Après son retour au Kansas, Dorothy a repris sa vie auprès de sa tante et de son oncle. Mais à force de parler sans arrêt de ses amis qui résident dans le monde merveilleux d'Oz, ses parents se posent des questions et décident de la faire examiner par un médecin spécialisé dans les troubles psychologiques...
Lyman Frank Baum fait paraître Le Magicien d'Oz au tout début du XXème siècle et ce livre pour enfant va connaître rapidement un certain succès. Au point que l'écrivain sera amené à en proposer plusieurs suites. Sous la plume de Lyman Frank Baum, l'univers d'Oz s'enrichit de plus d'une douzaine de livres. Après son décès, Oz va continuer son chemin et c'est une trentaine d'ouvrages supplémentaires qui vont faire perdurer le monde imaginaire. Dans l'intervalle, le théâtre puis le cinéma s'emparent d'Oz. Et, jusqu'en 1939, on dénombre une dizaine d'adaptations cinématographiques dont un WIZARD OF OZ où Oliver Hardy interprète le bûcheron de fer blanc. Mais l'année 1939 marque un tournant puisque LE MAGICIEN D'OZ va s'imposer comme une œuvre culte. A tel point qu'il faudra attendre une bonne vingtaine d'années avant que la télévision américaine et le cinéma ne cherchent à se confronter à la comédie musicale tournée dans un glorieux Technicolor par Victor Fleming.
Au milieu des années 50, le livre original tombe dans le domaine public mais ce ne sera pas le cas des nombreuses suites littéraires. C'est d'ailleurs à ce moment là que Disney fait l'acquisition des droits d'adaptations de tous les livres dédiés à l'univers d'Oz (à l'exception, évidemment, du premier). Il faut dire que Walt Disney s'était déjà intéressé au livre de Lyman Frank Baum dès les années 30 mais avait été devancé par MGM et donc LE MAGICIEN D'OZ. Si les droits des livres d'Oz sont dans les mains de Disney, il ne se passera rien avant les années 80. Le studio laissera ainsi le champ libre à des séries et films d'animation, américains ou japonais, qui proposent de nouvelles adaptations du livre original ou proposant des histoires dérivées. Au début des années 80, alors que Disney est sur le point de perdre les droits des livres, un hasard va déclencher la production de OZ, UN MONDE EXTRAORDINAIRE. Lors d'une rencontre informelle entre Disney et Walter Murch, ce dernier évoque l'univers d'Oz comme un projet évident pour la maison de production de Mickey. Il n'en faut pas plus pour que Disney confie très rapidement l'écriture du film ainsi que sa réalisation à Walter Murch. Surprenant puisque le cinéaste n'est pas réalisateur et qu'il n'a encore mis en scène aucun film. Mais il s'avère qu'il est un proche de George Lucas et Francis Ford Coppola. Il a ainsi souvent travaillé sur la partie sonore ou le montage des films de Coppola et il a aussi cosigné le scénario de THX 1138 avec Lucas avec lequel il faisait ses études de cinéma. De plus, il vient de faire quelques travaux sur le son du DRAGON DU LAC DE FEU pour Disney.
Il n'en reste pas moins que le cas de Walter Murch reste particulier. Il a fait une école de cinéma aux Etats-Unis et a étudié l'Art à Paris. Il cite volontiers Godard, Truffaut, Fellini, Kurosawa ou Kubrick comme les cinéastes qui l'ont vraiment marqué. Des influences qui semblent très éloignées du cinéma pour enfant ou encore de Disney. Au final, on peut même dire que OZ, UN MONDE EXTRAORDINAIRE manque d'envergure, donnant l'impression de découvrir un métrage aux allures de téléfilms. Il faut tout de même se replacer dans le contexte d'origine. Au milieu des années 80, les effets numériques ne permettent pas les merveilles d'aujourd'hui Mais, surtout, le film va connaître des soucis de production. Walter Murch demande à ce que Gary Kurtz, l'un de ses amis, s'occupent de la production du film avec un budget de 20 millions de dollars. La pré-production est lancée, on auditionne 1000 gamines dans huit villes américaines de manière à trouver la digne remplaçante de Judy Garland qui interprétait Dorothy dans LE MAGICIEN D'OZ. L'heureuse élue est une inconnue, Fairuza Balk qui, à neuf ans, n'en est qu'au début de sa carrière. Pas mal de monde commence à travailler sur le design des décors et des créatures. Disney connaît alors un changement dans l'équipe de direction. Richard Berger remplace Tom Wilhite qui avait lancé le projet. Du coup, avec un budget qui commence déjà à enfler par rapport aux estimations de départ, Richard Berger décide de stopper la production. Ses craintes sont de faire face à des dépassements de budgets incontrôlés comme ce fut le cas de LA FOIRE DES TENEBRES. Surtout que Richard Berger voie