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Critique du film
EL LIMPIADOR 2012

 

EL LIMPIADOR est la première réalisation d'Adrian Saba, jeune metteur en scène exerçant au Pérou, pays peu connu de notre côté pour sa cinématographie fantastique ! Il a réuni son budget grâce à des bonnes volontés convaincues sur internet, puis a tourné son long métrage rapidement, avec des moyens réduits.

Dans une ville ravagée par une épidémie mortelle, Eusebio, homme discret, exerce la morne profession de nettoyeur. Il désinfecte les lieux où sont retrouvés les cadavres des contaminés, parfois un appartement, parfois un restaurant ou un trottoir. Solitaire et effacé, il mène sa vie au gré d'une routine peu entraînante, jusqu'à ce que sa route croise celle d'un petit orphelin qu'il recueille le temps de retrouver sa famille.

De 28 JOURS PLUS TARD à INFECTES en passant par les RESIDENT EVIL ou DOOMSDAY, la hantise d'une épidémie mondiale parcourt le cinéma d'anticipation ces dernières années. Les images d'une civilisation sombrant dans le chaos, de grandes cités décrépies et peuplées de contaminés en tous genres reviennent régulièrement sur nos écrans. Cela dit, EL LIMPIADOR adopte un ton différent. Si son épidémie semble très grave, elle ne paraît affecter que le pays où se déroule l'action, si l'on en croit les propos tenus par un médecin.

Eusebio se trouve au centre de la tragédie puisque sa profession lui fait parcourir tous les endroits où sont retrouvés les défunts. Terne, effacé, il semble se définir seulement par son travail, arpentant une ville quasiment déserte au gré d'appels téléphoniques lui demandant d'effectuer sa besogne à tel ou tel endroit. Ses loisirs se limitent à un morne zapping nocturne, dans un petit appartement chichement meublé, au gré d'un rituel quotidien dénué de chaleur. S'il traverse l'épidémie sans qu'elle le contamine, il n'en est pas moins une sorte de mort-vivant.

Sa vie est bousculée par sa rencontre avec un petit garçon traumatisé par la mort de sa mère. Peu habitué à cette compagnie, effaré par cette responsabilité, Eusebio met tout en oeuvre pour retrouver la famille de l'enfant. Mais comme passent les jours, il noue une relation d'affection avec l'intrus. Il se révèle à lui-même une part de sa personnalité qu'il ignorait, une fibre paternelle qui, en dépit d'une toile de fond mortifère, apporte chaleur et vie à son quotidien.

Le film à l'ambiance sinistre se tourne alors discrètement vers un ton doux, non dénué de touches d'humour pince sans rire, partant de la situation classique du vieux garçon se retrouvant père malgré lui, à l'instar d'un Charlot dans THE KID ou d'un Kitano dans L'ETE DE KIKUJIRO. Si la tendance dominante du film d'épidémie est de nous exposer des cadavres suintants ou les stigmates de maladies dégoutantes, EL LIMPIADOR ne donne pas dans cette facilité. Les symptômes se limitent à une toux violente et nous ne verrons passer qu'un seul cadavre, dissimulé sous une housse hygiénique. La mort ne se manifeste pas par la présence des malades, mais bien par l'absence des vivants, dans les rues désertes, dans les monuments vides, sur les plages abandonnées.

Filmé dans un style dépouillé, succession de plans fixes qui ne dépareilleraient pas chez un Bresson ou un Kaurismaki, économe sur les dialogues, EL LIMPIADOR adopte un ton a priori froid et désincarné, ne caressant pas le spectateur dans le sens du poil. Mais la chaleur dégagée par son histoire et le tandem de ses deux personnages attachants lui apportent de la vie et de l'intérêt. Certes, sa mise en scène n'est pas dénuée d'exigence, il souffre de quelques longueurs, les images se montrent parfois atones, mais EL LIMPIADOR n'en reste pas moins une forme de cinéma d'anticipation différente ainsi qu'un joli petit film venu d'ailleurs.

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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