En 3008, le Capitaine
Cornelius Butt et son équipage sillonnent l'espace à bord
de leur vaisseau spatial, Infinity, avec pour mission de faire respecter
l'ordre dans l'univers. Au cours d'une patrouille, ils croisent un...
croiseur en route pour Altar 1 dont l'occupant, Ordrik, est peu
coopérant. Malgré les injonctions du preux Capitaine,
ils refusent de donner les raisons de leur présence ici. S'ensuit
un combat spatial sans pitié. Plus tard, l'Infinity est envoyé
sur Altar 1 par son haut commandement pour récupérer
l'Etoile Bleue (Ta-taaaaaaaaaaaaaa ! [NDLR : comprenne qui pourra
!]) et retrouve son ennemi, Ordrik, qui les attaque en traître,
par derrière. Le vaisseau de nos héros est touché
et doit se poser "en catastrophe" sur Altar 1. Durant le voyage,
qui a duré la bagatelle de 27 ans, Galaxina, le robot hyper sophistiqué
et sexy embarqué à bord, a eu le temps de se transformer...
Tiens, j'ai déjà vu ce générique quelque part mais où ? Une bande de texte défilante qui pose le décor, bande qui se perd dans l'infini du cosmos à mesure qu'elle passe sur l'écran. Mais oui mais c'est bien sûr ! Mince alors, un plagiat de STAR WARS ! Beh non, du tout, du tout ! Williams Sachs, quand il réalise GALAXINA, choisit de parodier les grands succès que sont les GUERRE DES ETOILES et autres STAR TREK en passant par ALIEN. On peut découvrir avec un grand plaisir de nombreuses références plus ou moins évidentes à ces grosses super-productions. Il s'agit pour certaines de simples concepts, comme l'idée de l'équipage qui veille au grain dans l'espace, à l'instar de celui de l'Enterprise, sans oublier la tenue du livre de bord du Capitaine, ou encore la scène du bouge et du restaurant humain, où se côtoient les aliens les plus sordides et malfamés de l'univers, scène inspirée par la "Cantina" de LA GUERRE DES ETOILES, mais aussi un petit clin d'oeil à Stanley Kubrick. D'autres, par contre, sont totalement claires, comme la rencontre du tenancier du seul "restaurant humain" de Altar 1, qui n'est autre que... Monsieur Spot. Bref, le réalisateur nous ballade dans tout ce qui a cartonné quelques années plus tôt et ça fait vraiment du bien de constater que plus de vingt ans plus tard, le film n'a pas pris une ride.
On ne saurait parler du succès de ce film sans parler de son personnage principal : Galaxina. Un plantureux robot qui flanque des décharges électriques à ceux qui lui collent, par mégarde, la main au panier. Interprétée par Dorothy Stratten, une magnifique playmate vedette de Playboy, aux mensurations plus qu'idéales, Galaxina prend vie peu à peu, inversant la logique qui veut que l'intelligence artificielle passe obligatoirement par la machine. Sa plastique parfaite suffit seule à l'imposer dans la peau de ce robot doté de sentiments, et malgré une présence muette pendant une bonne partie du film, on la prend en affection, surtout lorsqu'elle verse sa première larme. L'amour n'a pas de limites, William Sachs nous le démontre dans ce film, la larme étant le lien sacré entre des univers jusque-là parallèles. Celui de l'homme et de la machine qu'il a créée.
La vie de Dorothy Stratten, décédée juste après voir tourné GALAXINA, prétendument assassinée par son ex, a fait l'objet d'un film, STAR 80, dont l'interprète principale était Mariel Hemingway et d'un film de télévision avec Jamie Lee Curtis herself. Outre ces productions, la belle, trop vite disparue (la sortie du film a été repoussée de quelques mois suite à son décès, survenu le jour même de la sortie initiale) a aussi fait l'objet de plusieurs ouvrages, dont certains publiés par Peter Bogdanovich, l'amant avec qui elle s'était enfuie, et surtout d'une série de comics directement inspirés du film GALAXINA. A peine âgée de vingt ans, elle a laissé une empreinte indélébile dans les mémoires de ceux qui l'ont croisée ou qui l'ont découverte dans GALAXINA.
William
Sachs est un dénicheur de talents. En prenant cette demoiselle,
pour interpréter le rôle principal de son film, après
avoir passé en revue toutes les candidates possibles et imaginables,
il décroche le jack-pot, mais plutôt que de continuer son
ascension sur la rampe du succès, il reste dans l'ombre, remaniant
ça et là des films tels que LEPRECHAUN,
dont il permet une sortie en salles, alors que le projet était
initialement prévu pour une sortie en vidéo. Il permet
dans le même temps de faire décoller les carrières
d'acteurs, parmi lesquels on retrouve Susan
Sarrandon, Peter
Boyle ou encore Jennifer
Anniston. L'idée de faire GALAXINA lui a été
inspirée par son producteur, qui lui demanda de faire une comédie-western.
Quel rapport, me direz-vous ? GALAXINA est en effet un film de
sci-fi mais les scènes sur la planète Altar 1 sont
tournées dans un décor qui n'est pas sans rappeler les
villes construites à la va-vite par des cow-boys dans le grand-Ouest.
Son producteur le voulait, son western, William
Sachs, avec talent, le contente, nous sortant de son chapeau une
ambiance western dont seule la coloration rappelle que l 'action se
situe sur une autre planète. On constate encore une fois toute
l'ingéniosité du réalisateur, qui fait avec ce
qu'il a pour ce film dont le budget est plus que dérisoire. N'ayant
pas de moyens pour construire de nouveaux décors, il tourne dans
ceux déjà existant, faisant d'une pierre deux coups, puisqu'il
contente son mandataire et ne dépense pas l'argent qu'il n'a
pas. Le seul hic, qu'il contourne avec brio, est de continuer à
faire croire au spectateur que l'action du film se déroule sur
une autre planète. La solution est toute simple. Il faut utiliser
une pellicule à infrarouge, qui donnera une coloration particulière
à l'ensemble. Tout cet aspect technique étant bien sûr
parfaitement intégré au scénario.