d'un mauvais œil les ambitions de Gary Kurtz qui planifie des tournages en Algérie, Sardaigne, Angleterre, Espagne, Kansas et Canada. Pour que le film se fasse, il faudra faire des concessions et après délibérations, le projet est maintenu à la condition que le film ne dépasse pas 25 millions de dollars de budget, que le tournage soit réalisé entièrement en Grande Bretagne et que Gary Kurtz soit un peu mis de côté. Tout devrait donc reprendre sans heurt mais Walter Murch va avoir pas mal de problèmes avec celui qui a pris la place de Gary Kurtz. Le producteur Paul Maslansky s'opposera assez souvent au réalisateur. Jusqu'à provoquer le renvoi de Walter Murch dès que le réalisateur a prend une semaine de retard sur le planning de tournage. Et ce qui est déjà en boîte, la partie la plus dépressive du film, n'inspire carrément pas confiance aux pontes de Disney qui ne peuvent qu'entériner le renvoi du cinéaste. Néanmoins, Walter Murch retrouvera assez vite son rôle de réalisateur puisque plusieurs des célébrités vont venir exprimer leur mécontentement à propos de son éviction. Et pas des moindres puisque George Lucas, Steven Spielberg, Philip Kaufman ou encore Francis Ford Coppola viendront apporter leurs soutiens à Walter Murch. La bataille avec Paul Maslansky prendra fin lorsque celui-ci décidera de quitter le navire pour partir s'occuper d'un film plus «prometteur» à ses yeux, POLICE ACADEMY 2. Dans le même temps, Disney connaît un nouveau changement de direction et les nouveaux dirigeants sont plutôt dubitatifs vis à vis de OZ, UN MONDE EXTRAORDINAIRE qui n'est toujours pas fini, pas mal d'effets spéciaux étant toujours manquants, particulièrement ceux du Roi des Nomes et de ses sbires. Une nouvelle fois, George Lucas viendra calmer les esprits de manière à ce que le film puisse être terminer sereinement. Mais il apparaît évident que OZ, UN MONDE EXTRAORDINAIRE n'est probablement pas, à l'arrivée, le film que Walter Murch avait en tête à l'origine !
Si l'on peut voir OZ, UN MONDE EXTRAORDINAIRE comme une suite du MAGICIEN D'OZ, en réalité, ce n'est pas vraiment le cas. Les deux films sont très éloignés l'un de l'autre. OZ, UN MONDE EXTRAORDINAIRE paraît bien terne en cherchant à adopter une photographie plus réaliste. C'est probablement l'une des raisons qui donne au film son côté un peu télévisuel. Le manque de couleurs ou bien les décors qui n'ont aucune ampleur tirent irrémédiablement vers le bas ce qui aurait dû être une fantaisie de tous les instants. Walter Murch prend aussi la décision de coller plus aux livres originaux qu'au film qui est devenu, dans l'inconscient collectif, le véritable MAGICIEN D'OZ. Pourtant, OZ, UN MONDE EXTRAORDINAIRE prend d'énormes libertés avec les livres d'origine. Plutôt que s'atteler à une adaptation littérale de l'un des ouvrages originaux, Walter Murch va puiser dans différentes histoires. L'intrigue emprunte donc à The Marvelous Land of Oz, Ozma of Oz et The Emerald City of Oz. De plus, certains personnages sont extraits d'autres livres pour y être implanté dans le film comme Tik-Tok. On peut très facilement imaginer que cet automate un peu pataud a probablement été matérialisé là de manière à inclure un robot, rappelant de très loin les droïdes de STAR WARS. Le design de certains des personnages originaux, comme l'épouvantail ou le lion, sont aussi très éloignés du MAGICIEN D'OZ de 1939. Enfin, il n'y a pas de chanson ou de chorégraphie dans OZ, UN MONDE EXTRAORDINAIRE ce qui finit de rendre le film très statique. Pour une aventure délirante dans un monde merveilleux, cela s'avère plutôt décevant. En particulier lors du passage avec les vilains équipés de roulettes. Si ces personnages font penser un peu au design général de CAPTAIN EO, le résultat se montre peu probant voire même un peu ridicule. En particulier lorsqu'ils accompagnent une sorcière sur son carrosse. Il en va de même du Roi des Nomes dont les effets spéciaux varient du surprenant au réellement raté. Et même risible lorsque celui-ci chausse les souliers de rubis de Dorothy. Les souliers, justement, ce sont les seuls liens avec LE MAGICIEN D'OZ de Victor Fleming. Et pour cause, dans les livres, les souliers sont en argent et ont été changés pour tirer parti du Technicolor et donc du rouge flamboyant des rubis. On ne peut pas dire que OZ, UN MONDE EXTRAORDINAIRE soit vraiment enthousiasmant dans sa manière de porter à l'écran l'univers magique d'Oz. Pour être émerveillé par une poule qui parle, un lit volant ou un "homme" à tête de citrouille, il faudra donc être très jeune. En théorie...
