasi totale! Un véritable émerveillement du début à la fin. Une grande précision dans les détails, qu'il s'agisse des contours des personnages, des décors (profondeur de champ comprise). Comme par exemple à 32mn 54, les perles de sueur sur le front de Peter Cushing ! La copie permet de profiter des couleurs éclatantes de Pellucidar, le travail sur les couleurs des costumes du tandem Cushing/McClure. pour un film datant de presque 40 ans sur un budget aussi étriqué, ça tient du miracle… ou simplement rend hommage au superbe travail commun des artistes investis dans le projet, le choix de la pellicule et un passage en HD hautement réussi, sans trace notable de bruit. On pardonnera les quelques poussières qui apparaissent au début du générique, qui disparaissent très rapidement.

La piste audio anglaise en DTS HD MA mono encodée sur deux canaux délivre une très bonne qualité sonore. Les dialogues clairs qui n'empiètent en rien sur les effets et la musique originale et très travaillée de Martin Vickers - qui colle à merveille à l'ambiance surréaliste de ce CENTRE TERRE SEPTIEME CONTINENT. L'emphase sur les bruits des créatures, leurs cris et autres grognements souterrains ressortent de manière très agréable : pas de saturation ni de sensation d'étouffement. Le seul reproche, en dehors du fait qu'aucune option francophone ne soit présente, demeure que Kino ne propose aucun sous-titre.

Là où Kino Lorber commence à donner la pleine mesure de ces oeuvres à redécouvrir : la pléthore de bonus. Et pour CENTRE TERE SEPTIEME CONTINENT, l'éditeur a visiblement mis le paquet. Caroline Munro revient pendant plus de 28 minutes sur le tournage et les différents intervenants du film. Quelle femme! Excellente mémoire et surtout, un vrai sens de l'équipe au travail. Ce qui est parfaitement formidable : nous avons enfin un véritable bonus consacré au film et à son tournage! Même si sur les dix dernières minutes, elle survole quelques rôles comme I DONT WANT TO BE BORN ou A TALENT FOR LOVING. Surtout, on sent via ces instants, un véritable amour du travail d'actrice, une grande humilité. Qu'il s'agisse de la firme Amicus, du travail avec les équipes des effets spéciaux (notamment avec la bête cracheuse de feu), d'Alan Hume le directeur photo ou même de souvenirs de la Hammer et de Joe Spinell - pour qui elle ressent une grande admiration, Caroline Munro confirme une personnalité pleine d'humour, généreuse en anecdotes et d'un bel amour du métier. Total respect.

Autre pièce de résistance, l'entretien avec le réalisateur Kevin Connor qui revient sur les débuts de sa carrière avec FRISSONS D'OUTRE TOMBE, passant en revue ses expériences sur LE SIXIEME CONTINENT (qui s'avère son film préféré), tout comme LES 7 CITES D'ATLANTIS qui se révèle un projet de rechange - due à l'impossibilité de faire une adaptation de John Carter. Connor et son équipe firent donc leur version quelque peu amendée avec LES 7 CITES D'ATLANTIS. Une passionnante interview qui survole quelques quinze années riches en aventures et en expériences de tournage - révélant au passage les trucages réalisés en direct (via des effets de miroir) pour FANTOMES A LOUER.

Ensuite, avec le film annonce d'origine, un making-of d'époque (5mn43), aux couleurs quelque peu passées, sur la réalisation des effets spéciaux sur le tournage du film. Avec storyboard, construction des créatures, des effets visuels…un documentaire rare et absolument passionnant.

Enfin, également en DTS HD MA 2.0 mono, un commentaire audio du même Kevin Connor modéré par le producteur et passionné Walter Olsen. Ce dernier en devient d'ailleurs quelque peu agaçant au fur et à mesure, coupant la parole à Connor par moments, éclatant de rire à ses propres blagues et racontant ses anecdotes. Et ne donnant que très peu d'opportunités au commentaire d'exister vraiment. Cela s'en ressent, Kevin Connor n'étant pas très loquace de nature. On y apprend néanmoins que le budget était de 1.5 millions de $, (soit environ 6 millions de nos jours) que la totalité des effets spéciaux ont tous été réalisés devant la caméra. Beaucoup d'anecdotes sur la création des effets sonores pour les créatures (tous enregistrés sous l'eau!), la création des gigantesques décors… dommage que le modérateur se perde de temps à autres dans ses propres considérations. Ce qui donne plus une conversation assez amusante qu'un véritable commentaire.

A noter que la jaquette au verso donne une durée erronée (89 mn) et ne mentionne pas le making-of d'époque.

La collaboration Kino/Scorpion donne avec AT THE EARTH'S CORE leur meilleur produit à ce jour. Si vous n'êtes pas anglophones et équipés de lecteur Blu ray toutes zones, il faudra peut-être passer votre chemin. Il n'empêche que le travail éditorial de qualité et le superbe rendu visuel de la HD font de ce Blu Ray un must pour votre vidéothèque - nonobstant de la valeur intrinsèque du film. Les plus jeunes spectateurs gavés jusqu'à la moelle d'effets numériques en tous genres verront probablement d'un oeil amusé (voire pire) les effets spéciaux et enjeux visuels d'un autre temps. Il faut quand même reconnaitre que passé ce fossé technique, le film garde un charme indéniable. Vivement recommandé!

Rédacteur : Francis Barbier
Photo Francis Barbier
Dévoreur de scènes scandinaves et nordiques - sanguinolentes ou pas -, dégustateur de bisseries italiennes finement ciselées ou grossièrement lâchées sur pellicule, amateur de films en formats larges et 70mm en tous genres, avec une louche d'horreur sociale britannique, une lampée d'Albert Pyun (avant 2000), une fourchettée de Lamberto Bava (forever) et un soupçon de David DeCoteau (quand il se bouge). Sans reprendre des plats concoctés par William Friedkin pour ne pas risquer l'indigestion.
56 ans
1233 news
397 critiques Film & Vidéo
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Une copie sublime
Une magnifique édition, complète et gorgée d’extras
Caroline Munro forever
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Un Blu-ray zoné A
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L'édition vidéo
AT THE EARTH'S CORE Blu-ray Zone A (USA)
Editeur
Scorpion
Support
Blu-Ray (Double couche)
Origine
USA (Zone A)
Date de Sortie
Durée
1h30
Image
1.85 (16/9)
Audio
English DTS Master Audio Mono
Sous-titrage
  • Aucun
  • Supplements
    • Commentaire audio de Kevin Connor
    • Interview de Kevin Connor (22mn43)
    • Interview de Caroline Munro (28mn43)
    • Making-of d’époque (5mn43)
    • Film annonce (2mn53)
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