Depuis une vingtaine d'années, l'équipage du Dark Star poursuit son errance dans la galaxie, passant d'un système solaire à un autre. Les astronautes continuent ainsi de détruire des planètes dont l'orbite est jugée instable, ce qui pourrait provoquer dans un avenir très lointain une catastrophe spatiale. Une mission de longue durée à l'intérêt très relatif qui commence à peser sur le moral de l'équipage et la fiabilité des installations...
John Carpenter fait partie des grands noms du cinéma fantastique puisqu'il nous a donné, entre autres, HALLOWEEN, NEW YORK 1997, THE THING ou encore L'ANTRE DE LA FOLIE. Mais bien avant de signer ses œuvres les plus mémorables, le jeune cinéaste expérimentait au sein de la School of Cinematic Arts de l'University of South California comme l'avait fait avant lui George Lucas ou John Milius. Dans ce cadre, il participe à divers courts-métrages et décide de se lancer dans la création d'un petit film de science-fiction en compagnie de Dan O'Bannon. Mais ce qui aurait dû être un court-métrage d'étudiants va devenir le premier long-métrage de John Carpenter. La genèse du film prend quelques côtés rocambolesques puisque le cinéaste vole ce qu'il a déjà tourné au sein de l'école pour financer le métrage de manière privée. Se faisant, le court-métrage va prendre de l'ampleur pour atteindre une durée plus adéquate pour les grands écrans des cinémas. Le pari reste des plus audacieux en raison des moyens mis en œuvre. DARK STAR situe son action à bord d'un vaisseau spatial errant à travers la galaxie. Dans la première partie des années 70, les effets spéciaux n'ont rien de numérique et il faut donc faire preuve d'une grande ingéniosité pour filmer le quotidien d'un équipage d'astronautes ! Evidemment, pour revoir DARK STAR aujourd'hui, il faut garder à l'esprit l'origine du film et les contraintes techniques de l'époque. En effet, de nos jours avec l'essor de la vidéo et du numérique, il devient bien plus facile de proposer des effets spéciaux crédibles. Et, crédible, ce n'est peut être pas le terme que l'on peut employer en visionnant DARK STAR quarante ans après sa réalisation !
Avec un budget minuscule, DARK STAR est techniquement inégal. Certains passages avec la maquette du vaisseau font illusions alors que le décor de la salle de contrôle est plutôt réussi. Difficile d'en dire autant d'autres passages du film dont certaines astuces paraissent bien trop évidentes aujourd'hui. Néanmoins, c'est peut être un côté plaisant que le film a pu gagner avec les années. En redécouvrant le film, on décèle plus facilement les astuces de réalisation comme le passage dans la cage d'ascenseur. Le film devient la preuve de la créativité et de la combativité d'une équipe de tournage à une période où la création cinématographique est bien moins évidente qu'aujourd'hui.
Si DARK STAR a une importance historique, il apparaît aujourd'hui difficile d'aborder le métrage comme un simple film de divertissement. En effet, que ce soit dans sa version cinéma ou bien le montage d'origine, plus court, le métrage est très inégal. Quelques idées sont plutôt amusantes à l'instar de la difficile argumentation entre un astronaute et une bombe intelligente. De même, quelques séquences deviennent absurdes avec, par exemple, un étrange extraterrestre. Mais sur la longueur, cette comédie de science-fiction n'a rien de vraiment hilarant et étire même certains passages à outrance comme le passage de l'ascenseur. DARK STAR met tout de même en place une vision moins glorieuse de la conquête spatiale. Son équipage poursuit une mission destructrice alors qu'ils ressemblent à des hippies dont le plus gros problème est le manque de papier toilette à bord du vaisseau. Nous sommes bien éloignés du glamour de PLANETE INTERDITE ou, pour un aspect plus réaliste, de 2001 L'ODYSSEE DE L'ESPACE. C'est d'ailleurs du côté de Kubrick que l'on notera de grosses similitudes avec DARK STAR. L'échange avec une intelligence artificielle n'est ainsi pas sans rappeler 2001 alors que l'épilogue à un côté DOCTEUR FOLAMOUR.
