Au XVIIème siècle, en Hongrie, une vieille comtesse acariâtre mène la vie dure à son entourage. Par inadvertance, l'une de ses domestiques se coupe et répand un peu de son sang sur le visage de la vieille femme. Cette dernière découvre alors stupéfaite que ce liquide la rajeunit. Il n'en faut pas plus pour démarrer une nouvelle vie au détriment de jeunes femmes qui lui apporteront du sang neuf...
Bien qu'il travaille dans le domaine du théâtre en Hongrie, Peter Sasdy préfère quitter son pays d'origine au moment de l'insurrection de Budapest. Il s'installe alors en Grande Bretagne où il va se faire une petite réputation en dirigeant des œuvres dramatiques pour la télévision britannique et particulièrement la BBC. C'est ainsi qu'il sera amené à travailler pour la Hammer Films qui l'embauche tout d'abord pour mettre en scène des épisodes de leur série télévisée JOURNEY TO THE UNKNOWN. La collaboration va se poursuivre un peu plus tard lorsqu'on lui proposera de réaliser son tout premier long-métrage, UNE MESSE POUR DRACULA. Peter Sasdy a aussi des contacts avec la communauté hongroise installée en Grande Bretagne dont le producteur Alexander Paal. Ce sont les deux hommes qui ont l'idée d'adapter la fameuse histoire de la Comtesse Bathory et ils proposent l'idée à la Hammer Films. Tout est réuni pour mettre en place une histoire horrifique dans la grande tradition du cinéma gothique. Toutefois, entre les intentions des producteurs et l'idée que se fait Peter Sasdy de son film, il y a un gouffre. Il faut dire que même si le réalisateur va réaliser pas mal d'histoires d'épouvante, c'est un genre qui ne l'attire pas plus que ça. L'ambition du cinéaste est donc de livrer un drame historique ! De son côté, Alexander Paal est bien conscient qu'il doit livrer un métrage d'horreur à la Hammer Films. Ce différent artistique, les deux hommes l'exprimeront lors de nombreuses et virulentes altercations pendant le tournage. COMTESSE DRACULA ne s'est donc pas fait dans une grande sérénité !
La vision de COMTESSE DRACULA reflète finalement assez bien le peu d'enthousiasme de Peter Sasdy à tourner des séquences sanglantes. D'ailleurs, le film se rapproche dès lors bien plus de RASPOUTINE, LE MOINE FOU, autre évocation d'un personnage historique, que des films de vampires produits par la Hammer Films. Néanmoins, COMTESSE DRACULA n'a pas le même aspect flamboyant que le métrage de Don Sharp qui était, de plus, porté par la prestation habitée de Christopher Lee. Surtout que l'intrigue de COMTESSE DRACULA verse dans le mélodrame, flirtant avec le vaudeville. Le tout n'est pas aidé par la mise en image de Peter Sasdy qui manque cruellement de nervosité. Heureusement, le film a la chance d'avoir installé ses caméras dans les décors abandonnés par une grosse production de la Universal qui venait d'être tourné aux studios Pinewood. COMTESSE DRACULA va ainsi gagner une certaine ampleur en recyclant les décors de ANNE DES MILLE JOURS. Il en va de même pour les costumes qui donnent à cette production Hammer Films un aspect relativement fastueux !