La première partie du film, se déroulant au Kansas, semble plutôt osé pour un film à destination des enfants. A la même période, Disney tentait de produire des films plus sombres. Ce sera le cas de LA FOIRE DES TENEBRES, LES YEUX DE LA FORET, LE DRAGON DU LAC DE FEU ou encore TARAM ET LE CHAUDRON MAGIQUE. Mais dans le cas de OZ, UN MONDE EXTRAORDINAIRE, cela ne fonctionne pas du tout. La première partie du film se montre même très déprimante avec des adultes qui remettent en question l'imagination débordante d'une petite fille. Pour la guérir, on l'envoie même dans un hôpital psychiatrique pour la traiter à coup d'électrochoc. A la limite de l'épouvante, le début de OZ, UN MONDE EXTRAORDINAIRE donne le ton. La suite se montrera plus enfantine en dehors de quelques idées très étranges comme des têtes interchangeables ou la manière dont est filmé, tout en suggestion, le début de l'épreuve du Roi des Nomes. Voilà donc un métrage extrêmement étrange dans sa manière d'aborder le cinéma enfantin. Sombre, par moment très niais mais surtout formellement loupé et en grande partie très laid, OZ, UN MONDE EXTRAORDINAIRE ennuie plus qu'il ne divertit. Le métrage conserve tout de même un aspect ambigu en ce qui concerne Oz et laisse planer le doute. On peut aisément imaginer que la petite Dorothy s'invente un monde meilleur ainsi que des amis imaginaires, certains comédiens ont ainsi des rôles doubles, apparaissant dans notre univers et celui d'Oz. Mais tout cela n'apparaît qu'en filigrane et le métrage oublie, finalement, de narrer une histoire avec un véritable sens et se montre peu utile !
Pas de surprise de découvrir que pour Disney, ce OZ, UN MONDE EXTRAORDINAIRE n'est manifestement pas une priorité. Aux Etats-Unis, le film est tout d'abord sorti chez un autre éditeur. Anchor Bay avait produit une interview de Fairuza Balk de manière à faire parler l'actrice de son expérience à propos du film. Et cette interview fut reprise plus tard lorsque Disney a sorti sa propre édition DVD. Par contre, en France, le métrage est sorti dans une collection minimaliste où se croisent des métrages tels que LE DRAGON DU LAC DE FEU, L'ORDINATEUR EN FOLIE ou LES VISITEURS D'UN AUTRE MONDE. Une collection française qui oublie toute idée de supplément, contrairement aux Etats-Unis, et qui fut distribué discrètement à destination de la grande distribution.
Le DVD français de OZ, UN MONDE EXTRAORDINAIRE va droit à l'essentiel. On peut y voir le film dans plusieurs langues et avec plusieurs sous-titrages. Rien de plus ! L'image propose un transfert 16/9 au format cinéma. Dès les premières secondes du film, on obtient une image peu engageante et contenant pas mal de défauts de pellicule. Mais, en réalité, par la suite, la qualité s'avère finalement très satisfaisante. Pour le son, la version originale et la piste française sont encodée sur deux canaux. Dans le cas de la version anglaise, il s'agit d'une piste Dolby Surround que l'on peut décoder en ProLogic de manière obtenir des effets d'ambiance plus ample. Cela s'avère néanmoins assez anecdotique. Mais on notera que Disney n'a pas repris le mixage 6 pistes et pour lequel des copies du film avait été gonflé en 70mm. C'est d'ailleurs la seule raison pour laquelle le film, tourné en 35mm à l'origine, avait été converti dans un format de pellicule supérieur. Les deux DVD américains proposaient justement des pistes 5.1 bizarrement absente de ce disque français. La piste française se montre quant à elle plutôt plate.