Le Marché du Film de Cannes 2012 a été le théâtre de quelques atteintes au système nerveux de votre serviteur. Des sujets qui se ressemblent tous, des attentes interminables avant qu'il ne se passe quelque chose sur l'écran, des acteurs pénibles. Et des produits médiocres. La production anglaise BEFORE DAWN, réalisé et joué par Dominic Brunt, est le parfait exemple des choses dont le spectateur médusé a pu être témoin à répétition.
Un couple au bord du divorce (Dominic Brunt et Joanne Mitchell) loue un cottage perdu au fond de la campagne anglaise afin de se ressourcer. Elle, femme d'affaire sportive clouée à son BlackBerry. Lui, anglais ventripotent au chômage porté sur la bouteille. Et ô surprise, en faisant son jogging, elle croise un zombie. Et comme une conne, elle se fait mordre. Trop bête.
Deux des trois sujets rabâchés pendant cette édition 2012 du Marché du Film font irruption ici : le zombie et le couple au bord de la crise. A la rigueur, si tout cela était traité avec une once d'originalité ou d'intelligence, on en prend son parti et on peut (à la rigueur) apprécier. Ici, non. Il faut tout de même attendre la 36ème minute avant qu'il ne se passe quelque chose. Une ombre furtive passe devant l'écran. Comprendre : une menace éventuelle. Puis la 50ème minute avant de voir le premier zombie qui hurle très distinctement «Rhaaaaaaaaaaaa» en courant après l'héroïne. Et là, c'est plié. Il aura fallut subir des tunnels de dialogues hésitants, de ramassis de clichés sur le couple en crise, d'allers et venues entre le salon et la chambre à coucher pour comprendre que madame, qui a été trompée, ne veut plus coucher avec monsieur. Pour en arriver à un misérable zombie spécialiste de la course de fond et qui débarque comme par magie dans le récit, comme pour réveiller une assistance assoupie. Ou peut-être qu'à force de se retenir depuis plus de trois quart d'heure, il fallait qu'il s'exprime ? 50 MINUTES POUR FAIRE APPARAITRE UN ZOMBIE DANS UN FILM QUI PARLE D'UNE INVASION DE ZOMBIES, CA FRISE L'ESCROQUERIE !
Pourtant, la première scène laissait augurer plus de punch à voir l'héroïne cogner son punching ball, se donner dans la salle de sport jusqu'à l'épuisement. Le montage alterne avec un homme en train de faire ses courses. A priori, rien ne les rassemble. Cela pointe même un renversement des rôles : la femme hyperactive, sportive, branchée à son boulot. L'homme qui s'occupe des tâches ménagères. Bon, ça n'est pas nouveau, LE DECLIN DE L'EMPIRE AMERICAIN démarrait de la même manière en 1986. Mais quand même, on pouvait espérer... et bien non.
Une fois le zombie dans la place et la bourgeoise mordue, le film va suivre un schéma réglé comme du papier à musique. Première attaque dans le garage par des créatures baveuses de sang survitaminées et hurleuses. CA N'EN FINIT PAS ! Le mari valeureux déploie toute son énergie pour repousser l'attaque, mais la scène dure, dure, dure... Il se cache sous la voiture, frappe de grands coups, court autour du véhicule, frappe de grands coups, se réfugie sous la bagnole, se fait tirer par les pieds par un second zombie, frappe de grands coups... A croire qu'on n'en verra jamais la fin. Tout comme le film, d'ailleurs ! Car on a largement le temps de regarder sa montre pendant les 89 minutes du métrage. Et ce ne sont pas les alertes shaky-cam pour ponctuer l'action qui réveilleront qui que ce soit.
Le scénario restera ancré sur le cottage et l'irruption d'un troisième personnage qui conforte ce qu'on sait déjà depuis longtemps. A savoir assister à un avatar appauvri et à prétention dramatique de la ribambelle de films à la mode «parce que ça se vend bien». Car du zombie, on va encore en bouffer pendant longtemps. Hormis ce BEFORE DAWN, il faudra aussi se farcir ZOMBIBI, DEAD BEFORE DAWN, DETENTION OF THE DEAD, DEATH BITE... Tous sur le même mode, avec un degré d'humour plus moins important. Ici, de l'humour, il ne faut pas en attendre. Tout du moins il faut en avoir pour aller jusqu'au bout. Car chez DeVilDead, on est des warriors. Jusqu'au bout du générique, on reste. Quitte à se faire saigner les yeux. Et pour BEFORE DAWN, la cornée a été sérieusement écornée à travers une photographie naturelle et laide, des images peu soignées et surtout un format Scope extrêmement mal utilisé. Aucun sens du cadre, de la profondeur de champ. Du Scope pour la frime car ne développant que trop peu de choses pour ce type de format. BEFORE DAWN ne fait pas peur, ne provoque aucune émotion si ce n'est le fait d'avoir perdu son temps.
Moralité : «il vaut mieux ne pas tremper son biscuit ailleurs que dans le pot familial, ça peut permettre d'échapper à des zombies». Si cela avait au moins pu aussi éviter au réalisateur de commettre ce truc, on aurait été content.