Autre qualité de COMTESSE DRACULA, la pulpeuse Ingrid Pitt s'en donne à cœur joie en interprétant un personnage dont la personnalité change en fonction de ses transformations. La comédienne assure aussi une grande partie de la caution érotique de COMTESSE DRACULA en exposant des décolletés plus que suggestifs ou encore en se dévoilant totalement nue lors du plus mignon bain de sang jamais vu à l'écran. Ingrid Pitt s'étonnera de cette retenue en ce qui concerne les effets sanglants pour un film sensé dépeindre les horreurs et abominations perpétrées par la véritable Erzsebet Bathory. Même la Rank, distributeur en Grande Bretagne qui finance en partie le métrage, exprimera sa déception concernant le contenu horrifique de COMTESSE DRACULA mais aussi, un peu plus tard, LA FILLE DE JACK L'EVENTREUR du même réalisateur. Pour donner la réplique à Ingrid Pitt, on retrouve Nigel Green, un vétéran du cinéma britannique dans un rôle où il n'a pas forcément l'occasion de vraiment briller. De son côté, Maurice Denham joue un bibliothécaire un poil humoristique. On retrouvera d'ailleurs ces touches étrangement comiques dans un contexte plutôt sordide avec un geôlier muet. Ce dernier retient ainsi prisonnière la jeune Lesley-Anne Down au début de sa carrière. Enfin, le film met aussi en scène un héros naïf et bêtement manipulé. Il est joué par un autre expatrié hongrois, Sandor Elès, qui avait déjà joué dans L'EMPREINTE DE FRANKENSTEIN. Ici, il se montre particulièrement décevant avec sa fausse moustache. Alors qu'il est le seul comédien hongrois de la distribution, il est le moins convaincant dans ce film. Il est d'ailleurs le seul à avoir un léger accent lorsqu'il s'exprime alors que tous les autres comédiens parlent dans un anglais très londonien. En réalité, Ingrid Pitt avait aussi donné un accent à son personnage mais, curieusement, Peter Sasdy prendra le parti de faire doubler son personnage ! Se faisant, le cinéaste se mettra à dos une personne de plus ce qui ne l'empêchera pas d'embrayer sur LA FILLE DE JACK L'EVENTREUR, toujours pour la Hammer Films.
COMTESSE DRACULA était disponible depuis très longtemps en DVD. Il existait ainsi un double programme aux Etats-Unis reprenant les deux films tournés par Ingrid Pitt pour la Hammer Films. Si COMTESSE DRACULA y était présenté dans un transfert 4/3, il avait l'avantage de respecter le format cinéma 1.66 d'origine. De plus, ce disque américain, édité par MGM, disposait d'un commentaire audio. Un peu plus tard, un DVD français assez basique avait été distribué avec un transfert 16/9 au format 1.77, rognant légèrement l'image en haut et en bas. Contrairement au CLUB DES MONSTRES qui nous est présenté dans cette collection pour la première fois dans son format cinéma (ou en tout cas approchant), le nouveau transfert en haute définition de COMTESSE DRACULA cadre en 1.77, oubliant une petite partie de l'image en haut et en bas. Voilà qui est dommage surtout que l'on peut regretter, une nouvelle fois dans cette collection, le fait de nous proposer une image en 1080i/50hz au lieu d'une image progressive qui aurait pu respecter le défilement original de la pellicule. Si l'on met de côté ces soucis, l'image en haute définition apporte un véritable plus par rapport aux DVD précédents. Cela se retranscrit surtout par une image plus détaillée et plus précise. Il faudra noter que la qualité varie en fonction des séquences. Certaines scènes ont à l'évidence une image intentionnellement adoucie alors qu'on pourra découvrir quelques plans affichant un grain très proéminent. Mais tout cela fait partie du film à l'origine... COMTESSE DRACULA n'étant jamais sorti dans les salles en France, il n'y a pas, à notre connaissance, de doublage français.
[ndlr : Malgré ce qui est écrit, il a été confirmé depuis que le film est bel et bien sorti en salles en France et qu'il disposait d'un doublage français]
Le Blu-ray, ainsi que le DVD qui se trouve dans la même boîte, ne présente donc le film qu'avec une piste anglaise en DTS HD Master Audio épaulée par une traduction française sous la forme d'un sous-titrage. La piste audio est claire et sans défaut et affiche un mono, encodé sur deux canaux et sans esbroufe.
En complément, on trouve la bande annonce de COMTESSE DRACULA ainsi que celle du CLUB DES MONSTRES mais aussi de la collection dont sont issus ces films. Une petite galerie de photos permet de voir des clichés du film ainsi qu'une affiche. Mais la partie la plus informative est une présentation d'un peu plus d'un quart d'heure et assurée par Alain Schlockoff, rédacteur en chef de l'Ecran Fantastique. Il nous livre quelques surprenantes anecdotes à propos d'Ingrid Pitt et remet le film dans son contexte. Si l'on peut regretter de ne pas retrouver le commentaire audio du disque américain, donnant la parole à Peter Sasdy et dans une moindre mesure Ingrid Pitt, saluons tout de même l'initiative de l'éditeur de produire spécialement pour l'occasion cette présentation.