Si à l'époque de sa sortie le film ne va pas rencontrer le succès, il n'en reste pas moins que DARK STAR se fera tout de même remarquer et il influencera même quelques personnes que ce soit d'un point de vue visuel ou bien dans sa mise en place. Des équipages de vaisseau spatial à la mission nébuleuse, on en trouve par exemple à la télévision dans OBJECTIF NUL ou bien RED DWARF. On peut même s'amuser à faire quelques parallèles avec ce que l'on verra quelques années plus tard dans LA GUERRE DES ETOILES de George Lucas avec le passage en hyperespace ou bien une base spatiale qui détruit des planètes et portant le nom de «Death Star». Mais avec DARK STAR, l'aventure spatiale va prendre un aspect moins rutilant et plus sale comme viendra le prouver quelques années plus tard l'équipage et les décors de ALIEN... scénarisé par Dan O'Bannon !
Carlotta propose de redécouvrir DARK STAR au travers d'une édition DVD ou bien d'un Blu-ray. Sur ce dernier, on peut voir et revoir le film en haute définition. Revoir la version cinéma mais aussi découvrir un «Director's Cut» bien plus court. Ce dernier gomme surtout deux passages, une sorte de tempête spatiale et une tranche de vie se déroulant à l'intérieur du dortoir du vaisseau. Etant donné que cette édition nous propose les deux versions, ce sera à chacun de se faire une opinion sur le montage qu'il préfère. Les deux sont présentés en haute définition avec des transferts 1080p/24. Néanmoins, il est bon d'être prévenu, DARK STAR est un film réalisé à l'économie et tourné à l'origine en 16mm puis gonflé en 35mm. De fait, l'image n'est pas ce que l'on a pu voir de plus beau en Blu-ray. Toutefois, même si de nombreux passages ont une résolution évanescente, en raison des conditions de tournage, DARK STAR gagne tout de même à être vu en haute définition.
Le Blu-ray dispose de trois pistes sonores. Le doublage français ainsi que la version originale en mono d'origine. Les deux ne font pas de miracle mais se montrent très satisfaisantes. La troisième piste audio est un nouveau mixage 5.1 de DARK STAR mais seulement pour la version originale. Bon, soyons honnête, cette piste à plusieurs canaux n'a rien de mirobolant et reste très sobre. Néanmoins, elle s'avère plus agréable à l'écoute que la piste mono d'origine. Quoi qu'il en soit, l'éditeur nous donne de toutes façons le choix, une fois de plus !
Le gros intérêt des éditions DVD et Blu-ray de DARK STAR par Carlotta, c'est de nous proposer un long documentaire sur la création du film. Près de deux heures en compagnie des comédiens, du producteur Jack H. Harris, de Tommy Lee Wallace ou encore Jeff Burr qui se remémorent l'aventure DARK STAR. On retrouve aussi Dan O'Bannon dans sa dernière interview, le cinéaste étant décédé avant la finalisation du documentaire. Quant à John Carpenter, il n'est présent qu'au travers d'une interview audio, ponctuant une grande partie du documentaire. Une interview qui n'a pas été réalisé pour ce documentaire car le réalisateur a refusé d'y participer puisqu'il ne garde pas un bon souvenir de DARK STAR. En audio seulement, il y a aussi des interventions de Ron Cobb sans que l'on ne sache vraiment pour quelle raison il n'apparaît pas à l'image. En tout cas, pour une fois, il s'agit donc d'un véritable documentaire qui ne va pas manier la langue de bois. Distillant des anecdotes amusantes ou étonnantes, LET THERE BE LIGHT : THE ODYSSEY OF DARK STAR se suit avec un grand plaisir… Peut être même plus que la vision du film lui-même ! Après un tel documentaire, il était difficile d'ajouter plus. Certaines éditions disposent de quelques interviews supplémentaires mais, à vrai dire, il apparaît clair que tout est déjà dit ici. En complément, on trouve la bande-annonce du film ce qui vient clôturer une édition vidéo à acquérir d'urgence si l'on apprécie le cinéma de John Carpenter et la science-fiction au cinéma !