Ecrit par William Sachs, le scénario est assez léger, laissant une grande place à l'humour et aux situations loufoques. Le budget étant minuscule et les délais de réalisation insignifiants, un grand nombre de scènes du script n'ont pas été tournées, ce qui est regrettable. Pour écrire, il ingurgite des tas de films de science-fiction dont il note au passage des idées qu'il exploitera dans GALAXINA. Les personnages ont été soignés, notamment celui du Captain Butt (rappelons que Butt signifie "Cul" en argot), interprété par Avery Schreiber, qui soit dit en passant est une véritable star outre-atlantique, et que tout le monde a vu dans un film ou une série en France. Butt est un capitaine de pacotille, sorte de Sergent Garcia intersidéral, et ses deux acolytes ont l'air tout droit sortis de la série SHERIFF, FAIS-MOI PEUR. Bien sûr, on n'échappe pas à la publicité, même dans l'espace en 3008. Un florilège de pubs télévisées trompent l'ennui de nos héros, et s'imposent à nous comme une évidence : on doit vraiment se faire chier, dans l'espace pendant 34 ans. Le film prend en définitive le contre-pied de tout ce qui s'était fait dans le genre, qui présentait des héros toujours affairés, au combat, aux commandes de leur vaisseau, réglant des conflits interplanétaires, usant de diplomatie et de compromis avec les extraterrestres... Ici, les bonshommes trompent l'ennui comme ils peuvent. Leur petite cerise sur le gâteau étant une permission pour aller au bordel où ils ont leurs habitudes. Tout le monde l'aura compris : l'ensemble donne une comédie loufoque plaisante, pleine de bonnes idées malgré un fil conducteur scénaristique un peu faiblard mais qui s'en souciera, puisqu'en contrepartie, vous pouvez admirer la silhouette ô combien éblouissante de Galaxina, tout en vous offrant en prime une petite rigolade.
Cette édition sortie en kiosques à moins de 15,24 euros ne comporte malheureusement aucun bonus. Il est dommage que l'éditeur n'ait pas mis la main sur quelques photos, par exemple, toujours dans l'optique de ravir les admirateurs de Dorothy Stratten. Pour les inconditionnels de versions françaises, il faut savoir que le film a été raccourci de dix minutes par rapport à la version originale, qui elle dure environ 90 minutes. Cette dernière étant sous-titrée, nous ne saurions trop vous la conseiller, à défaut de quoi vous passeriez à côté de coupes plus ou moins longues, représentant la dizaine de minutes volatilisées, réparties sur tout le film. Impossible de lister toutes ces coupes de façon exhaustive, puisque dans les quinze premières minutes de cette version allégée, on en compte déjà environ quatre. La cantatrice à la TV. Quand Butt part nourrir l'alien, Buzz se plaint à Thor de ne jamais pouvoir y aller aussi. La scène du dîner a été franchement épurée (on arrive au moment du vin, alors que dans la VO, on démarre la scène avec l'installation des convives à table). Quand Galaxina apporte le dîner à Sam et Maurice, qui répare le bouclier, le court passage ou il renverse du vin sur ce qu'il y'a sous la cloche a été sucré... Bref, vous l'aurez compris, il ne s'agit pas de couper une scène ou deux et basta. Ici, les coupes sont réparties, l'air de rien, sur toute la durée du film. On s'étonne de ces coupes puisqu'elles présentent souvent des passages fort drôles ! Si l'on ajoute à cela que le doublage dans notre langue n'est pas aussi amusant que la version originale, il coule de source qu'il est plus que conseillé de regarder cette dernière.
Un tout petit mot pour parler de l'aspect technique de cette édition. L'image n'offre pas un rendu exceptionnel, mais reste acceptable dans l'ensemble même si la compression est souvent visible, surtout pour le prix auquel est proposé le DVD. Côté son, cette édition ne va pas faire frémir de plaisir vos enceintes, ne proposant que la bande-son en mono d'origine. Pour en revenir à la version française, l'éditeur ne disposant que du doublage français d'origine, il ne s'agit pas d'un défaut du DVD. En fait, le seul grief que l'on pourrait faire, c'est de ne pas disposer d'un système de chapitrage ou du moindre bonus.
L'édition sortie aux Etats-Unis était plus fournie, proposant la bande-annonce, des photos et des filmographies. La bande-son a quant à elle été remixée en 5.1. Néanmoins, l'édition américaine présentait un transfert en Pan & Scan supprimant une grande partie de l'image à gauche et à droite de l'écran.
Nous sommes comme d'habitude
contents de voir ce genre de films sortir en France, pays qui a pour
habitude, devons-nous le rappeler, de préférer miser sur
des "valeurs sûres" populaires, plutôt que sur
des productions datées et souvent méconnues du grand public.
Même dans les titres à petits budgets, la plupart des éditeurs
préférent taper dans des productions récentes sans
intérêt alors qu'il existe un grand nombre de petites perles
méconnues et à redécouvrir. Trouver GALAXINA
chez son marchand de journaux, puisque c'est l'endroit où il
est commercialisé, c'est déjà pour nous une chance,
c'est pourquoi nous ne pouvons que saluer l'initiative de l'éditeur,
plutôt que de lui reprocher l'absence de suppléments.