Dans l'Ouest sauvage, un homme reprend ses esprits dans une zone désertique. Il ne se souvient plus de son nom, ne sait pas ce qu'il fait là et a manifestement été dépouillé de ses possessions. Pour comprendre ce qui lui est arrivé et découvrir qui il est, il va jusqu'à la petite ville la plus proche. L'endroit pourrait être un havre de paix mais les habitants vivent sous la domination d'un riche propriétaire terrien à qui l'on vient de voler une importante cargaison d'or. Pour compliquer les choses, il semblerait que des visiteurs d'un autre monde aient décidé de chasser les humains dans les parages...
Le Western, c'est un énorme pan de l'histoire et de la culture des Etats-Unis. Dès les débuts du cinéma et pendant plusieurs décennies, le genre va engendrer un nombre astronomique de Westerns alors qu'en parallèle la littérature continue de narrer des histoires de cowboys aux Etats-Unis. Avec la grosse production de métrages dédiés au genre, le Western va se décliner sous diverses formes : action, comédie, drame... Et, bien évidemment, on va assister à d'étranges associations comme dans THE PHANTOM EMPIRE, un serial des années 30 où des cowboys sont confrontés à des robots d'une civilisation disparue depuis des millénaires. On pourra encore noter dans le registre de la science fiction des histoires de voyages dans le temps (TIMERIDER ou RETOUR VERS LE FUTUR 3), l'apparition de dinosaures (THE BEAST OF HOLLOW MOUNTAIN et surtout LA VALLEE DE GWANGI) ou encore un parc d'attraction futuriste (MONDWEST) qui sont autant de manière de revisiter les racines de la culture américaine. Pourtant, la rencontre entre le Fantastique et le Western va surtout se faire dans le domaine de l'horreur, on trouve ainsi de bizarres rencontres : BILLY THE KID VS DRACULA, JESSE JAMES MEETS FRANKENSTEIN... Les histoires d'extraterrestre et, plus généralement de science-fiction, se font plus rares. On pourra évoquer ce type de thème dan des épisodes de séries télévisées comme LES MYSTERES DE L'OUEST. Mais il faut bien reconnaître qu'un métrage comme COWBOYS & ENVAHISSEURS a le mérite d'annoncer, dès son titre, un concept aussi enthousiasmant que finalement peu exploité à l'écran.
Les origines de COWBOYS & ENVAHISSEURS remontent à la fin des années 90 lorsque Scott Mitchell Rosenberg propose un projet de film se basant sur la seule idée de son titre. Après l'écriture d'un scénario par Steve Oedekerk, le projet va stagner durant plusieurs années. Au point que Scott Mitchell Rosenberg, éditeur de comics, va publier «Cowboys & Aliens» sous la forme d'une bande dessinée. Cette adaptation sur papier va relancer alors le projet d'un film de cinéma qui sera confié à Jon Favreau. Si le cinéaste a emballé un médiocre ELFE, il s'est rattrapé en réalisant le sympathique ZATHURA ou encore IRON MAN et IRON MAN 2. Le choix est plutôt bien vu puisque le Western s'inscrit dans un certain classicisme et Jon Favreau ne suit pas vraiment la tendance épileptique qui gangrène un peu le cinéma à grands spectacle depuis pas mal d'années. COWBOYS & ENVAHISSEURS va donc s'attaquer au Western de manière assez respectueuse. Ainsi, on retrouve pas mal des clichés ou bien les personnages typiques du genre. A un tel point que certains rebondissements semblent relativement gratuit comme l'adjonction d'une tribu indienne et donne l'impression de suivre un inventaire. L'idée pouvait sûrement fonctionner dans une bande dessinée mais s'avère bien moins convaincant dans le cadre d'un film de cinéma. De même, il faut reconnaître que la dernière partie du métrage déçoit par un manque d'ampleur et de cohérence. Même la fin du film, véritable cliché du Western, paraît très incohérente avec les motivations d'origine des personnages.
Heureusement, COWBOYS & ENVAHISSEURS nous donne tout de même ce que nous étions venus chercher. A savoir l'affrontement entre des hommes de l'ouest et des créatures venues d'ailleurs, le tout dans les décors propre au Western. Les deux premiers tiers du film sont ainsi plutôt bien fait et assez intrigant pour nous tenir en haleine. D'autant que COWBOYS & ENVAHISSEURS, malgré son titre assez gamin, se montre relativement sombre et violent. De quoi être surpris autant que par les deux têtes d'affiche utilisées ici à contre emploi. Difficile, en effet, d'imaginer jusqu'ici Daniel Craig en pistolero solitaire ou bien Harrison Ford dans le rôle qui lui est alloué ici. Ce dernier n'avait d'ailleurs tourné, avec un rôle notable, qu'un seul Western auparavant, la comédie UN RABBIN AU FAR WEST. Son personnage est d'ailleurs celui qui est le mieux travaillé au niveau de l'écriture même s'il s'agit d'une figure assez récurrente du Western à l'instar du rôle d'Anthony Quinn dans LE DERNIER TRAIN DE GUN HILL. Les autres protagonistes s'avèrent moins bien lotis à l'instar des seconds rôles pourtant interprétés par Sam Rockwell, Clancy Brown ou Keith Carradine.
Avec COWBOYS & ENVAHISSEURS, on tombe donc face à un spectacle plus ou moins inattendu. Dommage que le design des créatures ne soient pas un peu plus novateur ou que la bataille devant être le clou du film n'ait pas plus d'envergure. Le résultat à l'écran étant, sur ce dernier point, plutôt étrange. Il n'en reste pas moins que COWBOYS & ENVAHISSEURS est un spectacle sympathique et offrant un divertissement sans grande prétention. Quelque part, il est donc bien à l'image de son titre !
